La période d’essai de deux ans: une fausse bonne idée

Un tel titre peut surprendre ceux qui connaissent mes penchants pour la flexibilité du travail. Toutefois si je la trouve bonne sur le fond, la proposition de Dominique de Villepin d’instaurer une période d’essai de deux ans est on ne peu plus mauvaise sur la forme.
Et visiblement je ne suis pas le seul à  partager cet avis….

Je suis favorable au fait qu’une entreprise puisse adapter sa main d’oeuvre à  ses volumes d’affaire. Pour avoir vécu difficilement l’effondrement de certains secteurs alors que j’étais jeune diplomé, j’en garde certainement l’amertume de ne pas avoir eu la possibilité comme cela peut se faire dans d’autres pays de dire: »essayez moi vous n’avez rien à  perdre…au pire je fais mes valises quand le voulez, au mieux vous verrez bien que quitte à  faire le vide c’est moi que vous voudrez garder ». Mais je comprenais les cabinets qui se mettaient debout sur les freins alors qu’ils avaient des stocks de « juniors » sans mission qui tuaient le temps comme ils pouvaient. Bref…

Je trouve donc qu’il est économiquement logique (et sain) de pouvoir adapter son volume de main d’oeuvre à  ses besoins. Cela relève du simple bon sens si on y réfléchit bien. Par contre, si je ne m’abuse, la période d’essai est supposée servir à  valider les capacités d’un individu à  occuper son poste. Ceci m’inspire deux réflexions:
– je pense qu’on ne met pas 2 ans pour se rendre compte qu’une personne est capable ou non de remplir sa fonction. Si on la garde plus de 6 mois c’est qu’elle fait l’affaire, et après un an ou un an et demi on est peut être plus dans une logique de promotion.
– par ailleurs dans ce cas le motif de rupture de la période d’essai serait « incompétence professionnelle » alors qu’il s’agit d’une adaptation de l’entreprise à  son marché. Vous me direz que dans les deux cas la personne concernée se retrouve au chomage, mais le motif de rupture a un impact psychologique certain et gravissime dans ce cas. Même si on sait qu’on doit partir car l’entreprise n’a plus les moyens de nous conserver, je préfère que ce soit écrit noir sur blanc plutot que « incompétence » alors que je sais que le motif est faux.

Alors pourquoi ne pas avoir le courage de prévoir une rupture de CDI pour ce motif plutot que de déguiser ça en extention de période d’essai. Parce qu’une telle extension est politiquement correcte alors que flexibiliser le contrat pour motif économique semblerait insultant dans un pays ou libéralisme et flexibilité sont classés au rayon des pires insultes à  n’adresser qu’à  vos ennemis les plus chers.

Alors oui à  la rupture pour baisse d’activité, non à  l’exentention de la période d’essai. Simplement pour des raisons de bon sens, de respect, de franchise, et d’humanité.

Je rejoins à  ce sujet Olivier Davoust (l’observatoire du recrutement) qui propose une pétition allant dans ce sens et demandant au premier ministre de revenir sur cette extension de la période d’essai.. Un lien que je vous incite donc à  suivre, et une pétition à  signer et diffuser.

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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