Derrière le Big Data, le Big People

Vous avez sans doute remarqué que depuis un certain temps le phénomène Big Data s’est échappé de la sphère purement technologique pour s’inviter dans toutes des discussions ayant trait aux approches métier, humaines et pratiques de l’évolution de l’entreprise.

Et j’entends déjà  quelques voix s’élever en disant « ça fait des années qu’on fait tout pour promouvoir l’humain au travers de dispositifs sociaux et à  la fin on finit avec quoi ? Avec des données…! Désolant ».

La donnée est l’avenir du « social »

Et pourtant il est clair que c’est dans cette direction que se situe l’avenir de l’utilisation des technologies sociales. Pas en remplacement du reste mais en tant que suite logique, de conséquence du succès du social computing. Car accumuler de l’information non structurée est bien, savoir en faire quelque chose est mieux. Et il y a un stade où il est illusoire de penser que l’utilisateur final va réussir lui même à  tirer de meilleur de toute l’information disponible.

Et puis, signe de maturité, aux enjeux traditionnels des technologies sociales davantage liés à  la communication, l’apprentissage, la collaboration, s’ajoute désormais le décisionnel. Le décisionnel qui, lui, ne nécessite pas le contact interpersonnel ni l’accès à  l’information originelle, brute, mais une vision agrégée, quantifiée, reposant sur l’identification de principes de corrélation et de schémas d’interactions émergents entre données. Profitons en d’ailleurs pour faire un rapide rappel : non le big data n’est pas réservé aux données non structurées même si du coté « social » c’est souvent la seule chose que l’on regarde. Le big data fonctionne et pour les données structurées et pour les données non structurées et – mais c’est un autre sujet – c’est certainement dans sa capacité à  traiter les deux ensemble qu’il fera la différence. D’ailleurs McKinsey ne s’y trompait pas il y déjà  deux ans : c’est à  ce niveau que se situent les plus impressionnants gisements d’innovation et de productivité, des gisements encore mal explorés et surtout que nous apprenons juste à  exploiter.

Et puis cette approche « données » n’en est pas moins une approche qui reste centrée du l’individu, sur les personnes. Parce qu’une grande part de ces données est justement générée par des individus et d’une certaine manière le big data permet la réconciliation de leurs savoirs, sentiments, actions et résultats et permet d’avoir ainsi une meilleure connaissance et compréhension de la personne, moins parcellaire et, surtout, fondée sur des faits, des données et pas de vagues intuitions ou sentiments. D’une certaine manière le Big Data c’est un peu du Big People, en quantité comme en qualité.

Big Data, Big People et Utilisateur Augmenté

Big People également car finalement le Big Data nous renvoie à  l’idée d’un utilisateur augmenté mieux armé pour saisir la complexité de son environnement et les schémas auquel il obéit.

Autre point et non des moindres. Big Data n’est qu’un terme générique qui recouvre un certain nombre de choses et voir la chose comme du simple traitement massif de données est une erreur car la valeur est justement dans les étapes suivantes, qui permettent de passer de la donnée à  l' »insight », à  l’information à  valeur ajoutée permettant la décision. Et là  encore entre la donnée et l’information il y a l’interprétation, une activité où l’intervention humaine reste encore prédominante. Et si une des promesses de l’informatique cognitive est de rendre la machine capable d’apprendre et d’interpréter, elle ne le fera qu’en apprenant des individus, comme le montre l’exemple de Watson qui apprend des médecins et des infirmières au fil de ses interactions avec eux pour mieux diagnostiquer le cancer.

La différence entre la donnée et l’information c’est l’homme

On a souvent coutume de dire que la différence entre un désert et un jardin n’est pas l’eau mais l’homme. Il en va de même entre la donnée et l’information.

La différence entre un desert et un jardin

Enfin gardons en tête que la discipline reste éminemment humaine pour raison : on ne gère pas l’information, mais on gère des gens grâce à  l’information. Cela vaut vieux que de le faire avec des impressions ou des sentiments biaisés mais encore faut il que la donnée soit exhaustive et « propre ».

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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