Les articles fleurissent aujourd’hui sur « comment faire adopter l’entreprise 2.0 », « l’entreprise 2.0 ne transformera pas les organisations »… Tout cela me laisse fort pensif sachant que d’une part je suis convaincu que nous sommes au début d’une évolution majeure du monde de l’entreprise, mais que d’autre part je vois bien les freins que l’on peut évoquer et confirme leur réalité.
En fait, et comme je le disais déjà ici, la question est bel et bien de savoir de quoi nous parlons. Seriez vous étonné que je vous dise que j’ai beaucoup apprécié une note récente de Tom Davenport intitulée « pourquoi l’entreprise 2.0 ne changera pas les organisation« . Si cette note a pu en inquiéter quelques uns je pense au contraire qu’elle est une vraie bouffée d’oxygène. Car c’est en restant lucide que l’on évitera de planter un des concepts les plus intéressants de ces dernières années.
Quel est le constat de Tom Davenport ? Que l’entreprise reste malgré tout un ensemble hiérarchique et politique et que l’adoption de blogs et de wikis ne suffira pas à la transformer. Ce disant il met le doigt sur ce qui me semble être un énorme malentendu trop souvent passé sous silence sous pretexte de consensus apparent : si se dire que l’entreprise 2.0 est l’entreprise qui utilise des blogs, des wikis et des outils du même accabi on est, à mon avis, certains d’aller dans le mur. Le challenge est de transformer une vision de « geek » en une vision corporate.
Je ne le répèterai jamais assez : ces outils induisent un mode de fonctionnement pour l’individu qui va le plus souvent à l’encontre de celui de son écosystème. Tout n’est pas perdu pour autant, bien au contraire.
Effectivement l’entreprise restera un endroit politique et hiérarchique…et c’est bien heureux car le fonctionnement de telles structures ne souffre pas l’improvisation. Mais il existe différentes formes de hiérarchies, de politiques.
Comme Davenport le dit « la transformation de l’entreprise ne se contentera pas des outils seuls ». Je dirai même plus : les outils sont la conséquence de la transformation de l’entreprise et je trouve éminemment dangereux de s’imaginer que poser un outil quelconque sur un intranet va tout d’un coup rendre une entreprise réactive, collaborative, synergique etc…
L’outil 2.0 se conçoit dans le cadre d’un ensemble global englobant la dimension des interactions interpersonnelles. Travaillons sur l’entreprise et les outils s’imposeront d’eux-même. L’entreprise 2.0 n’est, pour moi, pas caractérisée par l’usage de tel ou tel outil. Elle est caractérisée par une démarche de progrès interne qui rend indispensable l’usage d’outils adaptés. Nuance. En faire une affaire de technique, donc de techniciens, risque de dévoyer un projet originellement bénéfique. Je ne peux qu’acquiescer à cet excellent billet de Jane McConnell.
Pour conclure n’oublions jamais (à force de le répéter ça va finir par rentrer) que c’est la fonction qui crée l’organe et pas le contraire. Un être humain a des poumons pour respirer, il ne respire pas parce qu’il a des poumons. On n’adopte pas un outil pour lequel il n’existe pas de besoin par rapport à son travail (voir également chez Jason Kolb à ce sujet).
En conclusion, l’entreprise 2.0 n’est ni impossible, encore moins dangereuse, et il y a bel et bien moyen d’avoir une adoption des outils correpondants dans le cadre d’une évolution permettant un gain notable à la fois pour l’entreprise et pour l’individu. Il suffit juste de prendre la question par le bon bout.