La participation à  une communauté peut elle être obligatoire ? Oui…quand ça n’en est pas une…

Résumé : les entreprises sont confrontées à  une vraie problématique dans la gestion de leurs communautés en place : faire en sorte que le système fonctionne sans l’imposer. Malheureusement il n’y a pas d’alternative : une communauté ne fonctionne que sur la base du volontariat. Il reste cependant deux options. La première est, à  défaut d’imposer, de s’attaquer aux facteurs qui empêchent de participer. La seconde est de se demander si on a bien affaire à  une communauté…et adapter ses règles en conséquence.

Une question que se posent de nombreuses entreprises désireuses d’embrasser le phénomène communautaire est de savoir si la participation de leurs salariés aux dites communautés peut être obligatoire. Elles connaissent déjà  la réponse : c’est non ! La participation à  une communauté repose sur le volontariat, un point c’est tout. Le mieux qu’on puisse faire est de créer les conditions qui donneront envie de participer  et faire comprendre l’importance de la chose aux collaborateurs.

L’entreprise dispose également d’un autre levier. Ca n’est pas parce qu’on ne peut imposer de participer qu’on ne peut lutter contre ce qui impose de ne pas participer. En l’occurence, dans le monde du travail, il est clair qu’il existe une ribambelle de facteurs qui incitent le collaborateur à  ne pas participer. Fiche de poste, objectifs, modes d’évaluation pour ne citer qu’eux contiennent des signaux forts disant « fait ton travail et surtout ne te mets pas en danger en allant t’impliquer dans ce truc là « . Alors, avant même de penser à  inciter le collaborateur à  jouer le jeu, autant commencer par se pencher sur ce qui l’incite plus que fortement à  ne pas le jouer. Je citerai également pour mémoire le groupe financier Hypoport qui a fait part de son retout d’expérience à  l’enterprise 2.0 summit en rappelant que son PDG disait « wiki time is work time… ».

Et puis souvenons nous que la plupart des communautés que l’entreprise veut voir émerger (je ne parle pas de celles initiées par les collaborateurs) n’en sont pas. Donc elles n’ont pas à  en respecter les règles. Lorsque votre communauté adopte le périmètre d’une entité opérationnelle de l’entreprise (équipe, département) et est supposée servir au quotidien pour mieux partager, collaborer, se coordonner, et bien il s’agit d’un espace de travail « socialisé ». Et, dès lors, ses règles sont celles de l’équipe. De dirait on au commercial qui refuse d’utiliser son CRM, au comptable qui refuse d’utiliser le logiciel de comptabilité de l’entreprise ? Au consultant qui ne tient pas à  jour ses feuilles de temps ?

La réussite d’un tel groupe, quitte à  me répéter, ne dépend pas de la génération de contenus, du bon vouloir des uns et des autres, d’un community manager qui troublerait l’action du manager. Elle dépend d’un mode de fonctionnement adapté aux besoins des collaborateurs, d’outils correspondant à  ce mode de fonctionnement et d’une certaine cohérence managériale. Je me souviens d’un directeur qui avait dit « les emails envoyés à  tout le service c’est fini, c’est dans notre nouvel espace, les idées qu’on m’envoit par mail ou les liens sur la veille ou les concurrents idem, les best practices c’est dans le wiki, les bouteilles à  la mer c’est dans l’outil aussi et c’est de toute manière le seul endroit où je m’adresserai à  vous tous et répondrait aux questions qui intéressent tout le monde. Cela me permettra également d’évaluer votre attitude et votre capacité à  vous mettre au service des uns les autres de manière transparente et factuelle ». Je peux vous garantir que l' »adoption » a été rapide. Bien sur, dans la terminologie technique de l’outil utilisé, cela risque fort de s’appeler une communauté…mais lui avait bien compris que ça n’était qu’une nouvelle manière de fluidifier le processus commercial au quotidien.

Une communauté reposera toujours sur le volontariat. Mais êtes vous sur que ce que vous mettez en place est une communauté ? Pensez vous qu’il s’agisse d’une composante du travail quotidien, pour exécuter les tches inhérentes au poste occupé ? Ca n’est pas une communauté, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’intérêt à  changer les outils et modes de travail. Pensez vous qu’il s’agisse d’une contribution volontaire en plus du travail de chacun ? Là  cela ressemble davantage à  une communauté qu’il s’agit de gérer et manager comme telle.

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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