Second point que je retire de ma discussion avec Michel Hervé : l’intérêt pour chacun de communiquer afin rendre l’action globale plus cohérente.
Le constat est évident : dans une entreprise où il faut réagir de plus en plus vite, où chacun est à la fois pris dans son propre « tunnel » mais où chacun est de plus en plus dépendant et influencé par les actes des autres, il est essentiel de recréer du lien par l’information. Pour être plus précis par ce que j’appellerai la « micro information » : on ne parle pas ici d’innonder les individus de flux non désirés et inappropriés mais davantage d’un micro signal, de pair à pair, que je qualifierai de signal social.
Quel intérêt : il s’agit d’améliorer la conscience que chacun a de son environnement, afin que chacun puisse déterminer sa stratégie, son plan d’action, en connaissance de celui des autres. Combien de fois voit on, au sein d’une entreprise, deux individus réinventer la roue chacun dans leur coin ou, au contraire, adopter des stratégies totalement divergentes, charge à l’entreprise de compenser les conséquences de ce grand écart par la suite et réaligner le tout.
C’est également, à mon avis, un des outils qui rendent la subsidiarité possible : s’aider entre pairs avant de faire remonter le problème. Mais pour s’aider encore faut il que chacun sache ce que fait l’autre, ce dont il a besoin, et que l’autre sache ce qu’autrui peut lui amener. La fin de la « communication technique » comme le dit fort bien Louis Schweitzer. Et les solutions trouvées sont donc mises en œuvre plus efficacement car elles ne sont pas « cascadées » de haut en bas mais élaborées au niveau de ceux qui doivent agir et sont confrontés au problème, ce qui permet donc de bénéficier des avantages de la micro-formation.
Cette cohérence dans l’action se double enfin d’une cohérence dans le groupe : ce signal social permet également de créer du lien au sein de l’organisation et renforce ainsi le sentiment d’appartenance.
Et pour conclure un sujet qui m’est cher : ce signal social ne doit pas se limiter aux frontières de l’entreprise. Bien sur il est important en interne, mais émettre un signal vers l’extérieur et capter ceux qui émanent de l’environnement de l’entreprise est également essentiel. On n’innove ni ne crée d’opportunités en se regardant le nombril et c’est ceux qui intéragissent avec l’extérieur qui rendent souvent les choses possibles, qui créent des opportunités.
Pour conclure cela me ramène à une question qu’un ami m’avait posé il y a de cela plus d’un an : il m’avait demandé ce que cette image signifiait pour moi. Ma réponse avait été la suivante :
Pour que l’édifice tienne ce n’est pas celui d’en haut qui décide ce que doivent faire ceux de la base : c’est impossible de piloter autant d’individus en influant autant de facteurs à la fois. Par contre il me semblait que la solidité de l’édifice tenait surtout à sa flexibilité. Ce qui compte c’est la capacité qu’à chacun de comprendre ce qui se passe à ses cotés, au dessus, et en dessous afin de pouvoir procéder non par des mouvements brusques et espacés mais par des micro ajustements permanents. Et pour y arriver il faut pouvoir prendre et donner en permanence des informations à son environnement. Bref comprendre et sentir ce qui se passe plutôt qu’attendre l’ordre de bouger. Je pense d’ailleurs que l’ouà¯e n’est pas le sens le plus sollicité dans cette affaire, à l’inverse de l’oeil et, surtout, du toucher.
Demander à des cadres de reproduire l’exercice serait à mon avis plus formateur que toutes les séances de coaching et de formation.
Bon, il me reste encore à trouver le moyen de prendre un café avec Ricardo Semler. Si quelqu’un a son numéro…