L’Etat des lieux du paysage du réseautage et de la collaboration sociale selon Real Story Group

Résumé : Real Story Group a récemment publié son rapport sur les solutions de collaboration et réseautage social. Un travail très documenté, précis, qui partant d’une compréhension du sujet supérieure à  la moyenne permet de bien comprendre les enjeux liés aux sujets et faire son choix. Il évite également un piège courant pour ce genre de document : avec une segmentation précise d’un marché très diversifié, il évite de comparer des choses qui ne sont pas comparables et mets clairement en évidence que toutes ces solutions qu’on nous présente comme des machines à  tout faire n’adressent pas du tout le même type de besoin.

Real Story Group m’a fait récemment parvenir leur dernier rapport sur les acteurs du domaine de la collaboration et du réseautage social en entreprise. Voici donc un rapide survol de leur travail agrémenté de mes réflexions personnelles.

La première chose que je dois dire est que j’ai particulièrement apprécié la manière dont, avant toute chose, ils ont défini leur périmètre d’investigation. En effet, si le mot collaboration semble avoir été décrété « has been » depuis un certain temps, il est important de comprendre que collaboration et réseautage social ne sont pas la même chose. L’expérience prouve en effet que les entreprises qui ont cru que l’un remplaçait l’autre et couvrait le même type d’usages et de  besoins ont été largement déçues par les résultats obtenus.

De la même manière que je le ferai, Real Story Group définit donc la collaboration comme le fait de travailler ensemble pour atteindre un objectif business alors que le réseautage social revient à  intéragir ensemble en dehors du contexte d’un objectif business. Bien prendre en compte cette distinction a une double importance :

– dans la mise en place et le déroulé du projet, le besoin de sans cesse articuler l’un et l’autre sous peine de finir avec une démarche poussant à  socialiser dans le vide, sans impact sur l’opérationnel malgré un niveau d’utilisation élévé des outils. Et le risque de voir le soufflé s’effondrer une fois que la vanité de la démarche apparait.

– dans le chois des outils : certains outils ont des fonctionnalités collaboratives, certains des fonctionnalités sociales, certains les deux, certains se définissent comme un add-on amenant le social sur des plateformes essentiellement collaboratives. Il est essentiel de bien connaitre son besoin et son existant afin de faire le bon choix et ne pas laisser une grande partie du périmètre non couvert parce qu’on a cru que tous ces outils proposaient la même chose. On a déjà  vu des gens séduits par la simplicité de la dimension conversationnelle d’un outil x se rendre compte, a postériori, qu’ils n’avaient ni blogs ni wikis, ni système de gestion de tches collaboratif.

Sur ce second point j’ai trouvé judicieux la manière dont les solutions évaluées ont été triées en fonction des critères sus-mentionnées. Je vois beaucoup trop de rapports de ce genre comparant des pommes et des poires et, au final, des entreprises faisant le choix d’une plateforme qui peut être pleine de qualités mais pas celles dont elles ont besoin maintenant ou incapables de les accompagner dans le temps au fil de leur évolution pour ne pas me satisfaire de cette distinction préliminaire.

Ensuite vient une liste des bénéfices qu’on peut attendre de tels plateformes, bien organisés entre mesurables et intangibles et surtout une intéressante mise en garde sur les limites de telles démarches. On y lira avec plaisir que même les solutions gratuites peuvent devenir très onéreuses sur le long terme et que, quoi qu’il en soit, il importe de bien peser les couts et bénéfices avant de se décider. Comprenez : pour avoir le plus gros ROI possible il faut aller loin dans l’intégration et dans la conduite du changement donc, si on n’en n’a pas l’intention ou les moyens, les ressources affectées à  un projet « juste assez bien » pourraient peut être être mieux utilisées ailleurs.

S’en suit une longue explication de tous les points sur lesquels ces produits peuvent être évalués. Intégration, gestion des tches, « record management », ouverture et respect des standards…la liste est longue. Très longue. Mais très complète, loin de certains modèles reposant sur des concepts nouveaux tellement nébuleux que ni les opérationnels ni votre DSI ne comprendra de quoi on parle.

Puis viennent plusieurs centaines de pages au long desquelles toutes les solutions qui comptent sur le marché sont véritablement disséquées et expliquées avec leurs points forts, faibles, ainsi la politique générale de l’éditeur. Je ne détaillera pas ce point : s’agissant du cœur de la valeur intellectuelle du rapport, je ne peux que vous conseiller de l’acheter ou télécharger le résumé gratuit.

Ce que je peux vous dire, par contre est que bien que je ne connaisse la plupart des solutions proposées de manière seulement globale et seulement 3 ou 4  de manière très approfondie, rien de ce que je n’ai lu ne m’a semblé incohérent par rapport à  mon expérience même si on peut toujours argumenter sur un point ou un autre. Chaque outil a sa culture et je ne pense pas qu’on puisse les comparer point à  point. La lecture de tous les critères d’évaluation, très bien expliqués par ailleurs, permet justement d’appréhender la partie analyse non comme un comparatif mais plutôt comme l’immersion dans l’univers de chaque outil dans le but de l’évaluer en comprenant sa philosophie.

Pour finir un dernier bon point : Real Story Group nous épargne un énième quadrant ou matrice, pourtant très populaires, qui en essayant de faire rentrer pommes, poires et bananes dans une même grille deviennent finalement illisibles et incompréhensibles et, au final, ont davantage tendance à  induire le lecteur en erreur.

Un très bon document sur lequel chacun peut s’appuyer pour faire son choix, DSI ou opérationnels…à  condition de prendre en compte un avertissement d’usage commun à  toutes les études de ce type. A la vitesse à  la quelle le marché évolue, regardez toujours si une version nouvelle n’est pas sortie depuis la sortie du rapport, apportant des réponses une grande partie des points faibles constatés.

 

 

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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