Il ne peut y avoir de stratégie « entreprise 2.0 » (car c’en est une)

Il s’agit d’un autre malentendu fréquent. Quelqu’un demande « mais quelle stratégie pour devenir une entreprise 2.0 » et l’on a envie de répondre « mais pourtant c’est clair, on vient de le dire, et tu l’as dit toi même ». Bizarre non ?

Reprenons depuis le début. Un principe : l‘entreprise est là  pour produire, ses collaborateurs pour participer à  cette activité de production et, partant de là , il convient de rechercher en permanceles outils et modes opératoires les plus performants pour produire dans un contexte donné. Un exemple : Cisco.

Un questionnement existe et se renforce depuis quelques années : eu égard à  l’évolution de l’économie, de la demande, du contexte, comment décloisonner l’entreprise, la rendre plus flexible, rendre le collaborateur raisonnablement autonome et l’outiller afin qu’il soit le plus efficace possible avec des flux d’informations et non des flux physiques. Et mettre en place les outils nécessaires. C’est ce qu’on appelle globalement « l’entreprise 2.0 ».

C’est tout simplement cet ensemble qui a été de manière globale appelé entreprise 2.0. J’en avais d’ailleurs donné une définition quelque peu verbeuse il y a plusieurs années en la définissant non de manière statique comme un résultat mais comme quelque chose de dynamique, un ensemble de moyens à  mettre en œuvre.

Essayer de chercher une stratégie pour faire l’entreprise 2.0 revient à  réflechir « en boucle » sans risque d’en sortir puisque l’entreprise 2.0 est le nom donné à  la stratégie (ou plus exactement à  une partie de celle-ci).

La stratégie entreprise 2.0 et, l’exemple CISCO le prouve, revient donc à  utiliser les boites à  outils classiques pour mettre en œuvre les composantes du projet qu’on a dénommé entreprise 2.0 et non à  mettre en œuvre l’entreprise 2.0 en espérant que ses composantes auxquelles on a pas envie de s’attaquer se mettent en œuvre par hasard.

En effet il existe des outils bien connus des professionnels des RH et du management pour mettre en place un style de leadership défini, pour faire évoluer le style de management, pour rendre cela possible par des processus d’évaluation et de rémunération adéquat qui créent le sens et l’alignement etc. Toute DSI sait déployer des outils et assister les utilisateurs (et au pire il reste le Saas). La liste est longue mais il n’y a rien de nouveau pour des professionnels aguérris.

Il me semble seulement que le « comment je fais l’entreprise 2.0 » signifie juste « je ne veux pas m’attaquer à  tout ça alors je fais l’entreprise 2.0 et tout va se mettre en place seul ». Sauf que faire l’entreprise 2.0 c’est justement s’attaquer à  « tout cela ».

L’entreprise 2.0 n’est pas une baguette magique qui évite de s’attaquer aux questions importantes et structurantes. Elle est justement la conséquence du fait qu’on s’y attaque. Inutile donc de lui donner une stratégie car elle est stratégie elle-même. Elle est le nom donné à  ce qu’il faut faire donc inutile d’aller chercher plus loin.

On en revient au problème des malades qui ne veulent pas se soigner.

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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