Fort intéressant billet, comme souvent, sur Internet Actu, a propos du modèle d’innovation de Google : s’agit il d’un exemple à suivre ou d’une anomalie. On y trouve la synthèse de diverses opinions sur la question, soutenant chacune une théorie sur la question.
Je ne compte pas disserter ici sur le modèle d’innovation à la Google mais plutôt sur ce que l’existence même de ce type même de discussion nous apprend.
La question, en effet, n’est autre que : « existe-t-il un modèle absolu à appliquer ? « . Vous devinez sans doute ma réponse : non.
L’échec de nombre d’entreprises est souvent du au fait de prendre un modèle et de l’appliquer de A à Z. C’est méconnaitre la spécificité de chaque entreprise en matière de culture, en termes de positionnement sur le marché, en termes d’écosystème. Bref, chaque entreprise est unique et tout ce qui marche quelque part n’est pas forcément valable ailleurs, et, a fortiori, dupliquer la totalité des pratiques d’une entreprise est encore plus dangereux que d’en copier une mal adaptée.
D’ailleurs la question est posée : Google est il Google en raison de sa manière de fonctionner ou ce fonctionnement est il rendu possible parce que c’est Google avec tout ce que cela implique ?
Dire que le modèle Google est le meilleur reviendrait à reconnaitre que chacun doit le faire sien, en méconnaissant les différences qui existent entre deux entreprises. Dire qu’il ne fonctionne pas (en tout cas aujourd’hui) serait aller un peu vite en besogne. La réalité est sans doute entre les deux : Google est unique car Google est Google. Et c’est certainement la force de ses dirigeants : le comprendre, l’assumer et construire un modèle Google au lieu de recopier le modèle Microsoft ou le modèle Yahoo par exemple (je n’imagine même pas les conséquences de la fusion de ces deux derniers d’ailleurs)
Car le mythe de l’entreprise « comparable » a, à mon avis, vécu, cette époque ou chacun se devait de cloner son concurrent direct afin de pouvoir être comparé point par point et sécuriser les analystes. Aujourd’hui, au contraire, il semble plus utile de développer son unicité, assumer d’être soi même et en tirer toutes les conséquences. Si cela commence à émerger (quoique trop lentement à mon gout) dans le monde des ressources humains avec la notion de marque employeur qui m’est particulièrement chère, on ne sait en tirer encore toutes les conséquences organisationnelles. La marque employeur n’est pas seulement, à mon avis, histoire d’identité et de sentiments intangibles mais également une histoire de pratiques, d’usages « maison ».
Alors plutôt que se questionner sur la pertinence globale du modèle Google, regardons le bien sur car benchmarker ce qui fonctionne est toujours source de progrès, mais essayons plutôt de devenir notre propre Google. Car ce ne sont pas les fameux 20% de temps consacré à l’innovation « personnelle » qui font la réussité de Google : c’est sa culture.