Je voudrais revenir et approfondir ici un point qui est apparu dans un billet précédent dans le fil de ma réflexion et dont je me rend compte qu’il mérite d’être quelque peu approfondi.
Si on en croit ce qu’on peut lire et entendre un peu partout (et que j’ai certainement dit ici à l’occasion), il manque beaucoup de chose à l’entreprise aujourd’hui pour être performante à l’époque et dans le contexte qui sont les nôtres. Comprenons « l’entreprise doit acquérir nombre de choses qu’elle n’a pas… », comme des compétences, des idées, la passion de ses collaborateurs et bien d’autres choses. Finalement j’en suis de moins convaincu.
– des idées ? Un potentiel innovant ? Cela existe dans et hors l’entreprise. Il n’y a qu’à se baisse pour ramasser.
– des talents ? Je vois une masse de gens brillants, de toutes les générations, dans les entreprises que je cotoie.
– l’envie de s’impliquer et de bien faire ? Elle existe, peut être dans des proportions qui varient selon les cultures locales et le rapport au monde de l’entreprise, mais elles sont là aussi. Par contre ça s’émousse toujours peu à peu…
– ….
Je ne pense pas que le problème soit dans l’acquisition voire (quoique cela puisse se discuter) le développement de toutes ces choses mais dans leur utilisation.
– des personnes douées et créatives au marketing, des commerciaux doués…mais aucun alignement et l’impression que les uns et les autres ne vont pas dans le même sens.
– des idées à foison, parfois même entendues et capitalisées. Mais rarement mises en œuvre.
– des expertises rares, mais trop peu accessibles et partagées.
– des personnes capables de faire face aux challenges de l’entreprise ….mais « incentivées » pour faire le contraire
– des jeunes diplômés brillants, recrutés pour leur capacité à apporter des idées neuves et qu’on fait rentrer dans le moule une fois le contrat signé.
-….
On peut dire, en quelque sorte, que l’entreprise dispose d’un impressionant réservoir d’énergie, de « potentiel », adapté à l’environnement d’aujourd’hui, mais que le moteur est branché sur un vieux réservoir au contenu quelque peu frelaté. Ou plutôt que le réglage de la carburation est inadapté aux carburants d’aujourd’hui.
Que ce soit au travers d’une boite à outils managériale et organisationnelle ou d’outils nouveaux, la question de ce que l’on nomme entreprise 2.0 n’est elle pas simplement de permettre au moteur de trouver le bon carburant et la bonne carburation pour en tirer le maximum ?
C’est également une des raisons de la nébulosité du ROI de tout ce qui touche aux investissements « intangibles » : difficile de sortir de la valeur lorsque le moteur n’utilise pas le carburant dans lequel on investit.
L’enjeu est donc de mettre en cohérence le carburant dans lequel on investit et les modes opératoires qui vont permettre d’en tirer le meilleur. Et si il faut des outils pour servir de catalyseur à la réaction….
Cela passera également soit par une redéfinition des rôles soit par une approche plus systémique de l’investissement : ceux qui investissent dans le « capital intangible » sont rarement ceux qui conçoivent la manière dont on va l’utiliser. Or, lorsqu’on investit dans les couches basses il importe de construire la tuyauterie qui permet d’aller impacter les couches hautes ce qui n’est pas sans impact sur la composante structurée et formelle de l’entreprise…
Souvenez vous de ce schéma que j’avais partagé il y a deux ou trois ans :
A méditer…