Cet article m’est inspiré par un ancien billet d’Alain Lambert. Sa remarque concernait le monde politique et le pays en général, mais s’applique très bien au monde de l’entreprise.
Qu’est ce qui empêche parfois une entreprise de faire des choix qui seront positiviement déterminants dans l’avenir, quand bien même ils apparaitraient comme évidents? La tyrannie du court terme? Soit mais encore…
De fait l’entreprise en tant que telle n’a rien contre ce type de choix. Elle les trouve nécessaires et est prête à assumer les efforts nécessaires au changement. Le soucis est que l’entreprise “en tant que telle” est davantage une vue de l’esprit alors que les Hommes qui la composent sont une réalité bien plus concrête.
La caractéristique de ces “grands choix” est d’impliquer un changement significatif (agréable ou pas…c’est la notion même de changement qui est en jeu ici) dont les effets (positifs ou négatifs) ne seront visibles qu’à moyen terme (3 ans). Notons ici le décalage qui veut qu’à horizon humain 3 ans représentent du moyen/court terme alors que pour l’entreprise c’est du long (voire très long) terme. La planification stratégique à 10 ans a bel et bien vécu!.
Le changement implique, disions nous, efforts et incertitudes. Il se peut qu’il soit longuement contesté, que ses résultats tardent à apparaitre, qu’il faille un certain temps pour que l’investissement porte ses fruits. Le décideur se retrouve donc dans une situation inconfortable pour un certain temps. Peu importe, me direz vous, dans la mesure où 3 à 5 ans après il pourra, le sourrire aux lèvres, prouver que l’investissement, le changement, auront été rentables.
La phrase qui précède contient la réponse qui fait que rares sont ceux qui sont prêts à assumer ces choix. En effet lorsqu’on est à un niveau de décision permettant d’engager ce type de projet il est souvent plus rassurant de ne rien faire…en effet ce type de manager reste rarement plus de 5 ans au même poste. Prendre une décision qui ne portera ses fruits qu’à 3 ans risque de les faire partir sur ce qui ressemblera à un échec quand bien même le mal était nécessaire. Une décision court-termiste qui aura des conséquences immédiates positives et sera catastrophique à 5 ans sera paradoxalement moins risquée. Pour le décideur, pas pour l’entreprise cela s’entend.
Bon bien sur j’exagère un peu…mais nous tenons là un des facteurs limitants de réactivité des grandes entreprises. Par ailleurs je ne remet ici nullement en cause la bonne volonté des décideurs…c’est le rythme d’évolution des carrières qui dicte souvent l’horizon des décisions, au delà même de la volonté du décideur.
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