A venir : l’émergence du management 2.0. Mais quid des managers 2.0 ?

C’est un thème qui était ma ligne de conduite principale aux débuts de ce blog et que j’avais largement délaissé pour une raison simple : je m’étais longuement penché sur la manière dont les entreprises devaient fonctionner, mais une fois ceci fait il ne servait à  rien d’épiloguer éternellement sur le sujet. Il fallait ensuite s’intéresser à  ce qui allait rendre ces pratiques possibles (les outils) puis après avoir validé leur pertinence, penser à  intégrer le tout de manière pragmatique dans l’entreprise. Maintenant que les outils commencent peu à  peu à  faire leur apparition, je pronostique que 2008 verra le début des changements liés au management et à  l’organisation. Je parle bien du début, ne vous attendez pas à  de grandes vagues : les outils arrivent peu à  peu, il faut encore du temps pour que leur appropriation se fasse, et ce n’est qu’une fois l’appropriation réussie qu’il semblera évident qu’il y a tout intérêt à  mettre en place des pratiques différentes (et ce même si la volonté de voir ces pratiques naitre précéde la mise en place des outils).

David Gurteen faisait justement dernièrement le rapprochement entre les usages du web 2.0 et le management 2.0 sur le fondement de ce que Gary Hamel écrivait à  ce sujet dans The Future Of Management. Mais il posait également la question suivante : qui seront les managers 2.0 ? Seront ils les managers « 1.0 » qui auront changé ? Faut il attendre que les premiers disparaissent du circuit pour voir une nouvelle génération prendre le pouvoir ?

A la vitesse où vont les choses j’ai peur que si on attend la passation de pouvoir entre deux générations il sera trop tard. On ne parle pas d’un horizon de 10 ou 20 ans mais bel et bien de dynamiques qui vont démarrer dans les mois à  venir et devenir des tendances globales d’ici 3 ans. Et quoi qu’on en dise, sur 10 ans le risque d’acculturation des nouvelles générations est réel. Et comme le fait remarquer Hamel…il sera de toute manière trop tard.

J’ajouterai que le mythe « Génération Y » a également ses limites. Certains natifs de cette génération se fondent rapidement dans le moule, par peur souvent, et parce qu’il faut bien faire avec les moyens qui leurs sont donnés. Et on trouve, à  l’inverse, des quadras et des quinquas très actifs sur la question.

Alors, doit on attendre l’arrivée des digital natives ? Oui certainement. Mais avant eux il y a également une génération intermédiaire qu’il ne faut pas oublier, qui est prise entre deux feux aujourd’hui mais ne demande qu’à  jouer le jeu.

Peut on « upgrader » les seniors ? Oui, certains en tout cas. Mais pas en passant en force. Cette génération n’est pas foncièrement hermétique, mais l’expérience lui a également appris le recul et la circonspection. Et ils sont habitués à  des cycles de changement beaucoup plus longs que ceux que nous connaissons et connaitrons à  l’avenir. Le changement passera par l’exemple. Ils ne sont pas contre a priori, mais ils sont également les gardiens d’un système qui fonctionne (plus ou moins) tant que la preuve que quelque chose de plus efficace existe ne leur sera pas apportée de manière tangible. Bien sur qui ne tente rien n’a rien et, c’est peut être là  le point d’achoppement principal, ils ont moins la culture de l’expérimentation que leurs successeurs.

Bref nous entrons dans une ère de transition où on devra s’appuyer sur des seniors moteurs, en convaincre quelque autres, faire en sorte que les digital natives ne s’acculturent pas et utiliser la génération intermédiaire comme véritable cheville ouvrière. Et quant à  la mise en œuvre, là  encore, tout est question de culture d’organisation. Il n’existe pas de recette universelle dès que l’on touche d’aussi près aux Hommes.

Et surtout ne pas perdre de point de vue un point : il n’est pas question de passer d’une génération à  une autre, d’un modèle à  un autre, d’abandonner ce qui existe pour se ruer sur l’informel et le tacite mais bien de construire des synergies entre ces deux tendances qui seront les piliers de l’entreprise dès demain.

A moins que la réalité économique ne nous impose une transition plus abrupte…

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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