Communauté bien ordonnée commence par des objectifs partagés

Il fallait s’y attendre, la nouvelle est tombée cette semaine : le web 2.0 ça ne marche pas. La preuve c’est écrit partout. L’info venait d’un article de CNET et s’est propagée comme une trainée de poudre : personne ne collabore sur le web collaboratif. Diantre, m’aurait on menti à  l’insu de mon plein gré ?

Faut il dès lors penser que nous nous serions tous encore laissé berner ? Qu’on refait le coup de 99-2000 alors même que nous avions promis qu’on nous y reprendrais plus ? Un « shoot » pareil en pleine phase d’évangélisation pourrait en effrayer plus d’un et remettre en cause la croissance d’une industrie naissante, quitte à  jeter, encore une fois, le bébé avec l’eau du bain. Et en tout état de cause je trouve la nouvelle plutôt rassurante, que ce soit pour les acteurs de cette industrie, pour leurs clients, et ceux qui financent le tout. Pourquoi ? Parce que cela prouve que tout cela ne repose justement pas sur du n’importe quoi.
Que met donc en lumière l’article de CNET ? Le fait que sur les grands sites « communautaires », malgré une audience sans cesse croissante, à  peine 5% des utilisateurs sont vraiment contributeurs…et les Cassandres de crier sur tous les toits que le modèle est mort et que c’est la fin.

Déjà  je m’élève contre une méprise : le net 2.0 (qu’il soit inter ou intra), n’est pas plus participatif ou collaboratif par essence que son ancêtre des années 90. Il est communautaire. Et c’est de la communauté que nait le besoin, l’envie, la volonté de participer, partager, collaborer.

Et ça n’est pas parce qu’une plateforme offre la possibilité à  tous de faire tout cela que tout le monde le fera. J’aimerai bien avoir la répartition des « quelques » actifs de ces plateformes. Je suis certain qu’on se rendrait compte qu’ils participent sur des sujets précis et intéragissent avec des groupes précis. L’activité de la plateforme x ou y importe peu, ce qui compte c’est celle des groupes formalisés ou informels au sein de cette plateforme.

Donner son avis, publier du contenu, des photos, des vidéos, a du sens par lui-même lorsqu’on découvre ces outils, pour voir. Mais sans finalité précise on redevient vite spectateur. On peut être spectateur à  certains endroits car on n’y trouve pas la dynamique qui donne envie de s’impliquer et acteurs à  d’autres car on se sent concernés et impliqués.

Les « endroits », micro zones de ces plafeformes, où le ratio contributeur / visiteur est le plus important, sont ceux où se réunissent des individus partageant un centre d’intérêt commun, un objectif, une vision, et l’envie d’avancer ensemble. Là  ou ne se croisent que des individus qui ne savent quoi donner…il ne se passe rien.

Créez une communauté « vierge » et invitez y vos amis, « web ready » ou non. Je pense que le succès sera plus que mitigé. Dites que cet endroit vous servira a coordonner l’organisation de vos prochaines vacances communes ou le prochain diner de promo, nul besoin d’invitation pour que les plus motivés arrivent en courrant.

Donnez du sens, un objectif, reliez l’intérêt individuel à  celui du groupe, et vous aurez l’effet désiré. Laissez un champ de possibilités immenses mais sans objectif à  atteindre ni direction à  prendre vous n’aurez que des visiteurs fantômes.

Il en va de même pour l’animation des communautés intranet : l’intranet communautaire doit faire sens pour devenir participatif et collaboratif. Sens pour l’entreprise, sens pour l’individu.
C’est pour cela que finalement je trouve tout ceci rassurant : l’outil communautaire intra-inter net ne vivra pas sur vent, il grandira sur ce qui a du sens et pour ses utilisateurs et pour son initiateur. C’est à  mon avis plus important qu’un concept qui générerait de l’implication (donc serait demandeur de temps) pour du vent non ?

On vient peut être de découvrir une forme de darwinisme propre au phénomène 2.0 : ne fonctionnera et survivra à  terme que ce qui a un sens.

C ‘est ce qui me persuade d’autant plus que les solutions 2.0 donneront en entreprise des résultats inespérés une fois une certaine maturité acquise : s’il est un endroit où la quête de sens est sans cesse plus importante au sein d’une communauté, et pour l’intérêt de tous, individus comme groupe, c’est bien l’entreprise. Ce qui rend l’adoption de ces solutions beaucoup plus dépendantes de l’implication managériale que de la maitrise technique d’ailleurs, la primauté du facteur humain en la matière n’étant pas pour me déplaire.

Et surtout, n’oubliez pas, devant la profusion des outils, des moyens, des possibilités, qu’il revient aux leaders, animateurs, sponsors, d’une plateforme quelle qu’elle soit, de donner le sens qui fera que l’internaute ne deviendra pas un agoraphobe du net (netagoraphobe ?).

Car en fait la question de fond est celle-ci : devant ces nouveaux espaces qui s’ouvrent à  nous chaque jour, comment baliser le chemin afin que l’internaute en phase de découverte de ces nouveaux mondes et usages ne soit pas saisi par la peur des grands espaces.

Au fait ma conclusion à  l’article de CNET ? Aucune inquiétude à  avoir, au contraire, le bébé apprend à  marcher.

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Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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