Mobilité géographique ou l’effet Brice de Nice

Que ce soit dans mon environnement personnel ou dans le cadre de personnes en phase de reclassement professionnel à  qui j’ai affaire lors de mon stage, je suis frappé par le peu de mobilité géographique dont font preuve beaucoup de personnes. Dans certains cas il y a des raisons compréhensibles, dans d’autres je suis beaucoup plus sceptique. A l’heure où Brice de Nice remplit les salles obscures, je trouve une certaine similitude entre le surfeur qui attend LA vague, planche sous le bras à  Nice, et le chercheur d’emploi qui attend un boulot, CV sous le bras, devant chez lui. Tentatives d’explications…

Passons le cas de quinquas peu qualifiés dont l’usine qui les employait depuis des années à  proximité de leur village vient de fermer. Cette situtation, triste et malheureusement trop fréquente serait une mauvaise illustration de mon propos. Car c’est l’exemple de type d’une situtation où même un départ ne solutionnerait pas les choses. Car un repositionnement professionnel s’impose souvent également et parce que quitter sa région et réapprendre un métier quand on a fait la même chose au même endroit pendant 30 ans, lorsqu’on connait les difficultés de réinsertion des seniors sur le marché du travail je comprend le caractère humainement tragique de la situation.

Mais il y a ceux qui trouveraient sans soucis un travail ailleurs (à  Paris souvent) mais qui trouvent que Bordeaux c’est sympa, que la mer est proche, la montagne aussi et qu’ils n’en bougeront pas (qu’ils soient natifs ou non de la région). Il y a les jeunes diplomés qui préferent être en difficulté et sous employés ici que de valoriser au maximum leur potentiel ailleurs. Et gare à  la chute en cas d’accident de carrière. Se recaser après 15 ans dans une petite PME locale c’est plus difficile qu’après un plan social au siège d’un grand groupe…pourtant l’individu en question avait le choix entre les deux. Il y a enfin ceux qui font un choix de vie, en couple, qui quittent Paris à  40 ans pour voir leur famille grandir au calme en province. Sauf qu’au bout de deux ans, si les enfants grandissent, les parents cherchent toujours un travail alors qu’ils ont quitté deux postes « en or ».

Je ne remet pas en cause la légitimité et la logique du « choix de vie » surtout pour des quadras lassés de la pression quotidienne et désirant offrir une certaine qualité de vie à  leur progéniture naissante. Un jour, j’en suis sur, je risque de faire le même choix…mais pas avant d’avoir testé le marché de l’emploi local avant de démissionner. J’ai plus de mal a comprendre qu’un jeune diplomé préfère rester au chomage ou en situation précaire ici plutot que de tenter sa chance ailleurs. Et puis arrive le moment où l’on a plus le choix, où les assedic s’arrêtent, où l’on a épuisé ses réserves et où on consent à  envisager le départ…pour s’entendre dire « vous avez fait quoi au soleil les deux dernières années? ». Bon je caricature mais on n’en est pas loin.

Mais si l’on regarde les chiffres de l’emploi c’est clair: c’est difficile de trouver mais on trouve plus facilement en Ile de France qu’en région. D’ailleurs dans la mienne de région (Aquitaine) en fait d’offres d’emploi pour un Bac+5 c’est plutot la mer morte. Et quasi impossible d’arriver à  des postes intéressants par la suite, la plupart du temps on fait venir un « parisien ». Autrement dit le meilleur moyen d’avoir un bon travail ici c’est de démarrer là  bas. Ca tombe bien, moi j’aime bien la capitale et je suis pressé d’y débarquer. J’y passe tellement de temps que ça ne me changera pas beaucoup…

Alors (et je parle pour ceux qui ont le choix), entre travailler ailleurs et être en difficulté chez soi, à  chacun de décider. Pour moi c’est vu.

Si vous trouvez plus logique de surfer à  Hossegor qu’à  Nice, et que le marché local ne vous apporte rien, pourquoi ne pas envisager de faire surfer votre carrière sous d’autres cieux? Suffit de savoir ce qu’on veut.

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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