Web et recrutement: des process en pleine mutation

Au début était l’annonce papier, le cv dactylographié et la lettre de motivation écrite de sa plus belle écriture avec la plume des grandes occasions. Je passe sur la révolution du CV sous traitement de texte car la tche du recruteur n’en restait pas moins la même.

Première révolution: jobboards et candidatures électroniques. La diffusion de l’annonce se fait plus large donc on a plus de chance de trouver le profil idéal recherché mais en contrepartie les candidatures affluent et la qualité se noie dans la quantité. Bien sur des logiciels d’aide au tri de CV voient le jour mais à  trop formater la recherche on passé à  coté de celui qui a un an de trop, qui n’a pas fait la « bonne » école même s’il a plus que les compétences requises…. Bref a bien y regarder, si l’ère de l’e-candidature a simplifié la tche du postulant (quoique d’autres effets induits négatifs comme la concurrence accrue par exemple, amènenent à  tempérer cet avis), il me semble qu’elle n’ait finalement pas pour autant facilité la tche du recruteur. Alors une relation perdant/perdant au final…pas à  ce point mais tout de même…

Peu importe: on en a visiblement tiré les enseignements (en tout cas pour certains qui prennent là  un train d’avance) et la seconde révolution du recrutement est en marche.

Cette nouvelle ère on en parlait depuis quelques temps, d’abord chez Jacques Froissant, rendez vous virtuel des tenants d’un nouveau recrutement, puis dans les faits avec Patrice Malaurie qui nous annonçait il y a un mois le lancement de Jobmeeters (blog ici et site là ).

Les principes? Simples et tellement rabachés me direz vous: remettre l’humain au coeur du processus de recrutement et délivrer une information qualifiée et ciblée. Mais ces beaux concepts qui n’ont longtemps été que lettres mortes ou déclarations d’intention viennent de se concrétiser.

Les conséquences et évolutions possibles sont multiples et, actualité obligé, je m’attarderai principalement sur le principe du recrutement par cooptation. En effet c’est hier que les deux premiers sites français fondés sur ce principe ont vu le jour: jobmeeters et cooptin.

L’idée est que sur de nombreux types de postes le recrutement s’effectue par réseaux et de manière informelle d’une part (le fameux marché caché qui représenterait plus de 60% des recrutements sur certains profils), que la recherche du bon candidat doit s’affranchir des tris mécaniques de Cv d’autre part, et qu’enfin il existe pléthore de candidats « dormants » qu’il faut bien aller chercher vu qu’eux mêmes ne sont pas en recherche active. J’ajouterai que nombre de candidats de valeur n’ont pas accès à  ce que l’on nomme le marché caché.

Le processus en découlant est simple: les membres de jobmeeters (ou coopteurs) ont accès aux offres diffusés par le site, ils recommandent des personnes qui leurs semblent convenir pour le poste concerné, et si le recrutement s’effectue ils touchent une prime. Cela revient d’une part à  formaliser ce qui se faisait avant en « off », à  valoriser la valeur ajoutée du coopteur par l’octroi d’une prime.

Alors demain tous chasseurs de primes têtes? Pourquoi pas car dans la multitude des offres que l’on peut lire il y en a toujours une dont on se dit « tiens, elle intéresserait untel ». De plus, si j’évoquais l’engorgement des disques durs de recruteurs dus à  l’afflux de CV souvent mal qualifiés (la e-candidature permettant l’envoi de CV « à  la pelle et au petit bonheur la chance »), l’abondance des sites de recrutement corporate ou autres jobboards verticaux, horizontaux, régionnaux etc… ne facilite pas la tche des candidats non plus. Cela permet aux amis et autres relations de veiller pour vous.

L’intéret pour le recruteur est la diminution des candidatures non ciblées et l’accès à  ce que j’appelle le marché dormant, c’est à  dire le « bon candidat » déjà  en poste et qui ne cherche pas…mais qui lorsqu’on lui met la bonne offre sous le nez se dit « mais oui mais c’est bien sur…. ». Apport également sur la qualité: on recommandera une relation ou un collègue sur le vu de sa personnalité et de ses compétences et non sur des critères ultra formatés. Avec le système de tri actuel un excellent candidat qui n’a pas fait la bonne école ou qui a 31 ans au lieu de 30 verra son CV systématiquement éjecté. Mais le volume de cv reçus impose ce genre de tri barbare. La cooptation permettra de s’affranchir du profil type hyper cadré pour des raisons d’efficacité administrative pour se focaliser sur la compétence de l’individu qui est tout de même le facteur essentiel d’un recrutement. Et c’est là  que l’on redonne la primauté à  l’humain.

Alors meilleur ciblage, accès au marché dormant, valorisation de la mise en relation… c’est une petite forme de révolution non? J’ai eu la chance de rencontrer dernièrement les fondateurs de jobmeeters qui m’ont expliqué leur démarche, les valeurs qui étaient les leurs et qui les avaient amené à  se lancer dans cette voie…le projet est très séduisant et ils sont certainement en train d’initier quelque chose de véritablement nouveau. J’attend de les revoir le mois prochain pour avoir un premier feed-back des débuts de leur aventure

A mon sens ça n’est qu’un début et l’ère du recrutement 2.0 nous réserve bien d’autres suprises.

Au fait comment être coopteur? Rien de plus simple, il suffit de s’inscrire sur jobmeeters. C’est tout.

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Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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