Le web 2.0 autrement appelé « web social » et l’entreprise du même qualificatif sont nés sur l’hypothèse suivante : au sein d’un périmètre humain donné l’information gagne à être systématiquement partagée et les discussions publiques partant du principe qu’on ne sait jamais qui est susceptible d’enrichir le travail de l’autre, lui apporter une solution, et qu’il est plus efficace de laisser chacun se positionner sur l’information qui l’intéresse que de pousser cette dernière à ceux qu’elle n’intéresse pas tout en ignorant ceux dont on ne sait pas qu’elle peut les intéresser.
Bien entendu j’attire votre attention sur la notion de « périmètre » : on ne parle pas de libérer l’information aux quatre vents mais au sein d’un périmètre déterminé en fonction de contraintes propres à chaque situation. C’est ainsi que sur internet on peut publier sur un blog ou au sein d’un groupe d’amis sur Facebook, voire d’une communauté professionnelle sur LinkedIn et qu’au sein de l’entreprise on pourra s’adresser à tous, aux membres de son département, de son équipe…
Force est de reconnaitre que tout le monde n’est pas à l’aise avec cette logique. Tout d’abord parce que pour la plupart nous avons été professionnellement éduqués à faire exactement l’inverse, à garder l’information pour soi et à voir l’autre comme un danger plutôt que comme une opportunité. Ensuite, parce que c’est très humain d’avoir toujours peur du regard des autres sur son travail, surtout lorsqu’il est encore inabouti. Ce qui provoque d’ailleurs un drole de paradoxe puisque c’est quand nous avons le plus besoin de l’avis des autres (projet en chantier, mode résolution de problème…) qu’on rechigne le plus à partager avec eux.
Bien sur, cela peut en partie se résoudre organisationnellement. On décide que tel type d’information doit être partagé, c’est dans le workflow et c’est comme ça. Bien sur on démarrera avec des informations dont le partage est acceptable pour la majorité, quitte a pousser plus loin lorsqu’ils se seront rendu compte qu’au final c’est moins difficile que ça en a l’air. Si on ne peut arriver à tout avec un baton et une carotte, cela permet parfois de donner le mouvement initial.
Mais cela ne règle pas tout : il y a une dimension profondément liée à l’inconscient individuel et collectif qui ne change pas d’un claquement de doigts. En attendant le déferlement promis de la Generation Y, de son ultraconnectivité et de sa science du partage à bon escient, il faut bien apprendre à faire avec les mauvais reflexes acquis par tout ceux qui ont à peu près 30 ans et plus.
Cela revêt une double importance tant dans la composante humaine du projet de changement que dans la manière même dont on doit penser les outils qui seront mis à disposition.
Doit on penser qu’il faille s’aligner sur une logique où tout (ou presque…soyons raisonnables) a vocation à être partagé ? Ou sur la logique qui veut que tout soit vu au regard de besoins purement individuelles (tout ce que je fais ne sert qu’à moi, pour mes objectifs) avec la possibilité, lorsqu’on en a besoin, de rendre une information publique dans un certain périmètre, ce qui au départ est peut être plus sécurisant pour beaucoup de monde ? Si le résultat final doit être similaire dans les deux cas, la logique utilisée pour faire rentrer le collaborateur dans la démarche, elle, n’est pas du tout la même.
Bref, est il plus simple de partir d’une logique purement individuelle et d’amener le collaborateur à pousser peu à peu les murs ou de le jeter de suite dans le monde de l’information partageée ? A chaque cas sa démarche d’accompagnement, à chaque cas un modèle et une logique d’outils spécifique.