Vous l’avez lu à peu près partout ces derniers jours, Serena Sofwtare a suscité l’intérêt de nombres d’observateurs en incitant ses collaborateur à aller sur Facebook. Une nouvelle d’autant plus intéressante à l’heure où l’on accuse cette plateforme de tous les maux, et notamment de faire perdre 375 millions d’euros aux entreprises.
Inutile de reprendre toute l’affaire, je vous envoie chez Indice Rh ou Pascal Veilleux qui ont documenté l' »affaire Serena et tentons de prendre un peu de recul.
Pour le Président de Serena, maintenir un esprit communautaire et créer du lien dans l’entreprise est un facteur de réussite et de performance. Remarquez qu’on apprend rien de nouveau ici tant c’est une donnée Rh connue de tous depuis des lustres, mais la différence est que notre homme, contrairement à nombre de responsables, a compris qu’on ne créait pas du lien à coups d’emails et de workflows et qu’il fallait quelque chose de plus : des outils dédiés à ce type d’intéractions plus informelles et qualitatives. C’est aussi se doter de l’état d’esprit et des bonnes pratiques qui permettront non seulement d’attirer les natifs de l' »internet generation » mais également d’exploiter leur plein potentiel.
Vous me direz qu’il existe des outils largement plus adaptés que Facebook pour faire du réseau social en entreprise. Effectivement (je suis bien place pour le savoir !) mais son but n’est visiblement pas de créer un réseau social de travail, mais de créer du lien tout court. Cela lui permet également d’avoir la « main » sur la présence de son entreprise sur Facebook. Je pense que nombre de dirigeants du CAC seraient surpris de voir le nombre de groupes non officiels portant le nom de leur entreprise et animés par des collaborateurs. Cela a un effet indiscuttable sur la visibilité de l’entreprise par rapport aux nouveaux profils que nous évoquions.
Même si je ne conçois pas que Facebook puisse devenir un support de travail dans le cadre d’un projet d’entreprise, c’est une bonne manière de démarrer et de créer du lien avant, peut être de passer à autre chose, d’adopter les bonnes pratiques avant d’aller plus avant.
C’est en tout cas un merveilleux terrain d’apprentissage pour les collaborateurs qui peuvent s’essayer au networking « à blanc » avant de passer au participatif en conditions réelles dans l’entreprise. C’est une forme de comportement (et de management) qui se vit et s’acquiert mais ne s’apprend pas, donc apprendre par la pratique est la meilleure des choses. Et ce, tout en étant décomplexé par l’exemple proactif de la direction qui manque trop souvent lorsque de tels projets sont initiés dans l’entreprise.
Alors bien sur on peut considérer que Serena est un cas à part. Effectivement à ce que je sache. Quoique non….il me semble que mes amis de chez Angie aient été largement incités à découvrir et, surtout, comprendre Facebook pour comprendre de quoi sera fait demain. D’ailleurs cela tombe bien ils, commencent à livrer leurs premières observations. Par ailleurs, comme le dit l’article de trends.be cité plus haut :
C’est le cas d’IBM ou de SAP, par exemple, qui y voient nombre d’avantages en termes d’image et un certain gain de temps dans les échanges. «La plupart de nos collaborateurs sont inscrits et actifs dans ce type de réseau, et y ont un accès non monitoré, pointe Pascal Demat, HR solution architect chez SAP. Quant à une éventuelle perte de productivité, nous l’estimons proche de zéro.»
Le première réflexe, mathématique, est de dire que « plus de facebook = moins de temps de travail = moins de productivité ». Je ne pense pas car l’individu arbitre naturellement son temps de manière à remplir ses tches quotidiennes. Peut être travaille t’il inconsciemment plus vite pour se dégager du temps par ailleurs…et interdire facebook ne fera que lui faire reprendre son ancien rythme, voire augmenter ses pauses ou ses envois de mails « non professionnels ». Que je me souvienne, au début des années 2000, facebook n’existait pas mais qu’est ce qu’on s’envoyait comme c….. entre collègues au boulot.
J’ajouterai également que ce calcul correspond à une logique d’aveuglement : comme le dit très bien Alexi Mons, l’entreprise 2.0 cherche son ROI mais les organisations ne calculent pas leurs pertes. Il vaudrait peut être mieux se donner la peine de calculer l’argent perdu en raison du manque de lien dans l’entreprise, en raison de l’absence d’intéractions tacites dans les réseaux informels dont McKinsey prouve l’impact sur le bas de bilan, du chiffre d’affaire « non gagné » en raison de grosses lacunes dans l’exploitation des réseaux externes. A ce titre j’ai assisté, mardi, à une intéressante intervention d’Hervé Bloch dans le cadre de « marketing perso« . Il reconnaissait passer plusieurs heures par jour à gérer ses réseaux via LinkedIn, Viadeo et…Facebook. On peut s’interroger sur la pertinence de Facebook dans ce contexte, mais comme le disait l’intéressé « Facebook c’est plutot les amis…mais entretenir le lien avec les amis permet qu’ils nous ouvrent leurs contacts professionnels ». Là n’est pas la question : chiffres à l’appui il nous a énoncé son chiffre d’affaire « provenant directement des réseaux » et les « primes en découlant ». Au vu des chiffres annoncés, réseauter sur le net est visiblement très rentable…
Et pour clore ce long billet, et afin d’être totalement complet sur le sujet, on ne peut pas ignorer le cas d’entreprises qui, elles, font le choix totalement inverse, bloquent les accès à ce genre de site, voire interdisent à leur salariés de tenir un blog, comme Whole Foods. Qu’en penser ? J’ai eu l’occasion, hier, d’assister à une intervention de Don Tapscott qui présentait la version française de Wikinomics et d’échanger quelques mots avec lui. Sur un sujet similaire il disait à peu près cela « nul besoin de longues réflexions pour comprendre vers où souffle le vent…autant faire de tous ces changements des opportunités qu’essayer de lutter contre l’inéluctable ».