Même si la notion de « cloud computing » ne se confond pas celle de social software ou d’entreprise 2.0 et concerne davantage le mode de mise à disposition des outils qu’une catégorie « fonctionnelle » d’outils, elle me permet des raccourcis simples mais éloquents entre ce qui se passe dans les nuages et certaines réalités de terrain qu’on aurait tendance à trop vite oublier.
Je répète souvent que les bénéfices liés aux outils sociaux ne sont pas forcément à rechercher dans les outils eux-même mais dans le travail des collaborateurs qui lui n’a souvent rien de 2.0 et, au final, dans la production. L’intangible n’a de sens, rappelons le, qu’au service du tangible et, quitte à choquer les mes chastes, que lorsqu’il finit par produire des espèces sonnantes et trébuchantes.
On peut faire tout ce qu’on veut en mode « 2.0 » si tant est que ce buzzword veuille vraiment dire quelque chose, mais au final c’est bien sur le plancher des vaches qu’il faut chercher les bénéfices. Quelques exemples en vrac :
– innovation 2.0 mais au bout du compte ce sont des projets nouveaux à mettre en place, que l’on mesurera au gré des bénéfices générés ou des économies réalisées.
– politique 2.0, mais au final on compte les bulletins dans les urnes
– formation 2.0 mais ce qui compte c’est que le « formé » voit son efficacité améliorée et…produise mieux ou plus.
– marketing 2.0, mais si on parle beaucoup de vous je pense qu’au final ce sont les chiffres des ventes qui comptent.
– et de manière générale : « travail 2.0 » mais ce que je vois c’est ma fiche de paie à la fin du mois.
Une fois n’est pas coutume je vais faire un détour par l’internet grand public pour finir ma démonstration avec la démonstration fort lucide que Cyrille de Lasteyrie (Vinvin pour les intimes) qui officie chez Seesmic aux cotés de Loà¯c Le Meur a administré lors du dernier podcamp Montreal.
Cyrille nous a expliqué que toutes les activités « online », notamment dans le domaine de la réalisation de contenus vidéos, étaient chronophages et qu’à un moment il fallait bien les monétiser, chose que bien peu arrivent finalement à faire. Et il revenait sur son « Bonjour America » à titre d’exemple.
« Bonjour America » ne lui a rien rapporté, si ce n’est de l’estime (et chacun sait qu’un banquier n’accepte que rarement cette monnaie pour combler votre découvert). Par contre cela lui a servi de carte de visite pour faire autre chose. Personne ne lui a proposé de financer « Bonjour America » à une grande échelle, mais cela lui a donné des opportunités de faire d’autres choses, plus traditionnelles, mais financées et finançables.
Il me semble que c’est un excellent exemple de beaucoup de choses qui se passent online, en termes de réseau comme de production de contenus : faible valeur en eux même, grande valeur lorsqu’on arrive à en tirer les conséquences dans la vie réelle. Ce ne sont en sorte que des leviers. Des leviers surpuissants mais des leviers qui nous servent à embrayer sur des choses plus concrêtes.
Quelle est la valeur de l’audience d’un blog ? D’un réseau ? De toute l’information que l’on peut trouver sur internet ? Zéro si on ne peut, ne sait ou n’a pas besoin de s’en servir dans sa vie « réelle ». Gigantesque dans le cas contraire. Mais ce qui aura de la valeur ne sera pas l’intangible mais ce que vous aurez fait grâce à lui.
Une réflexion toute similaire, à quelques nuances près certes, pourrait être appliquée au monde de l’entreprise dite 2.0 non ?
Même si ça ne fut pas le seul sujet qu’il a abordé, je vous conseille de regarder la vidéo de sa longue intervention.
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