Dans un monde ou tout va vite et où l’homme et la connaissance sont les ressources rares, les entreprises vont être de plus en plus souvent amenées à regarder hors de leurs murs et tisser des synergies avec l’extérieur pour rester compétitives.
J’ai souvent abordé la question ici sans l’angle du crowdsourcing, une démarche qui consiste à associer le grand public à son process d’innovation, selon la même logique que celle qu’on peut appliquer à des partenaires.
Ce sont souvent des logiques gagnant gagnant car chacun à à apporter à l’aure et finalement peu à perdre. Par contre dès lors que deux entreprises sont éventuellements concurrentes celà change tout. Et pourtant…lorsque nécessaire, la coopétition a des vertus plus que bénéfiques.
Quoiqu’il en soit, l’importance des alliance va aller crescendo et il va falloir apprendre à travailler à la fois avec ceux qu’on voyait comme des partenaires mais parfois même avec l’ennemi, ou celui qu’on a fait passer pour tel pendant des années en pensant que le renfermement sur soi et la construction de murs bien placés étaient une bonne recette pour réussir.
Oui mais voilà , dans nombres secteurs la pression sur l’innovation, la nécessité d’aller vite, imposent d’aller vite, très vite. Et on rame plus vite à deux que seul. L’économie de la connaissance impose également souvent l’accès à une masse critique de savoirs pour commencer à développer de réelles synergies, et si on ne dispose pas de cette masse en interne le seul moyen de rentabiliser son capital humain est de développer des connections vers l’extérieur.
Les alliances ne sont pas nouvelles mais elles ont toujours été limitées dans leur périmètre, un « one shot » avec deux partenaires qui se séparent une fois un projet achevé. Il faudra désormais investir sur des choses plus permanentes et plus pérennes. On est plus seulement dans une logique de produire ensemble mais d’apprendre l’un de l’autre et innover ensemble, ce qui implique non seulement un transfert de connaissance mais également la production de connaissances communes. Une révolution copernicienne mais nécessaire. Un schéma qui sur le modèle de l’open-innovation nous amènerait à des « open networks » fondés davantage sur la volonté de faire ensemble que sur des tches imposés. Osé ? Lorsqu’on sait que les alliances produisent quasiment un tiers des revenus des entreprises et échouent pour 70% d’entre elles il faut bien penser à des modèles alternatifs.
Bien sur il y a des risques : celui de s’engager dans un processus qui finalement tourne en rend et dont personne ne ressort rien, celui de donner plus qu’on ne reçoit, ce qui implique de bien veiller à la complémentarité, de travailler d’abord et avant tout sur la confiance surtout lorsqu’on a dit pendant des années qu' »on était les gentils et l’extérieur forcément des méchants ». On veillera également à la compatibilié des cultures : les échanges sont intéractions humaines, fortement dépendantes donc du contexte et les décrêter ne suffit pas à les faire exister, il faut qu’un terreau fertile (et commun) existe. Il s’agit également de mettre en place une gouvernance adéquate, des process qui feront qu’on en sort quelque chose. Et surtout, et c’est surement par là qu’il faut commencer, en alignant les stratégies de chacun et bien définir le scope de d’alliance: en effet on peut collaborer dans une alliance stratégique tout en ayant des objectifs tout à fait différents vis à vis du marché. Il est essentiel de savoir tout cela afin d’éviter les malentendus et faire en sorte que le marché soit équilibré et que les dynamiques prennent corps.
Cela me donne l’idée de vous raconter comment il y a des années General Motors a confié à Toyota le soin de faire fonctionner une de ses pires usines afin d’apprendre des méthodes du japonais…mais peut être que les quelques experts toyotistes que je compte dans mes lecteurs le feront ils dans un commentaire…
Il s’agira ensuite de mettre les individus en réseau en faisant abstraction de l’appartenance à des entités différentes et organiser le partage et la création de savoirs, ce qui nous ramène à des sujets fréquemment traités ici. Et faire comprendre aux DSI qu’il est nécessaire d’avoir des systèmes d’information partagés, ce qui risque d’être assez intéressant lorsque la question de l’hébergement. Chez l’un ou chez l’autre ? La logique du terrain neutre semblerait des lors pertinente et les modèles Saas ainsi que le « cloud computing » pourraient être des outils de choix pour ce genre de démarche car le bilan avantages / peur ressentie est ici d’emblée à leur avantage là où des freins encore nombreux existent pour une utilisation purement interne.
Si vous voulez aller plus loin que cette vue d’ensemble et rentrer davantage dans les détails d’un phénomène qui va certainement impacter profondément vos entreprises d’ici peu, je vous conseille cette excellente étude de chez Deloitte.
Je ne peux toutefois m’empêcher de faire la comparaison avec des dynamiques similaires à mettre en place au sein d’une même entreprise. Là encore tout est question d’alignement, de vision et d’objectifs partagés, de culture, de confiance. A croire qu’on a construit la structure même des entreprises de manière à éviter toute collaboration et toute forme d’échange en interne.
L’entreprise se doit donc désormais non seulement d’organiser le transfert et la création de savoirs en interne mais également avec l’extérieur pour rester compétitive. Qui a dit que les murs tombaient et que le monde était plat ?