Je lis un peu partout des article sur la révolution que va constituer l’entreprise 2.0. Nous avons déjà vu ici et là qu’il s’agit de quelque chose de relativement complexe tant les moyens à mettre en œuvre diffèreront d’une entreprise à l’autre, en fonction du contexte et des objectifs poursuivis (ce qui sera l’objet de billets à venir). S’agit il pour autant d’une révolution ?
A mon avis, et même si cela pourra en surprendre quelques uns, le terme de révolution est exagéré…
Tout d’abord, parce qu’en étant pragmatique, la révolution est le mode de progrès le moins adapté à l’entreprise. Elle n’y a recours qu’en cas de crise de profonde…et à moins que je ne me trompe, notre objectif est justement de nous soucier de la performance et de la pérennité de l’entreprise afin qu’elle n’en arrive jamais à ces douleureuses et périlleuses extrémités.
Lorsque qu’on regarde la multitude de leviers utilisables on comprend bien que tout ne sera pas employé, en tout cas pas en même temps, et pas dans les mêmes proportions. On me rétorquera qu’il y a pourtant bien eu une révolution Taylor, et qu’à changement de contexte équivalent correspondra un changement d’organisation équivalent.
Je ne pense pas une seule seconde que l’ami Taylor avait l’intention de révolutionner l’entreprise. Il a mis au point une méthode dont ont été tirées une foule de conclusion. Appliquées aux différentes fonctions de l’entreprise, ces ajustements locaux ont fini par provoquer une réelle transformation globale, sans pour autant qu’on ait eu, au départ, l’intention d’introduire de tels bouleversements. D’ailleurs à l’époque nul ne tenait un tel discours : c’est avec du recul et quelques décennies plus tard que l’on s’est rendu compte du chemin parcouru.
Il en ira de même, je le pense, avec l’entreprise 2.0 : il s’agira d’une foule de petites avancées qui, au bout de compte, fera que l’on arrivera à quelque chose de sensiblement différent de ce que l’on connait aujourd’hui. Et c’est avec le recul, dans quelques années, que l’on se dira (ou non d’ailleurs) qu’une révolution a eu lieu.
Ne confondons pas ici le constat a posteriori et ce qui doit guider les actions au quotidien, dans le présent. Il est dangereux de chercher à tout révolutionner au quotidien, et beaucoup plus efficace et productif d’essayer de se fixer des objectifs abordables et raisonnables. Et rassurants par la même. N’oublions tout de même pas que si elle est consciente de devoir évoluer, l’entreprise se doit tout de même de sécuriser ses mouvements.