Lors du dernier YouOnTheWeb avait lieu un concours destiné à récompenser des étudiants ayant réussi à bien développer leur identité numérique. Ce qui, vu du coté employeur, signifie qu’il doit se dégager, au travers de leur présence numérique, une certaine capacité à être pertinent sur une problématique précise.
Pour ce faire des problématiques avaient été soumises par des entreprises partenaires de l’événement afin de partir d’hypothèses rééllement crédibles. Et des étudiants avaient donc candidaté pour chacune d’entre elles. Je faisais donc partie d’un jury destiné à évaluer comment l’identité numérique développée par quelques étudiants pouvait les rendre pertinents sur une problématique de transfert de connaissances intergénérationnelle et d’animation de communauté.
Avant d’aller plus loin, n’oublions pas le postulat de base : nous avons affaire aux premiers « exemplaire » d’une génération hyper connectée, qui partage tout en ligne, et qui développe de manière naturelle énormément d’intéractions avec son écosystème.
Voyons donc ce que cela donne.
Coté factuel, pas grand chose à se mettre sous la dent. Coté blogs pas grand chose qui laisse transparaitre quoi que ce soit d’exceptionnel, et pas grand chose en rapport avec le sujet, à une exception près. Coté réseaux sociaux professionnels, cela va de l’absence totale à une « connectivité » plus qu’embryonnaire. 3 contacts ici, 5 là . Finalement le pompon a été décroché par celui qui, s’il ne démontrait pas de réflexion particulière sur le sujet a intéressé le jury en étant l’initiateur et l’animateur d’un site communautaire, à vocation totalement extra professionnelle soit, mais qui démontre de l’intérêt, quelques prédispositions naturelles et en quelque sorte la preuve par l’exemple.
Passons, là n’est finalement pas la question. Je me suis posé la question de savoir ce que nous attendions vraiment et j’en ai parlé à des personnes membres d’autres jurys afin de voir si le phénomène était général. En effet on peut se dire que vu le sujet, c’était peut être un peu trop avancé pour un étudiant même si je demeure certain que certains doivent avoir une réflexion sur le sujet.
Vu le nombre de blogueurs experts présents, des personnes qui dans leur domaine d’expertise ont su se constituer un réseau et une réputation solide au fil du temps, ça n’a pas été difficile d’avoir quelque chose de pertinent sur la question. De notre propre avis, dans les premiers temps nos blogs n’étaient, comment dire…pas forcément géniaux. Et encore, et c’est un second point notable, nous avons tous démarré avec 3, 5, 10, 15 ans d’expérience professionnelle derrière nous. Ca aide pour être un peu sur de soi et pour avoir une réflexion sur ce qu’il faudrait faire changer. Et même malgré cela, les premiers temps ont toujours été difficiles.
Ce qui expliquerait certaines attitudes (ou non attitudes) qui signifieraient simplement « mais je n’ai à rien à dire alors pourquoi en parler ». D’accord vous pourrez me citer des dizaines de bons blogs tenus par des étudiants passionnés, qui démontrent un vrai intérêt et une vraie connaissance de leur métier, de leur secteur d’activité. J’en connais également qui ont su bien développer leur réseau au fil de leurs stages, des renconres qu’ils ont pu faire, et commencent à en tirer le plus grand bénéfice avant même la fin de leur cursus. Mais par rapport au postulat de départ énoncé au début de cette note c’est un peu limité quand même non ?
Ce qui m’inspire cette double réflexion à l’égard des recruteurs et des étudiants.
Pour les étudiants je commencerai pas dire que ça n’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il ne faut pas prendre sa place. Même a minima. Un espace numérique où on vous trouvera si on vous cherche. Et où les informations disponibles sur vous seront celles que vous aurez désiré mettre en valeur. Ensuite faites grandir cet espace au fur et à mesure que vous avancerez. Pas besoin de chercher « la » grande idée : un simple rapport d’étonnement permanent peu avoir beaucoup de valeur et faire naitre, chez vous, une vocation sur un sujet précis. A minima donc un blog et une présence indispensable sur linkedIn et Viadeo : même a 22 ans on a un réseau : collègues rencontrés en stage, camarades de promo, professeurs, autres blogueurs rencontrés… N’oubliez pas que c’est ce réseau qui peut penser à vous lorsqu’un de leur contact leur demande « dis, tu ne connais pas un profil comme ça…. » (expérience vécue personnellement il y a peu…ce qui m’a permis de recommander l’étudiant idéal pour le poste).
Coté recruteur ne vous attendez pas, ou rarement, à trouver le mouton à 5 pattes : le recul d’une personne expérimentée et des solutions à la pelle à tous vos problèmes. Sur ce genre de profil il faut également apprendre à lire entre les lignes et détecter une ouverture d’esprit, un intérêt, un potentiel. Après tout vous cherchez un jeune diplômé. N’ayez pas à l’esprit les « blogs référents » sur le sujet en question : s’ils ont plus de contenus et de matière, de recul, c’est justement en général parce que ce ne sont pas des jeunes diplomés.
La réputation et l’identité numérique ne sont donc pas réservés à eux qui ont assez d’expérience pour avoir des choses à dire. On les travaille avec le temps, on les alimente au fur et à mesure que l’expérience grandit. En contrepartie il faut bien être conscient de ce qu’on peut s’attendre à trouver en fonction de ce qu’on cherche.
Deux autres remarques pour terminer :
On note attentisme flagrant des étudiants sur la question, qui n’ont pas conscience qu’ils peuvent tenir un propos professionnel de qualité ni que leur CV ne suffit que très rarement à être différenciant à la sortie de l’école.
La question ici était, devant une candidature, d’évaluer la réputation numérique du candidat. On peut également se dire que le vrai enjeu est d’être identifiable par ceux qui cherchent « quelqu’un qui » sans avoir de nom en tête, sans savoir que vous existez. A méditer…