Résumé : la mesure du temps est une préoccupation constante de l’entreprise qui l’associe directement à la productivité : moins de temps pour effectuer une tche signifierait plus de productivité et des coûts moindres. Guère probant dans une économie de la connaissance où valeur et temps sont totalement décorelés. Si la mesure du temps n’est plus un indicateur adéquat c’est sur la valeur générée qu’il convient donc de faire porter les efforts et pas nécessairement en accroissant l’intensité du travail dont on sait qu’elle n’est pas génératrice de valeur pour des travailleurs de l’information mais en travaillant plus intelligemment. Ce qui recouvre, entre autres, des dispositifs favorisant la mise en avant de l’information sur des critères de pertinences ainsi qu’un partage de l’information produite afin de la rendre réutilisable, ce qui est la version « informationnelle » de l’économie d’échelle.
Combien de fois n’avons nous pas entendu, dès lors que l’on demande aux collaborateurs de changer de quelque manière que ce soit, la manière dont ils participent à un projet transverse voire, à un simple travail de groupe, des réflexions telles que « on n’a pas le temps » émanant des personnes concernées ou encore « combien de temps cela va leur prendre », « je ne veux pas qu’ils perdent leur temps » de la part de leur manager.
La raison ? Le temps c’est facilement mesurable et on en déduit rapidement ce qu’il coûte. En fait pas exactement…ce qui fut vrai à une époque ne l’est plus aujourd’hui. Alors que la nature du travail évolue et qu’on est amené à gérer différentes tches en parallèle il devient rapidement contre productif d’essayer de savoir exactement le temps passé sur chacune. Comme il m’arrive souvent de le constater pour de nombreuses choses « ça ne prend jamais longtemps mais ça le prend souvent ». Alors qu’on nous demande de plus en plus de collaborer, de nous rendre disponible pour les autres, il y a également toute cette dimension qui n’est que rarement prise en compte. Ce qui fait que non seulement le rôle d’une personne dans l’atteinte d’un résultat est totalement méconnu mais qu’en plus elle peut se voir reprocher le temps passé à aider.
Alors, si on continue à mesurer le temps passé, faute de mieux, il est aujourd’hui évident que ça n’est plus un indicateur pertinent dans l’entreprise pour mesurer la performance des individus comme de l’ensemble.
Et puis ajoutons également à cela que si le temps n’est plus une mesure efficace pour ce qui est de tracer les coûts ça l’est encore moins pour tracer la valeur générée dès lors que celle ci n’est plus proportionnelle au temps passé comme ça le fut dans l’économie de ces dernières siècles. Dans l’économie de la connaissance on peut générer énormément de valeur en trouvant une réponse ou une idée en 10 secondes comme passer des journées sur un problème qui bien qu’essentiel n’est qu’un maillon d’une chaine et dont la résolution ne crée rien sinon la possibilité d’avancer à l’étape suivante.
Dernièrement j’entendais à propos des entreprises qui veulent « migrer » de l’email vers d’autres outils d’échange ;
« – ils disent que les salariés passent trop de temps dans l’email
– ah…parce qu’ils pensent qu’il en passeront moins s’ils sont sur du réseau social ? ».
Et c’est on ne peut plus vrai. Par contre même si le temps passé ne baisse pas et son coût reste donc identique, sa valeur peut augmenter. Comme on le dit souvent, une information transmise par mail ne concerne que les personnes concernées, partagée elle devient une partie du patrimoine de l’entreprise et est réutilisable donc fait potentiellement gagner du temps à d’autres personnes. Une information transmise à un collègue par email peut le laisser indifférent alors qu’une autre personne, « non identifiée », y verra une opportunité et l’exploitera pour générer de la valeur.
La question n’est donc pas tant la mesure du temps que l’optimisation de sa valeur.
Quelques pistes ?
Faire que le temps passé le soit à des choses qui génèrent de la valeur. Prendre une décision sur la base d’information rentre dans ce cadre alors que chercher l’information est du temps non productif. On pensera ici à des fonctionnalités de type « analytics » pour la suggestion de contenus pertinents et on attendra avec impatience qu’un Watson s’invite sur notre intranet. C’est d’ailleurs impressionnant de voir le nombre d’organisations qui ont « un problème de partage » sans se rendre compte qu’il y a surtout et avant tout un problème de search sur l’existant avant même de penser à améliorer les outils et dispositifs de partage et de collaboration.
Faire sorte de démultiplier la valeur du temps passé en rendant son produit réutilisable. Cela passe par des mécanismes de partage « dans le flux de travail » voire de capitalisation systématisée.
Liste à compléter…