Faut il inventer un nouveau management pour les knowledgeworkers

images-8.jpegEn voilà  une bonne question…pas si idiote que cela en vérité. Quoi qu’on en dise le management en place dans la quasi totalité des entreprises vient du taylorisme. On l’a arrangé, flexibilié par endroit, mais cela reste des aménagements à  quelque chose de très top-down quoi qu’il en soit. Ca n’est que logique et je ne vois comment il pourrait historiquement en être autrement.

En effet nos entreprises viennent historiquement du secteur secondaire. Les primo managers des entreprises nées avec le tertiaire venaient également du secondaire et ils ont reproduit les modes d’organisation qu’ils connaissaient. En l’arrangeant peu à  peu avec une pincée d’autonomie et de responsabilisation ça et là , un brin de participatif ici, un peu plus de liberté dans l’expression de la créativité et de l’innovation individuelle là  mais cela reste des bulles dans un système hyper cadré. Cela dépend du management « local » de la politique de telle ou telle entité, de l’intensité du syndrome « petit chef », « not invented here », ou « balais où vous voulez » des managers et décideurs.

Ce qui différencie le management des entreprises innovantes type start up des structures traditionnelles) n’est peut être pas tant du à  leur taille (quoique quand même dans certaines proportions) mais à  l’héritage taylorien des secondes. Car seules les premières ont été crées en prenant en compte l’émergence des knowledgworkers car ayant un business model reposant sur eux dans sa quasi intégralité et ce dès sa conception originelle.

Car la grande nouveauté de ce début de siècle est bel et bien le knowledgeworker, sa compétence particulière, sa manière de procéder…celui qui n’était qu’une bête curieuse il y a 15 ans peut aujourd’hui constituer une grande proportion des trouves de certaines entreprises. Et peut être que cela nécessite que l’on repense un modèle aujourd’hui dépassé par l’évolution de notre économie.

En fait cette réflexion m’a été inspirée par un mail reçu d’une amie qui a repiqué des citations lues ça et là  (il faudra que je pense à  lui demander les références):

 » Le consultant est une petite bête difficile à  gérer, dotée d’une forte personnalité, douée de curiosité, ayant le goût du changement, de l’innovation et un esprit indépendant »

« les entreprises de services aux professionnels ne peuvent être managées que de deux manières: mal ou pas du tout »

« Les knowledgeworkers ne refusent pas le management mais un management inadapté à  ce qu’ils sont »

Dans un temps dédiées aux consultants, knowledgeworkers primus generis, ces constats peuvent s’appliquer à  de nombreuses professions aujourd’hui.

Logique: on ne peut penser une fonction comme requérant innovation, autonomie, créativité, compétence et avoir un management hyper directif fondé sur le contrôle total.

Symbole qu’une prise de conscience est en train de naître, on commence à  déboulonner certaines statues, ainsi celle de Jack Welch, l’ancien PDG de General Electric dont les idées et les livres sur le management ont longtemps été paroles d’évangile. L’ex Manager du siècle selon « Fortune » (1999) qui avait pour principe le contrôle total, la notation des employés, le licenciement des moins bons se fait ainsi renvoyer dans les cordes par le même « Fortune ». « Désolé Jack, tes règles ne fonctionnent plus »…aujourd’hui on privilégie le développement à  long terme des personnalités, on embauche des passionnés plutot que des ambitieux et on axe sa stratégie sur la satisfaction de la clientèle plutot que sur les dividendes…en tout cas tel est le constat du magazine.

Cela ne reflète t’il pas également la prise en compte d’un nouveau type d’employé? Si le constat de « Fortune » va largement au delà  du strict aspect managérial il n’en est pas moins que le knowledgeworker n’aurait guère trouvé de quoi exprimer son potentiel sous les ordres de Jack Welch.

De quoi réfléchir non?

Ajoutons à  cela qu’avec l’émergence des équipes à  distances, des sans bureau fixe (SBF), formes de travail permises par le knowledgworking, le management et les rapports sociaux devront pouvoir se matérialiser online…très management 2.0 tout ça!

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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