La nouvelle est tombée ce matin : l’APEC, leader français du recrutement de cadres en France vient de passer un partenariat avec Viadeo, le réseau social professionnel leader sur le marché français. Pour les détails du partenariat, je vous laisse lire ce qu’en disent Les Echos ce matin. Au delà de l’annonce c’est une bonne occasion d’apprendre quelques choses sur les réseaux sociaux et leurs limites.
Souvenez vous, il y a un an et demi l’APEC annonçait un partenariat avec linkedIn, leader mondial et concurrent de Viadeo. Comment s’explique ce revirement ? Le challenger français serait en passe de détroner un leader décevant ? Si Les Echos commencent leur article par un « après un premier partenariat avec l’américain linkedIn », je serai plutôt tenté d’écrire « après avoir compris les limites inhérentes à la nature de chaque réseau…. ».
Il y a encore quelques semaines de cela un journaliste me demandait quel était LE réseau social à utiliser pour recruter / se faire recruter. Une question d’ailleurs souvent entendue autour de moi. Ma réponse a toujours été invariable : tout dépend qui vous voulez recruter et où. Si vous cherchez un poste de responsable RH ou de directeur commercial dans une petite PME en province il y a peu de chance que vous trouviez sur linkedIn. A l’inverse si votre rêve est de quitter Paris pour le soleil Californien et les startups de la Silicon Valley, votre réseau linkedIn sera plus utile. Et pour tout une masse de postes à mi-chemin entre les deux, dans un grand groupe à Paris, vous pourrez alternativement piocher dans l’un ou l’autre. Et reciproquement pour les entreprises en recherche de candidats.
En plus nous sommes là sur un prisme purement « atlantiste ». Quel réseau pour monter votre filiale japonaise ou chinoise ? Je n’en sais rien mais il y forte chance pour qu’il faille passer par un troisième larron. N’oublions pas Xing, indispensable sur le marché germanique.
Bref le « bon réseau » résulte de l’utilisation souvent conjointe d’une ou deux plateformes. Sans compter que dans certains pays on utilise plus facilement facebook pour les contacts professionnels qu’ici.
La « limite » que tout cela met en évidence est que malgré leur caractère global, aucun réseau ne peut prétendre aujourd’hui à l’universalité. Et que le « bon » réseau se détermine en fonction du besoin.
Le besoin, le but, parlons en. Je n’a jamais souscrit à l’utopie techniciste qui fait qu’un produit soit ou non bon en fonction uniquement de ses fonctionnalités. Encore faut il que le produit soit alignés sur le but, et en matières de réseaux sociaux cela signifie des fonctionnalités « nécessaire », mais également le « bon » capital humain en termes de segmentation. Pour un acteur majeur du recrutement des cadres français une logique outil peut amener à linkedIn. Si vous prenez ensuite en compte votre but, vous êtes amenés à comprendre que si vous devez couvrir l’ensemble du marché français Viadeo offre une meilleure couverture là où linkedIn fera le bonheur de 20% de la population et des entreprises situées sur un niche.
Dans le cas de l’APEC, pour satisfaire l’ensemble de son marché, la solution mise en place aujourd’hui est donc la meilleure et ce indépendamment de ce qu’on peut penser de chaque outil en tant que tel.
C’est peut être la leçon a retenir de cette histoire : que l’on soit chercheur d’emploi, recruteur ou « intermédiaire », la logique outil peut être contre-productive, la logique marché/but permettant d’aller là où sont les candidats/recruteurs que l’on recherche étant celle qui permet d’arriver à ses fins, et n’est-ce pas ce qui compte lorsqu’on recherche un emploi ?
Vous allez me dire que j’ai toujours été un fervent promoteur de linkedIn. Rassurez vous, je le reste. C’est d’ailleurs l’exemple qui illustre mon raisonnement : vu mon marché (que ce soit niveau emploi pur comme partenariats, opportunités business en tout genre), linkedIn s’impose non parce que l’outil est plus ou moins réussi que son concurrent mais parce que mes contacts sont là et pas ailleurs. Après se pose la question d’arbitrer son activité entre plusieurs plateformes, l’objectif étant d’être trouvable partout en prenant en sachant qu’on ne peut être vraiment actif qu’à un seul endroit. Par contre ça n’est pas le choix que je recommande à certains de mes contacts aux besoins totalement différents. Rien ne sert d’être entourés de VIPs internationaux qui ne sont seront jamais vos contacts pour trouver un boulot de cadre administratif en banlieue bordelaise par exemple.
Un dernier point : ce partenariat me semble résoudre ce que nous étions beaucoup à trouver insupportable sur viadeo : le fait de se voir proposer de payer pour un abonnement premium à quasiment chaque clic. Trop envahissant à mon gout, et qui vous gche réellement votre expérience utilisateur (parfois beaucoup trop limitée pour les membres non payants soit dit en passant).
Ils auront accès non pas à un simple statut d’abonné gratuit, mais aux principales fonctions d’un compte « premium » généralement payant
Voilà qui est est une excellente chose. Ca donne envie de réactiver son compte APEC rien que pour profiter d’une meilleure expérience sur Viadeo.
Reste maintenant à voir comment l’intégration a été réalisée et comment cela se présente concrètement pour l’utilisateur. Je m’empresse de creuser le sujet et de revenir vers vous quand j’en saurai plus.