Un petit jeu pour qualifier votre projet Social Business

Résumé : Devenez un Social Business…un projet entreprise 2.0…déployer un réseau social…mettre en place des communautés… Autant d’expressions communément utilisées sur lesquelles aucun consensus n’existe et qui signifient tout et son contraire en fonction de l’interlocuteur auquel on s’adresse. Plus grave encore, ces raccourcis faciles font qu’on oublie de se pencher sur l’objectif du projet, les enjeux et tout ce qui se cache derrière. Et lorsqu’on le découvre en cours de route il est souvent trop tard pour retrouver les moyens, les sponsors et le périmètre d’action nécessaire pour mener les choses à  bien. Alors, dans un but pédagogique, si on essayait d’expliquer les projets en remplaçant le célèbre « ni oui ni non » par un « ni 2.0, ni communautés, ni social ni réseau social » ?

 

Il est désormais clair pour tous que derrière la notion de projet « entreprise 2.0 » ou « social business » se cache tout et n’importe quoi. Du projet structurant à  long terme au trompe l’œil. D’ailleurs en général les premiers ne sont pas des projets « E20 ou SocBiz » au départ. Certains ont même en fait démarré largement avant que ces mots ne deviennent une partie du vocable commun (et encore…tout dépend du vocable de qui…). On leur a souvent collé cette étiquette a posteriori du fait qu’ils étaient arrivé à  des résultats, avaient utilisé une technologie X ou Y et qu’avec cette étiquette on pouvait les montrer comme des bêtes curieuses dans des conférences. Les seconds, souvent estampillés de cette manière dès leur genèse ont souvent pour seul but de faire utiliser un outil qu’on a acheté sans trop savoir pourquoi, pour faire comme le voisin, ou encore parce qu’on est tombé dans le piège du « le 2.0 soigne tout, déployez vite un réseau social ». Très souvent les personnes en charge des premiers ont longuement muri leur projet qui est un projet lourd touchant la culture d’entreprise, les modes de travail, les RH, la technologie…alors que celles en charge des seconds ont souvent gagné ce privilège dans un concours de circonstance, avec un objectif et un besoin mal ficelé par des personnes qui n’y connaissaient pas plus qu’elles. Ce qui explique souvent qu’elles se retrouvent à  cours de moyens pour vraiment avancer lorsqu’elles découvrent les vrais enjeux et l’ampleur de la tche.

Bref, il est important, pour la personne concernée, de savoir ce qui se cache derrière les mots. Important pour elle mais aussi pour tous ceux, collègues, prestataires, parties prenantes qu’elle va embarquer avec elle. Car les mots ont un sens…et parfois pas le même pour tous. Dire « je veux devenir un social business » ou « déployer un réseau social » a quasiment autant de signification qu’il y a d’auditeur.

Par exemple, lorsque j’entends cela, je comprends « m’assurer que dans mon organisation chacun puisse accéder et mobiliser les ressources nécessaires dans le cadre de son travail, et que la coordination et la prise de décision au plus près du problème ». Si l’interlocuteur, lui, pense « je veux que les gens aillent partager des idées dans des communautés »….on peut dire qu’il y a un bel écart.

En somme, ces mots qu’on emploie histoire de ne pas faire des phrases de 10 lignes (2.0 à  la place de « être en capacité de….bla bla ») finissent par devenir problématiques dès lors que personne ne les emploie pour désigner la même chose. Avec un double risque : non seulement le projet part sur un malentendu mais la personne en charge n’en découvre les tenants et aboutissants qu’au fil du temps. Pour se rendre compte qu’elle n’a pas les moyens ou l’envie de s’aventurer sur ces terrains là .

D’ailleurs aujourd’hui je connais quelques éditeurs qui avouent que voir un client venir avec un demande de type « je veux devenir un social business/une entreprise 2.0 » a plutôt tendance à  les inquiéter. Idem coté conseil avec le célèbre « je veux déployer un réseau social ».

Il est donc essentiel d’être très clair et explicite sur ce qu’on veut faire au travers de ces notions très nébuleuses.

J’y pensais l’autre soir en me remémorant un célèbre jeu télévision qui, après avoir disparu des écrans, est en train de s’offrir une seconde vie. Le « Ni oui ni non ». Imaginez qu’une personne doive expliquer son projet en jouant au « ni 2.0, ni communautés, ni réseau social ». Expliquez les enjeux, tenants et aboutissants sans utiliser aucun de ces trois mots. Cela pourrait avoir une foule d’avantages :

valider qu’on a un projet de fond sans recours infondé à  des concepts vagues, passe partout, fourre-tout.

si, au départ, le projet manque de corps, de consistance, l’exercice va pousser l’individu à  lui en donner en étant forcé de se poser les bonnes questions et tout reformuler dans des termes référant à  des réalités, objectifs et actions concrètes et compréhensible de tous…ce qui permet également de sortir du brouillard et avoir une vision plus claire de tous les enjeux.

avoir un projet qui survira aux effets de modes et aux buzzwords car ancré, avant tout, dans la réalité de l’organisation et du business.

Prêts à  jouer ?

 

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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