Si l’entreprise 2.0 vise à développer le fonctionnement des réseaux informels et la formalisation des savoirs tacites de l’entreprise il n’en reste pas moins que la question de savoir comment toute l’énergie dépensée dans ce but concoure véritablement à créer de la valeur.
En effet, et j’en fais une priorité dès qu’un tel projet voit le jour : il faut organiser l’appropriation de tout ce patrimoine immatériel au profil de ce que j’appelle, par opposition, le business formel. Car la création de valeur, elle, correspondra toujours à une logique structurée.
Soit dit en passant, je ne pense pas que le terme « énergie dépensée » employé plus haut soit vraiment juste. Je pense qu' »éenergie « récupérée serait plus juste. En effet, les réseaux existent mais ne sont pas mis à profit, ou très peu et dans un périmètre limité peu propice à la sérrendipité, les savoirs tacites existent mais seulement à l’échelle de l’individu voire de son réseau le plus proche mais ne sont en aucun cas valorisables à l’échelle de l’organisation.
Mais revenons à la question de l’utilisation de tout cela dans le cadre des activités formelles sans laquelle tout ce qui relève de l’entreprise 2.0 n’a pas de sens.
Grce à Outils Froids j’ai mis la main sur un article très intéressant au sujet de l’avenir de la Business Intelligence.
Je me permet de reprendre les points mis en exergue par Christophe Deschamps :
- Au fur et à mesure de l’augmentation de la pertinence et de la qualité des résultats produits par ces nouveaux outils, le poids des données non structurées va progressivement augmenter dans le processus de décision pour se rapprocher de son poids réel dans le système d’information (on parle souvent de 80% d’informations non structurées pour 20% d’informations structurées). Avec un peu de recul, on se demandera certainement pourquoi nous avons jusqu’à présent dépenser autant d’effort pour n’exploiter que 20% de l’information disponible. »
- « L’histoire du décisionnel ressemble par plusieurs aspects à l’histoire de l’ivrogne qui cherche ses clés sous un réverbère, non pas parce qu’il a la conviction de les avoir perdues à cet endroit, mais parce que c’est le seul endroit où il y a de la lumière. La focalisation initiale des éditeurs décisionnels sur des données structurées plus faciles à agréger relève du même état d’esprit. »
- « N’étant pas incorporées dans le reporting produit par les outils décisionnels, ces éléments qualitatifs se retrouvaient au mieux relégués parmi les annexes du rapport principal composé de tableaux de chiffres et de graphiques. »
- Initiée il y a maintenant plusieurs années, la bataille des données structurées est terminée dans nombre d’entreprises alors que celle de la maîtrise des données non structurées ne fait que démarrer.
- L’émergence de systèmes décisionnels couplant données structurées et non structurées représentent une chance tant pour des éditeurs en quête d’un nouveau champ de bataille que pour les managers convaincus que la réalité est souvent plus complexe qu’un tableau de chiffres.
- Ce changement de paradigme, appuyée par ces nouveaux outils, est tout simplement révolutionnaire et fait voler en éclat l’ancienne frontière entre l’informatique décisionnelle (business intelligence) et de l’intelligence économique (competitive intelligence) pour le plus grand bénéfice des décideurs en entreprises.
- Ce composant critique (le moteur de recherche) va rapidement devenir le point d’entrée unique de l’information d’entreprise permettant l’agrégation de l’ensemble des données disponibles, qu’elles soient structurées ou non. C’est autour de ce composant central d’accès à l’information que viendront se brancher les briques décisionnelles d’analyse et de présentation de l’information.
Quelques réflexions en passant :
Avant de penser à utiliser ces savoirs encore faut il penser à les capturer afin de les rendre disponibles. Pour y arriver l’utilisation dans les entreprises de plateformes de type social software (ou web 2.0 pour ceux qui préfèrent) me semble inéluctable. D’abord parce que c’est un moyen aisé de publier ce qu’on sait. Ensuite parce que ces plateformes vivent d’intéractions et de discussions. Si on me demande de livrer à brûle pour point tout mon savoir je serai bien en peine d’y arriver. Par contre au fil d’une discussion, de questions, je peux retrouver et formaliser des choses enfouies dans ma mémoire qui ne réapparaissent que lorsque le bon stimulus est présent, lorsque je suis en situation. N’oublions pas que la forme la forme la plus accessible de savoir reste la discussion.
Second point, la connection ne sera pas que technique, elle sera aussi organisationnelle, humaine. Réinjecter ces savoirs c’est en effet savoir identifier une best practice quelque part et la déployer ailleurs. C’est identifier un signal faible et décider d’agir. Même si les outils vont permettre de mettre certaines choses en évidence il sera essentiel qu’une personne décide, serve de passeur. J’ajouterai également que les savoirs tacites sont souvent largement contextualisés. Comment des outils de traitement pourront ils identifier qu’une solution qui ne vau que dans de très rares cas est mieux adaptée à un cas de contexte donné que celle dont on a identifié qu’elle était efficace dans 90% des situations ? Je suis convaincu que la part de l’humain dans le duo homme/outil sera plus importante ici que par le passé.
Un petit mot enfin sur le caractère critique des outils de recherche appelé à devenir le point d’entrée unique de l’information dans l’entreprise. Partant du principe que le meilleur moteur de recherche reste (et restera encore longtemps) l’individu, fournir un point d’entrée efficace ne revient il pas, en plus d’un outil de recherche, de donner l’accès à un réseau d’individus. Où l’enterprise social software repointe le bout de son nez…