A entreprise 2.0 sale con 2.0

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Certains savent que je suis un « fan » de Robert Sutton dont je trouve les réflexions sur l’innovation et le management très en phase avec la mouvance 2.0. Je me suis plongé il y a quelques semaines dans la lecture d’ « Objectif Zéro-sale-con« , plus prosaà¯que que ses écrits habituels mais qui n’est pas sans donner quelques idées sur le management de l’entreprise 2.0.

Quel est le sujet du livre ? Les individus qui par leur comportement mettent en permanence leurs collègues et subalternes en état de stress, de défense, les dévalorisent en permanence. Cela passe par nombre de comportements largement décrits dans l’ouvrage qui vont de la brimade publique au dénigrement systématique. Le sale con est celui qui vous empêche de vous épanouir, qui fait incidemment baisser la productivité de son équipe dont les membres se ferment et se recroquevillent dès lors qu’il apparait dans le bureau. Nous avons tous forcément connu des personnes de ce type. Notons toutefois que certains ne sont des sales cons qu’occasionnellement alors que d’autres en font un style de vie…et que nous pouvons tous devenir des sales cons du jour au lendemain si nous n’y prenons pas garde. Des comportements qui ne sont en tout cas pas sans rappeler le « management » par la peur dont il parle dans The Knowing-Doing Gap et qui est un frein réel à  l’agilité de l’entreprise.
La gestion du sale con est également un élément clé dans le passage à  l’entreprise 2.0. Ca n’est pas parce nombre d’intéractions qui n’avaient pas lieu avant prendront place sur l’intranet dit social que le sale con est éradiqué. Bien au contraire il peut faire rater la transformation de l’entreprise à  lui tout seul, et la présence d’un seul peut anéantir un groupe de plusieurs miliers de personnes, là  ou sa nuisance s’arretait auparavant aux frontières de son bureau.

Imaginez un individu qui va systématiquement effacer et réécrire à  sa manière le travail fait par toute une équipe sur un wiki. Un individu dont les commentaires sur les blogs de l’entreprise se borneront à  des lapidaires « c’est nul ». Je vous passe les harangues monomaniques forcément jalonnées de phrases entières en gras voire,pire, en majuscule. Que pensez vous qu’il adviendra de l’engagement de ceux qui auront proposé une idée pour faire avancer l’entreprise. Quand bien même à  terme leur bonne idée pourrait être récompensée, pensez bien qu’ils se garderont bien d’en proposer une nouvelle. Et que votre groupe de travail abandonnera le wiki pour de bonnes vieilles réunion.

Remarquons enfin que notre sale con 2.0 ne sera peut être pas toujours notre tyran 1.0 que l’on aurait upgradé. Il se peut que par manque d’aisance à  l’écrit ou parce qu’il se saura vu de toute l’entreprise notre énergumène adopte des comportements plus compatibles avec la vie en société. Ou qu’un autre ne devienne un sale con que par manque d’adresse dans l’écrit, qu’il confonde social computing et SMS ou Instant Messaging.

Ceci est loin d’être un tableau négatif, bien au contraire. Car le passage à  l’entreprise 2.0 et l’adoption du social computing peuvent permettre, non d’éradiquer, mais faire diminuer ce fléau managérial. Car si je maintiens que la formation à  l’utilisation des outils concernés est simplissime, c’est également l’occasion de sensibiliser les individus à  leur expression online. De poser quelques règles : toujours critiquer de manière constructive et argumentée, ne pas oublier de dire ce qui est bien dans une idée, et de penser que l’on se s’adresse pas à  des machines mais à  des êtres humains. L’hypervisibilité des comportements devrait enfin en amener quelques uns à  se montrer sous un meilleur jour. Car le sale con est souvent un mec bien, c’est la manière dont il se comporte qui n’est pas alignée sur les exigence de la vie en communauté. Et là  nous tenons une chance énorme d’insuffler de nouveaux comportements sans pour autant avoir à  remettre en cause la personne, chose à” combien difficile. Et si l’entreprise 2.0 aidait à  transformer les sales cons 1.0 en types biens 2.0 ?

Cela signifie également qu’il est indispensable d’impliquer dans vos projets de social computing des individus ayant cette culture des bons usages sociaux du net. Voire d’aller en chercher chez des partenaires extérieurs s’ils vous font défaut en interne. Une bonne « netiquette » se conçoit en amont et se met en place en douceur.

Si les sales cons vous intéressent vous pouvez également suivre le blog français dédié au livre.

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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