Réseau ou proximité ? Où est la valeur pour l’entreprise ?

On met le réseau à  toutes les sauces. Sans trop prendre en compte que sa valeur vient de son contexte. Exemple : mon réseau facebook et mon réseau linkedin n’ont rien à  voir, le lien est créé pour des raisons différentes, dans des contextes différents. Savoir qu’untel est un de mes contacts sur l’un ou l’autre peut aider à  comprendre la nature différente de nos relations. Mais dans chaque cas il y a un point commun : l’un a demandé à  l’autre de reconnaitre qu’il est une de ses relations et l’autre l’a accepté en fonction des critères qu’il se fixe. En matérialisant cette relation on crée un lien.

Mais le lien peut se créer différemment. Non en fonction de relations mais d’objets. Dopplr utilise le voyage pour objet. Lastfm la musique. FlickR l’image comme je l’ai expliqué ici. Ce qui crée le lien n’est pas la connaissance de la personne mais un objet.

Maintenant replaçons nous dans un contexte professionnel, au sein d’une entreprise.

Quel est le réseau basé sur le lien personnel au sein d’une entreprise ? On commence par ajouter ceux avec qui on travaille au quotidien. Puis on accepte ses supérieurs car refuser serait diplomatiquement difficile. Puis en conséquence on se lie avec ses n-1. Puis en transversal parce qu’on se connait pour une raison ou une autre. Peu importe, de toute manière le seul fait qu’on opère sous la même bannière nous relie. Il en résulte donc deux choses : soit on reproduit l’organigramme, soit tout le monde est « lié » avec tout le monde. Je fais exprès de ne pas utiliser la notion d’ami ni de relation.

Quel intérêt pour le collaborateur ? Aucun, l’annuaire d’entreprise lui donne le même résultat. Pour l’entreprise ? Aucun, elle connait son organigramme et la liste de ses employés (quoique…je sais que certaines organisations sont incapables de fournir un décompte de leurs agents…alors de là  à  pouvoir en donner les noms). Quoi qu’il en soit le modèle du web grand public est inopérant en entreprise.

Alors quelle solution ?

L’objectif des réseaux d’entreprise étant la performance au travail le lien doit se fonder sur le travail. Celui réalisé en commun par deux individus mais pas seulement. Le fait que deux personnes aient les mêmes préoccupations, s’intéressent aux mêmes sujets, soient confrontées à  des situations similaires fait qu’il peut être bénéfique de les connecter, de les faire travailler ensemble. Cette connexion peut venir de leur fait si tant est qu’ils aient les moyens de se trouver ou de l’entreprise si tant est qu’elle ait les moyens de les identifier. Quoi qu’il en soit tout le monde y trouvera son compte : deux personnes (ou plus) qui pourront avancer ensemble, l’entreprise qui trouvera une mine de synergies… Reste à  trouver le critère de rapprochement qui ne peut être qu’un objet si on se fie à  la démonstration qui procède.

L’objet à  vocation professionnelle peut être un article de blog, la participation à  un wiki, le fait de s’intéresser aux mêmes choses (identité de taxonomie sur les objets produits ou écrits), voire de fait d’échanger via mail, IM etc…

On met ainsi en valeur une proximité intellectuelle, professionnelle (merci à  Olivier Zara de m’avoir suggéré l’expression). Cela permet à  l’entreprise soit de valoriser ses réseaux informels (ceux qui fonctionnent et qu’elle ne connait pas) soit de rapprocher des gens qui s’ignorent et auraient tout à  gagner (et elle aussi) à  échanger et travailler ensemble. Ou l’art de réaliser le plein potentiel de son capital humain.

L’objet social professionel compte donc plus en entreprise que la simple relation. Surprenant ? Ca n’est pas parce qu’on cotoie une personne au quotidien et qu’on parle de tout et de rien, souvent, avec elle, que notre relation est utile pour l’entreprise quand bien même nous sommes directement amenés à  collaborer. Ca n’est pas parce que je ne connais pas un collègue basé au bout du monde que nous n’avons pas une communauté d’expertise et d’intéret valorisable par notre entreprise. Bien au contraire. Rappelez vous mon histoire de baleines une fois encore.

Bref, la notion d’objet social professionnel, fondé sur du « user generated content » est d’une réelle valeur et l’entreprise gagnerait à  étudier ce concept, notamment en ces temps difficiles où il faut savoir faire plus avec moins, connecter plutot que disperser.

Un bon moyen de se familiariser avec cette idée peut être d’assister à  la conférence que donnera Jyri Engerstrom de Google lors de la prochaine web 2.0 expo de Berlin. Comprenez les objects sociaux et appliquez les à  vos échanges et vos contenus d’entreprise. Tant que nous y sommes, rappelez vous que vous pouvez obtenir 35% de réduction sur votre pass à  la web 2.0 expo. Plus d’informations c’est ici.

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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