Bon je sais j’ai déjà écrit un post la-dessus. Alors pourquoi donc en remettre une couche?
Tout d’abord parce que dans le post en question je partais du livre pour généraliser sur des experiences et un phénomène. Ici c’est au livre que je m’intéresse.
Ensuite parce que ce livre m’a redonné le moral et donné l’énergie pour remettre un coup de collier à une époque où je me posais bien des questions.
Enfin parce le thème reste malheureusement d’actualité, pour Sophie Talneau, pour moi et pour de plus en plus d’autres jeunes diplômés.
Sophie Talneau c’est qui déjà ?
Sophie Talneau est diplomée de l’ESC Nantes (heu..nouvellement Audencia je crois non?). Diplômée à la grande époque où il était plus dur pour les dîplomés de Grandes Ecoles de rester sur le careau que de trouver un boulot même par hasard. D’ailleurs un boulot elle en trouve un mais le quitte au bout d’un certain temps, histoire d’évoluer et de donner un nouvel élan à sa carrière.
Mais d’un seul coup les offres se font plus rare et là commence la spirale du chômage de longue durée.
L’histoire du livre
Sophie quitte donc son emploi. Erreur de timing, la roue tourne et les offres se tarissent d’un seul coup. C’est l’ANPE, le RMI (enfin pas encore car à moins de 25 ans elle n’avait droit à rien). Du coup elle passe par toutes les cases du parcours du jeune dip’ chercheur d’emploi de ce début de millénaire: ANPE, associations d’insertions, offres bidons, un système inadapté à son profil, des discours culpabilisants et le temps qui passe…
Elle nous raconte tout, les moments d’espoirs et d’angoisse, l’incompréhension du monde extérieur (« Mais avec tes études si tu trouves pas c’est de ta faute »), les entretiens avec des recruteurs peu recommandables qui confondent gestion des ressources humaines et commerce de viande en gros…
Ca commence comme une recherche d’emploi normale et on finit par une descente dans les entrailles d’un système qui tourne à vide, inadapté (en tout cas pour certains profils), conséquence d’un contexte où on ne donne plus leur chance qu’aux personnes expérimentées.
Le temps passe…au départ c’est normal c’est le contexte qui veut ça, puis une nouvelle promo sort et devient prioritaire aux yeux des recruteurs, puis ça fait 2 ans et vous êtes rouillés et plus bon à rien.
Si l’on devine de la souffrance et un brin d’amertume et de colère, Sophie a fait le choix de traiter le sujet sur le ton de l’humour. Comme elle le dit elle même lors d’une interview « si on dit les choses comme on les ressent il n’y a plus qu’à se tirer une balle, alors autant le prendre bien« .
En fait un implacable et lucide regard sur ce qui est le quotidient de beaucoup de jeunes.
Pourquoi j’ai aimé
Ce livre a provoqué un réél engouement et ce furent par milliers que les témoignages affluèrent sur le net pour dire « ca fait du bien, ça soulage que quelqu’un écrive ce que je ressens, je me sens moins seul et perdu« . Et effectivement ils n’étaient pas seuls mais des milliers dans le même cas. Leur point commun? Un niveau d’étude élevé qui fait qu’il n’est pas politiquement correct ni pour les politiques ni les médias de se préoccuper de leur cas alors qu’ils ont sacrifié souvent 5 ans voire plus à leurs études.
Alors oui, j’ai beaucoup apprécié que quelqu’un raconte ma vie de l’époque. Je venais de me lancer dans un nouveau projet pour justement ne pas subir les événements mais prendre le taureau par les cornes et, si je n’ai jamais douté et toujours eu la volontée, ce livre fut une source de motivation supplémentaire.
Et puis, enfin, parce que j’espère que ceux qui l’auront lu comprendront qu’on peut avoir fréquenté « les filières » de l’excellence et connaître des jours difficiles sans pour autant que ce soit de sa faute. Quelqu’un qui connait cette situation culpabilise déjà assez seul sans avoir besoin qu’on l’en rende responsable en plus. Quand en plus on a affaire à un système peu adapté au traitement de cette spécificité c’est l’enfer qui commence.
A lire absolument.