Réputation en ligne : un peu de régulation s’impose

La problématique est simple : avec la démultiplication des réseaux en ligne il devient pour le moins difficile de ne pas laisser de trace sur internet. D’ailleurs même si on ne laisse aucune trace d’autres peuvent en laisser pour vous en parlant de vous. Ca n’est pas le propos de cet article mais la question de la visibilité et de la réputation professionnelle au sein même des entreprises commence d’ores et déjà  à  se poser mais avec moins d’accuité : en interne on cadre davantage ses propos et l’hypervisibilité est plus un atout pour ceux qui savent s’en servir qu’une menace pour ceux qui la négligent.

A mon avis cette question n’aura plus lieu d’être dans quelques années : avec l’expérience cette gestion deviendra naturelle et les individus seront très attentifs à  ce qu’ils rendront visible, au bon « dimensionnement » de leur réseau et de leur périmètre selon l’objectif poursuivi, bref à  ne plus mélanger torchons et serviettes d’une part, et la serviette de la maison et celle de la cantine d’entreprise d’autre part.

Reste qu’avec l’état d’immaturité actuel d’une grande part des utilisateurs, nombre sont les casseroles qui trainent ça et là  (objectivement parlant, car subjectivement chacun assume le fait de dévoiler tel ou tel pan de sa personne peu importe l’opinion que les autres peuvent en avoir), et, pire encore, il reste les traces que les autres ont laissé pour nous.

Deux moyens de contrebalancer ceci : prendre soi même la parole et « noyer » les informations indésirables selon le sage principe qu’il vaut mieux que les conversations nous concernant aient lieu avec nous que sans nous, ou faire appel à  ce que j’appelle un « nettoyeur », activité dont je parlais ici il y a plus d’un an.

Je pensais ne pas avoir à  revenir sur le sujet mais il s’avère qu’il est revenu sous les feux de la rampe durant ce week-end.

Pour être bref, Jacques Froissant a écrit un article sur la « web reputation » ce qui lui a valu un courrier du propriétaire de la marque éponyme lui enjoignant de faire un lien vers leur site car, justement, ils étaient propriétaires de la marque. J’ai déjà  été sollicité pour des échanges de liens, mais cette forme là  me semble peu cavalière. Si on devait « lier » le propriétaire d’une marque à  chaque fois, une phrase telle que « ma clio étant en révision j’ai du prendre la RATP pour rejoindre Orly afin de prendre le vol Air France m’emmenant en vacances…. » dans un billet narrant les vacances d’un blogueur ressemblerait plus à  un supermarché qu’à  un journal personnel. Je ne m’étendrai pas sur l’obligation (pseudo ?) légale de faire un lien vers toutes les marques que l’on peut citer, mais davantage sur la manière dont de tels services peuvent apporter une vraie plus-value à  leurs clients.

Oublions le conseil aux individus pour les aider à  animer leur propre « marque personnelle » sur internet et concentrons nous sur le « nettoyage » de ce que disent les autres de nous.

1°) Cas numéro 1 : la diffamation : c’est une infraction pénale et le retrait des contenus peut être ordonné par la justice. Un bon avocat suffit mais je peux concevoir qu’on se fasse conseiller avant d’en arriver là .

2°) Cas numéro 2 : les contenus qui ne nous mettent pas en valeur. Bien sur faire désindexer une page au contenu peu flatteur est un service à  la valeur ajoutée certaine. Je me permet juste de me demander par quel moyen. Hors cas de la diffamation évoquée ci-dessus (et autres cas pénalement répréhensibles), j’ai du mal de comprendre comment on peut faire supprimer de tels contenus. En le demandant poliment, soit, car la personne n’avait pas forcément l’intention de nuire. Pas besoin d’aide pour cela. En exerçant des pressions ? En bluffant sachant que si l’action est menée à  son terme on est en plein cas d’abus de droit ? Là  je me permet de m’interroger. Si je dis, par exemple, dans ce même billet, que « la vision de monsieur J. sur le recrutement me semble relativement passéiste », c’est peu flatteur pour lui mais ça n’est en aucun cas diffamant. Comment me faire retirer ce contenu ? Aucun moyen légal, juste faire appel à  ma compréhension. Comment faire désindexer la page ? Aucun moyen à  moins que je n’en fasse moi-même la demande à  Google en tant de propriétaire du site. Pressions ou publicité « avantageuse »…les deux solutions me laissent sur ma faim pour ne pas dire plus.

Bref, je m’interroge sur le bien fondé légal d’offres de service qui concernent pourtant une problématique bien réelle.

On me demande encore souvent comment travailler son image professionnelle grâce à  son blog. Je vous renvoie à  cet article pas si récent mais qui reste plus que jamais d’actualité. Prendre les devants et occuper le terrain est en effet le meilleur moyen d’éviter que d’autres l’occupent à  votre place.

Si vous êtes une entreprise ou une personne très en vue, il existe des agences de communication dont c’est le travail et qui le font fort bien.

Pour ce qui est de l’aspect répressif…je conseille avant tout la discussion. Ensuite pour les cas pénalement répréhensibles il reste le recours à  la justice et autant passer directement par un bon avocat sans dépenser inutilement chez quelqu’un que vous paierez pour….qu’il vous conseille d’aller voir un avocat.

En tout état de cause, je pense qu’il faut se méfier du miroir aux alouettes que constituent ces offres ayant une promesse qui demeure pour partie légalement impossible à  tenir et dont on peut se demander si elles n’ont pour simple but de vous faire passer à  la caisse avant de vous rediriger vers des professionnels que vous auriez été voir de toute manière. Bref j’aimerais avoir l’avis de professionnels quant à  légalité à  la fois de la promesse et du service proposé.

Exemple concret : si on avait demandé à  Mathilde et François de cesser d’utiliser le nom « entreprenautes » ils l’auraient fait volontiers. Les assigner en justice et demander 15 000 euros de dommages intérêts risque par contre de largement salir la réputation du demandeur alors même qu’il aurait eu satisfaction en envoyant un simple mail. Peut être a-t-il été mal conseillé ?

Ce qui me fait ajouter une règle de plus à  celles précédemment énoncées : une réaction excessif dans la protection de la réputation ne fait finalement que lui nuire davantage.

En tout cas pensez à  construire votre réputation hors et dans l’entreprise plutôt que devoir réagir par la suite.

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Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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