L’innovation, affaire d’état ?

Innover ! Il faut innover. C’est le tube de l’été, en tout cas celui d’une crise qui met à  mal quelques certitudes et nous amène à  revisiter nombre de choses que l’on croyait acquises. Et comme de bien souvent l’innovation pèse sur l’entreprise. C’est bizarrement lorsqu’elles en ont le moins les moyens que c’est d’autant plus vital qu’elles s’y mettent. Cela n’est pas sans quelques aspects positifs : tout d’abord les entreprises ouvrent leur leur innovation en impliquant leurs clients, leurs salariés, leur écosystème au sens large, ensuite elles comprennent que la prochaine fois que tout ira bien elles ne se reposeront pas sur leurs acquis et travailleront à  se doter de quoi bien se tenir lors de la prochaine période de vaches maigre.

Mais l’entreprise ne fait pas que ce qu’elle veut. Elle évolue dans un cadre économique et législatif dont elle ne maitrise pas tous les éléments. C’est là  qu’entre (ou non d’ailleurs) l’état dont le rôle est de créer les conditions de la sortie de crise. Au départ cela commence par des exhortations : « Nos entreprises doivent innover ». Ce qui fait une belle jambe au patron de PME empêtré dans le marasme économique et une législation parfois peu facilitatrice. Cela se poursuit souvent par des financements. Des enveloppes distribuées plus ou moins à  propos, pas forcément aux bonnes personnes et pour les bons projets, et en fonction d’un processus administratif qui fait que les fonds sont débloqués au mileu de la crise suivante. Quoi qu’il semble que coté français on s’améliore de ce coté là  (même si le caractère purement « web » des initiatives en cours tendent à  négliger les efforts dont ont besoin des industries plus traditionnelles).

Et ensuite ? Besoin de coordonner, d’actions sectorielles spécifiques. Car on ne parle pas que de financer le développement de nouveaux produits (il est d’ailleurs souvent trop tard). On parle de nouveaux produits, mais de nouveaux business models, de se donner les moyens de créer et explorer de nouveaux marchés, de nouveaux modes de travail.

Le problème de l’innovation c’est que cela relève de l’économie, mais également des PME, des grandes entreprises. Un peu de recherche. Un brin de fiscalité. Sans parler des secteurs d’activités qui ont un ministre de tutelle dédié : transports, éducation, santé, TIC, industrie, et pourquoi pas d’ailleurs sport et culture.

Bref, repenser la manière dont on fait les choses n’est pas une affaire simple et empiète sur de nombreux territoires sans qu’on sache en définitive qui a leadership, coordonne, et donne le ton aux autres. On peut créer une taskforce dédiée, mais le caractère nouveau et provisoire de ce type d’organismes nuit souvent à  son autorité. Ou alors donner un grand coup de balais dans l’existant histoire de matéraliser ces priorités nouvelles et rappeler à  ceux qui en ont la charge ce qu’on attend d’eux.

Jamais en retard en terme de modernité, la Lituanie a décidé de transformer son ministère de l’économie en Ministère des affaires, de l’Innovation et du travail. Pas un simple changement de nom mais une véritable restructuration.

Bon…et chez nous il se passe quoi ?

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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