Je vous conseille la lecture de cet excellent article des échos en date du 11 janvier dernier.
On en revient toujours à la même question…. mais c’est quoi un manager ? Et d’ailleurs on peut se demander s’il ne faut pas s’intéresser à la représentation qu’on en a plutôt qu’on contenu même de la fonction.
Pendant longtemps on a lié l’activité de management avec la position hiérarchique. Cela était possible dans un contexte où manager c’était commander et ou le degré d’autonomie des collaborateurs était faible. Aujourd’hui on se rend le plus souvent compte que commander n’est pas manager, que le management est davantage un art qu’une science exacte, et qu’assimiler management à la simple mise en oeuvre d’un pouvoir hiérarchique est un non sens.
Pendant longtemps le sens d’une carrière a été de monter grâce son expertise, ses résultats… de fait on avait de plus en plus de monde en dessous de soi au fil du temps et on devait donc les manager. Très souvent lorsqu’on vous dit « moi demain je veux manager » que faut il entendre ? Que la personne veut s’occuper d’une équipe, l’animer, la faire réussir ? Très rarement. Il faut comprendre « je veux un meilleur statut ». Et si le statut demande de s’occuper d’une équipe et bien tant pis…on s’en occupera. C’est la logique qui a notamment amené des experts à des postes de management parce qu’on a voulu récompenser la qualité de leur travail. Cadeau empoisonné car ils se retrouvent dans une position pour laquelle ils n’ont peut être pas les compétences et où les qualités qui leur ont valu la promotion n’ont plus à s’exprimer. Et dans un contexte qu’on ne maitrise pas on a tendance à devenir directif et tout vouloir contrôler ce qui est le meilleur moyen d’aller à l’inverse des résultats escomptés.
Comme le dit l’article, le rôle d’un manager est d’animer, de convaincre, de servir de conseil à son équipe. Et oui ! Le manager n’est pas le « commandant » d’une équipe, il est à son service pour la faire réussir. Enorme nuance. Il ne faut pas perdre de vue qu’un des sens du verbe « to manage » (que tout le monde limite à « gérer ») est réussir. Bien sur il gère…mais c’est un moyen au service d’un object : réussir. Et comme un seul individu ne peut faire le travail d’une équipe, le rôle du manager est donc de faire réussir ses équipes. Il dispose pour cela d’un pouvoir hiérachique qui est un des moyens de son action. Mais on a tendance à trop souvent penser que manager c’est seulement exercer un pouvoir. Ce qui conduit à certaines aberrations dont l’article nous donne quelques exemples.
Deux choses pour conclure :
– j’aime beaucoup l’image du chef d’orchestre que je reprend souvent à mon compte : les meilleurs chefs d’orchestres ne sont pas brillants avec un instrument. Par contre ils excellent à faire jouer les autres. Manager une équipe demande d’autres qualités que celles nécessaires aux membres de l’équipe. J’ajouterai même que Beethoven était sourd. Le manager doit être une référence comportementale, pas forcément une référence technique.
– un petit rappel sur les rôles du manager selon Mintzberg :
Rôles impersonnels
1. Chef symbolique
2. Leader
3. Agent de liaison
(contacts avec l’extérieur)
Rôles liés à l’information
4. Observateur actif
5. Diffuseur d’information
en interne
6. Porte-parole
(à l’extérieur de l’entreprise)
Rôles décisionnels
7. Entrepreneur
8. Régulateur
(en environnement perturbé)
9. Répartiteur de ressources
10. Négociateur
Source : « Le manager au quotidien » par Henry Mintzberg (Editions d’Organisation)