Le Social Business a besoin de standards (et ça n’est pas qu’une affaire d’IT)

Si votre initiative Social Business interne (ou externe d’ailleurs), votre projet de réseau social d’entreprise, d’annuaire riche, de digital workplace, d’environnement collaboratif unifié etc. avance bien je peux vous prédire une chose et (et sans big data ni analyse prédictive) : vous vous préparez de belles migraines. Et s’il n’avance pas si bien ça peut fort bien être (entre autres) parce que vous n’avez pas vu ou sous estimé les causes de la migraine en question.

Avant le Social était « Standalone ». Mais ça c’était avant.

Au début tout était simple. Qu’on appelle les choses « 2.0 » ou « social », elles reposaient sur des solutions fonctionnant en toute autonomie. Le nouveau monde croyait parfois ne pas avoir besoin de l’ancien pour vivre. A quoi bon s’acoquiner avec un partenaire voué à  disparaitre. Et puis le business s’est rappelé au souvenir de tous et il a fallu commencer à  composer avec deux données incontournables.

1°) Il n’était pas question de remplacer l’existant mais de le compléter et l’enrichir. Redonner de la vie et de la valeur aux informations existantes, lui permettre d’être le sujet et le support de modes d’interactions nouveaux. Il devient donc urgent de pouvoir s’intégrer avec l’existant.

2°) La composante sociale du système d’information se complexifie. Là  où le réseau social d’entreprise trônait seul et en maître on a vu fleurir les réseaux sociaux officiels et dissidents (une faute gravissime de gouvernance dont on reparlera plus tard) qui ont posé la question toujours peu résolue de l’interopérabilité, puis les outils métiers socialisés, puis le réseau social a du aller vers les outils métiers et il a fallu penser la convergence des outils internes et externes. Ajoutez une pincée de big data et d’analytics pour tirer quelque chose de tout cela. Les outils sociaux devaient, en plus d’apprendre à  parler aux outils traditionnels, apprendre à  parler entre eux.

On commence en général avec les profils enrichis qui doivent puiser de l’information à  droite et à  gauche, on se coltine ensuite deux trois applicatifs métier stratégiques, on trouve enfin logique de ramener les échanges dans un client central peu importe leur source et les rendre opérables depuis ce client (activity stream, social mail, peu importe). C’est là  que les maux de crane commencent à  vraiment se faire sentir.

L’enfer de l’intégration

C’est là  que les directions informatiques retrouvent leurs vieux démons et les cauchemars qu’elles auraient aimé éviter. Les chantiers d’intégration. A la fois essentiels, parfois horriblement longs et en tout cas jamais bon marché. Le Social Business est devenu une question de plateforme plus que d’application mais d’ici à  ce que la vision se réalise pleinement on est à  peine au milieu du gué. Qu’est ce qui manque ? Justement – mais uniquement – tout un ensemble de choses qui vont permettre de ne développer que le « dernier mile » entre deux applications. Ce sont les standards. Ils existent mais demandent encore à  être améliorés et, surtout, suivis par une masse critique d’acteurs.

Bien sur il y a une autre alternative : les « app stores » d’entreprise. Sauf que de l’annuaire aux systèmes RH en passant par le CRM, les applications métier diverses et le SSO aucune entreprise n’utilise de solutions pleinement standard. Au mieux un peu « arrangées » au pire n’ayant plus rien de standard. Sauf à  tout vouloir jeter ou accepter de garder l’environnement social dans une bulle au périmètre limité c’est une solution qui ne fonctionnera jamais dans une grande entreprise…a moins qu’elle ne développe son propre App Store. Mais pas question de compter sur les stores des éditeurs. Raison pour laquelle les entreprises aux systèmes hétérogènes et complexes auront du mal de s’en sortir en Saas sauf à  accepter, là  encore, de réduire l’ambition et le périmètre d’un projet qui ne touche ni plus ni moins qu’à  la réinvention du poste de travail.

Le W3C prend les choses en main.

La bonne nouvelle est que nombreux sont ceux qui ont compris qu’il était urgent de faire quelque chose. C’est ainsi que le W3C a organisé en aout un workshop sur le sujet dont voici les premières conclusions. Et, sans surprise, les pistes de travail pour l’avenir, supportés par autant de groupes de travail sont :

At the end of the workshop, break-out groups met to discuss areas to be standardized next. Groups formed around the following topics:

  • OpenSocial and Gadgets will focus on radical simplification leveraging HTML5, moving from the XML definition of a gadget to a situation where AJAX requests are performed directly against a page. How context works with cross-origin requests and how application tags can be supported by HTML5 are the next steps.

  • ActivityStreams will focus on a new version, ActivityStreams 2.0, to increase extensibility and handle state. There was a large discussion over the role of JSON-LD as a syntax for ActivityStreams, but as ActivityStreams 2.0 does not depend on it, it was viewed as acceptable to the workshop participants.

  • Identity and Profile Federation needs to focus on a set of core attributes that show how previous work in the area (hCard and vCard in particular) can be extended with desired features such as skill-levels and certifications. It is necessary to understand how profiles federate using protocols such as Pubsubhubbub.

  • IndieWeb will focus on user experience, in particular making it much easier to use the reply button and work with browsers to make it easier to share content.

  • Property Graphs need to have their data model defined, as well as APIs and schemas. Potential cross-over work on exploiting property graphs with the OpenSocial API should be investigated.

  • Linked Data and vocabularies need to focus on how to create new kinds of vocabularies that can enable social business, such as expertise vocabularies.

Aucune surprise pour qui essaie de réfléchir à  l’urbanisation sociale de son système d’information. On y retrouve en vrac : open social (les fameuses questions d’interopérabilité), Activity Streams (le piler de l’environnement collaboratif unifié), la fédération des profiles et des identités essentielle pour des cas d’usages transverses à  plusieurs outils et quand les attributs d’identité sont dispersés dans divers outils et solutions.

Les standards sont avant tout un enjeu d’adoption.

Maintenant, croire que les standards sont une affaire de DSI et d’éditeurs serait commettre une erreur monumentale. Parce que l’origine du besoin est tout sauf informatique. On peut très bien vivre avec des applications en silos en continuant à  demander aux collaborateurs de servir de middleware humain. Non, les standards c’est avant tout un enjeu d’unification de l’expérience utilisateur, de non-rupture du flux de travail et du flux d’information, de cohérence des usages et des outils. Un enjeu d’adoption donc.

De mauvais standards, ou des standards opérationnels mais répondant aux mauvais besoins et ça n’est pas l’IT qui en souffrira mais les utilisateurs, les métiers et les fonctions support. Ce qui est beau, intéressant, challengeant d’un pur point de vue technique n’a pas forcément de sens du point de vue de l’utilisateur final, de l’adoption, des besoins métier ou RH….  Il est donc essentiel de ne pas restreindre les travaux sur le sujet aux seules populations techniques mais au contraire de l’ouvrir pour bien comprendre les scénarios d’usages transverses aux outils qu’attendent utilisateurs finaux, RH etc…

 

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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