Comment éviter que les notions émergentes ne troublent l’entreprise…et quelques mots sur le plaisir

Après une longue période dédiée à  la réflexion puis à  la mise en pratique, je me suis vite rendu compte (je pense que ça s’est ressenti dans mes précédents billets) que l’entreprise 2.0 (et tout ce qui est 2.0 par ailleurs) n’a de sens qu’intégré dans les schémas globaux pré-existants. Cela pour différentes raisons : une entreprise ne peut se permettre de n’être que formelle ou informelle, en termes de changement il est toujours utilise de sécuriser en rattachant la nouveauté par rapport à  un existant connu et maitrisé (même aux limites avouées..)…etc.

Dans cet ordre d’idée j’ai lu avec attention ce billet de Bill Ives qui synthétise diverses réflexions en la matière. Et il me semble que tout commence à  concourir vers une même direction : celle que j’évoque dans le paragraphe précédent.

Globalement tout n’est que bon sens mais fort appréciable à  mentionner : donner du sens aux outils par rapport aux pratiques des individus, commencer par les endroits de l’entreprise où ces pratiques sont désirées tant par les utilisateurs que les décideurs….et ne pas croire que les mêmes leviers permettront de répliquer dans l’entreprise certains succès obtenus à  l’extérieur car l’entreprise n’est pas le web (comme le disait d’ailleurs Dion Hinchcliffe sur Zdnet)

Au fait…et pourquoi l’entreprise est elle différente du web ?

Tout simplement parce que les moteurs des individus sont différents, et ce pour deux raisons : tout d’abord l’individu change de paradigme dès lors qu’il passe la porte du bureau, qu’on le désire ou non (l’occasion de ressortir un vieux billet de mes archives), ensuite parce que quand bien même ils le voudraient, c’est leur encadrement et le monde de l’entreprise en général qui les pousse à  s’aculturer (que cela soit positif ou non).

De fait, pour s’adapter à  chaque environnement, l’individu va choisir à  chaque fois un critère différent afin de légitimer ses comportements.

Qu’est ce qui a fait le succès du web 2.0 ? Les nombreuses possibilités d’intéractions, les interfaces riches, les APIs, les mashup…oui et non car ce ne sont que des moyens qui ont rendu possibles la quête de quelque chose d’autre. Je me suis livré à  un petit sondage improvisé au sein de ma « webosphère 2.0 » et finalement le mot qui revient le plus souvent est le « plaisir ». Parce que l’individu a plaisir à  échanger, plaisir à  « jouer » en intéragissant informellement via des interfaces plus ludiques que ce qu’on a connu jusqu’à  présent, plaisir à  surprendre les autres en dévoilant certains pans de de personnalité, plaisir à  retrouver de vieilles connaissances, plaisir à  garder le lien, plaisir à  trouver plein d’information sans trop de difficulté, plaisir enfin à  trouver des inconnus qui s’intéressent aux mêmes choses que lui et donc plaisir à  échanger avec eux.

Et j’ajouterai la cerise sur le gteau : j’arrête si je veux, quand je veux. Ou en tout cas, négligeant le phénomène addictif de la chose je le pense.

Vous comprenez bien qu’on ne puisse user du même moteur en entreprise. Dans ce contexte c’est « trouver les bonnes informations et les bons individus afin de réaliser les tches qui me sont assignées ». Quand bien même une certaine notion de plaisir serait ressentie à  créer des liens nouveaux et travailler de manière différente avec des outils nouveaux ça n’est pas un élément que les utilisateurs vont mettre en avant (et encore moins les décideurs) parce que ça n’est pas une valeur professionnelle, ou en tout cas pas quelque chose que l’on avoue en public. Je connais bien quelques « top managers » qui m’ont dit que de tels outils avaient « changé leur vie » (sic.) mais rares sont ceux qui assument à  ce point. Alors on revient au critère « politiquement correct » : « un bon outil pour faire mon job ». Remarquez cela tombe bien : ce sont de fabuleux outils pour qui l’information est la matière première de son travail quotidien et je préfère quand même que l’on retienne cet aspect. Et enfin : on a pas le libre arbitre d’arrêter quand on veut, de cesser de jouer le jeu si on ne peut plus.

Tout n’est pas perdu pour autant : si le moteur objectif change il restera tout de même une perception subjective qui facilitera l’adoption des outils et leur pérennité une fois que les liens avec les besoins quotidiens seront mis en place. Mais il faudra bien se souvenir que le levier premier sera purement lié à  l’opérationnel. Et puis nombreux sont ceux qui, à  divers endroits de l’entreprise, cherchent de faire en sorte que les collaborateurs aient plaisir à  travailler (productivité), à  utiliser les outils dans lesquels l’entreprise a investi (taux d’utilisation = rentabilité de l’investissement), ressentent les effets positifs de l’appartenance à  un groupe, à  une communauté (implication, motivation) et lutte contre le turnover. …Un jour, peut être, ceux là  discuteront avec ceux qui décident de la manière dont on travaille…

Beaucoup de points communs donc, dont tous ne sont pas exprimables officiellement.

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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