Il y a quelques mois de cela je me demandais ici même si le modèle britanique était transposable en France. Sans dire qu’on y arrive, la tendance est tout de même à un notable rapprochement sinon dans les résultats au moins dans les intentions.
Voici le contenu d’une circulaire ministérielle sur le sujet (je vous passe les détailles et autres finesses pour aller à l’essentiel)
– si un chômeur refuse un emploi ou ne peut produire de preuves de recherches significatives ses allocations seront diminuées de 20%
– supression totale au 3e refus.
– au bout de 6 à 12 mois on pourra imposer au chomeur une réorientation professionnelle.
Ceci m’amène plusieurs réflexions…
D’abord sur la notion d’offre valable d’emploi. Pour avoir connu les joies des entretiens avec des conseillers ANPE incapables de comprendre votre projet professionnel (ce que eux mêmes reconnaissaient), je me demande qui va être à même de juger qu’une offre constitue une OVE ou pas. Bien appliquée c’est une mesure qui tendrait à lutter contre les chomeurs professionnels…mal appliquée par des conseillers peu compétents ou manquant de temps (c’est également une réalité), cela ne peut que plonger davantage dans la détresse des gens qui n’ont pas besoin de ça.
Remarquez à ce propos que l’on ne fait que répliquer les conditions qui lient donneurs d’ordre et cabinets de reclassement où très souvent l’accompagnement peut cesser après 2 OVE. Mais avec un conseiller qui ne s’occupe que de peu de cas et consacre à chacun plusieurs heures en individuel chaque mois si ce n’est chaque semaine lorsque la situation le justifie. La compréhension de la problématique individuelle et du secteur concerné est dans ce cas, j’en suis sur, beaucoup plus forte de la part de l' »accompagnateur ».
Par ailleurs a priori je suis contre le fait d’imposer une réorientation professionnelle, là où parfois une incitation a la mobilité suffit. D’un autre coté si cela peut aider un individu à ne pas sombrer dans l’oubli et l’inemployabilité c’est un mal pour un bien car au delà d’un an le retour sur le marché s’avère des plus compliqués. Alors OK pour la réorientation même si ça fait mal quelque part quand même. Au fait on finance ça comment? Car je doute qu’on puisse à ce stade faire l’économie d’un passage par la case formation.
Par contre je mets deux bémol notables sur des facteurs qui conditionnent la réussité de ces démarches:
– la formation, le niveau de connaissance et du marché de l’emploi et des problématiques liées à certaines formations spécifiques qu’auront les personnes en charge de prendre de si lourdes décisions. Aujourd’hui le chomage concerne également des personnes aux compétences et formations très pointues souvent qui rendent leur appréciation hasardeuse par un conseiller ANPE davantage habitué à gérer des situtations plus « communes ».
– Cela ne résoudra en rien l’incapacité de notre pays à créer des emplois.
Et lorsque le phénomène touche de « jeunes » chomeurs, cela pose notamment le problème de l’orientation post bac où on laisse se remplir des filières aux débouchés incertains alors que l’on connait des secteurs ou la main d’oeuvre manque. Laisser la liberté de ses études à chacun est une bonne chose, si c’est pour financer une réorientation sur fonds publis 3 ans plus tard c’est ridicule.