C’est grâce à « The Knowing-Doing Gap: How Smart Companies Turn Knowledge into Action » que j’ai découvert Robert Sutton et depuis je ne rate pas un ouvrage de cette personne dont j’apprécie le bon sens et le pragmatisme quelque peu provoquant. Sutton nous livre ici un ouvrage plein de lucidité sur le management, les contre sens et non sens que nous amènent nombre de théories et idées préconçues : Faits et Foutaises dans le management
Devant le besoin d’évoluer nous faisons en permanence face aux mêmes situations :
– on a toujours fait comme ça
– copions ce qui se fait de mieux ailleurs
– adoptons la nouvelle théorie à la mode
– respectons les grandes croyances
– une fois une solution choisie, adoptons la en bloc, sans droit d’inventaire.
En matière d’organisation et de management je ne sais si vous avez eu l’occasion d’en arriver aux mêmes conclusions que moi, mais j’ai bien l’impression que les théories sont nombreuses, pas forcément faciles à appliquer, rarement novatrices (je signale que tout ce qui se dit aujourd’hui sur l’entreprise et le management 2.0 a déjà été écrit entre les années 1950 et 1980 pour l’essentiel), et que pour chaque solution « type » nous avons autant d’exemples de cas où elle a fonctionné que de cas où l’échec a été au rendez-vous.
On voue donc aux gémonies ce qui a connu l’échec quelque part pour copier ce qui a fonctionné ailleurs…ce qui conduit souvent à l’échec et la recherche d’une nouvelle idée magique. Résultat : un grand turnover des théories sans qu’aucun résultat probant et généralisable n’ait été dégagé.
Mais revenons en au livre de Sutton. Sutton passe en revue nombre de croyances et nous prouve qu’elles ne sont en fait que des demi vérités et ne s’appliquent que dans un certain contexte. Un seul révélateur : les faits. Si je ne devais donc garder qu’une ligne directrice une fois ma lecture finie ce serait : ne pas changer pour changer, ne pas se fier aux idées reçues, aller au delà des chiffres, ne pas chercher la nouveauté alors qu’on méconnait une solution existante et surtout ne jamais appliquer un principe aveuglément.
Tiens, cela me rappelle quelque peu ce que l’on vit actuellement avec la fameuse entreprise 2.0. Il faut savoir y prendre ce qui convient à une organisation et un contexte donnés et laisser le reste, l’adapter et le connecter à l’existant plutôt que faire table rase de tout, identifier son besoin avant tout, se souvenir que les idées qui la sous tendent ont déjà été formalisées il y a bien longtemps (le petit monde de l’entreprise 2.0 oublie souvent ses pères…lisez donc ce qu’écrivait Rosabeth Moss Kanter sur la société post-entrepreneuriale), et, dans la mesure où l’on parle de dynamiques entre individus, ne pas faire de blocage a priori sur les chiffres mais regarder les faits.
Bref, exemples à l’appui, Sutton nous apprend à ouvrir les yeux et à privilégier les faits aux concepts nébuleux et idées reçues. Remettre les pieds sur terre profite souvent à la performance.