Valeur 2.0

A l’heure où tout le monde s’échine sur la définition de l’entreprise 2.0 et sur son ROI, essayons de revenir aux fondamentaux : la création de valeur. Car si la définition n’intéresse que les praticiens (pour le destinataire, l’entreprise, laissez moi vous dire qu’il s’en moque royalement : tant que ça marche peu importe le nom) le ROi n’est qu’une manière détournée de poser LA question fondamentale : comment je crée de la valeur. Peu importe le nom que ça porte, il faut créer de la valeur.

Il y a, en gros, deux manières de créer de la valeur : en faisant quelque chose mieux que les autres et moins cher et en faisant quelque chose que les autres ne font pas.

Sur le premier point force est de reconnaitre que l’entreprise n’a guère besoin de nos lumières. Les méthodologies visant à  atteindre une qualité optimale dans le produit et dans le process de production sont légion (même si souvent leur application est loin d’être évidente). Produire plus à  ressources égales (voire inférieures), à  qualité égale (et proche du zéro défaut) grâce à  un process lui même soumis à  ce même soucis de perfection. Réplication, scalabilité, voici les maitres mots.

Reste la seconde branche. Et là , force est de reconnaitre qu’on est totalement à  coté de la plaque. Car créer, proposer, innover, améliorer, ça ne se décrête pas, ça peut venir de tout le monde (et spécialement de ceux qui sont confrontés aux problèmes sur le terrain) et ça demande un mode de fonctionnement différent. Demandez aux gens de 3M ce qu’ils en pensent…

Le problème aujourd’hui est qu’on est allé tellement loin dans la première voie que le gisement de valeur le moins cher à  exploiter marginalement se trouve dans la seconde. Le second problème est que si on crée une organisation totalement efficace sur le second point on risque fort de faire table rase de ce qui a été fait auparavant avec la conséquence suivante : on invente mais on ne sait plus produire ce qu’on a inventé. On améliore mais on entraine des regressions à  la périphérie.

Construire une organisation uniquement axée sur ce second axe est donc une hérésie. Mais continuer comme avant alors que le contexte demande justement d’innover en permanence, d’utiliser au mieux le potentiel de chacun, d’utiliser au mieux les réseaux informels c’est également se tirer une balle dans le pied.

Que faire ?

Et bien très simplement : exploiter les deux branches mais en gardant en tête le but premier (créer de la valeur et un avantage concurrentiel réel) afin d’éviter les interactions à  somme négative et développer les intéractions à  somme positive (tout le monde à  bien compris que les jeux à  somme nulle ne sont qu’une vue de l’esprit dans le monde de l’entreprise).

Et cela n’est pas si compliqué qu’il peut y paraitre. Il faut commencer par suivre les process avec attention et se demander à  quels moments la personne est « livrée à  elle même » et doit s’en retourner vers les autres pour trouver une information, une ressource… bref quand intervient la serendipité. Mettre en place ensuite les outils et les conditions pour que cette serendipité soit possible, puisse s’exercer : permettre l’expression du savoir, l’identification des personnes le détenant, la tenue de conversations permettant d’enrichir la connaissance des uns et des autres sur un sujet, ce qui passe par un peu de « lacher prise » d’une part et la mise en place des outils adéquats d’autre part.

On peut, dans d’autres circonstances, envisager une véritable veille sur ces espaces de serendipité afin d’identifier ce qui mérite d’être réutilisé formellement, réapproprié par l’entreprise.

Cela semble fort simple et d’une certaine mesure ça l’est. En tout cas beaucoup plus qu’on se l’imagine souvent. Il n’y a qu’un seul frein souvent : se rendre compte qu’une partie de la matière nécessaire aux tches quotidiennes ne se trouve pas dans le SI traditionnel et que si on peut mettre en place une méthodologie de résolution de problèmes il n’existe pas de process de résolution automatique. Qu’il y a donc de la valeur hors du process à  condition de bien en définir l’utilisation.

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Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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