Le Groupe La Poste a mobilisé ses salariés pour construire ses orientations stratégiques pour les 5 ans à venir. Vous n’avez pas pu rater cette Dataviz parue il y a quelques temps qui montrait l’ampleur du phénomène de mobilisation : 150 000 postiers ont participé à la démarche (les 2/3 des effectifs) et ont généré 45 813 idées.
Maintenant l’aspect quantitatif des choses est une chose mais derrière les chiffres et les belles animations il y a une réalité humaine, un projet et c’est cette partie qui intéresse certainement davantage les entreprises désireuses de se lancer dans une telle démarche.
La direction de la stratégie du Groupe La Poste a aimablement accepté de répondre à quelques unes de mes questions sur le sujet, par l’intermédiaire d’Olivier Dressayre, Adjoint à l’Innovation et aux Partenariats.
Pourquoi le choix d’un dispositif exclusivement offline ?
Le dispositif n’était pas exclusivement off-line ! Nous avions d’abord à tenir compte de 2 réalités : un délai court pour consulter et une tré€s vaste population dont une grande partie €“ du fait mé‚me de son activité (facteurs, agents de livraison, guichetiers,…) – ne peut se connecter sur le lieu et pendant le temps de travail. D’autre part, nous voulions absolument un échange direct, dans les équipes naturelles, autour du manager le plus proche dans une logique d’atelier ouÌ€ se déroule une vraie discussion.
Ce dispositif principal a été relayé par une plate-forme en ligne. Celle-ci avait trois vocations principales :
- Permettre la remontée intégrale et au fil de l’eau des résultats d’ateliers par tous les managers,
- Etre un espace de dialogue pour déposer et discuter des idées, cette fois-ci individuellement,
- Offrir une solution alternative, une sorte d’atelier en ligne avec un cheminement comparable, pour les personnes ne pouvant pas participer aux réunions, quelle qu’en soit la raison, sur le lieu de travail.
Un site mobile était également accessible pour le dépoÌ‚t, la lecture et la discussion des idées proposées sur la plate-forme.
Dans cette opération, le on-line n’était certes pas la 1é€re priorité mais, par contre, un canal complémentaire indispensable.
Sur les 45 000 idées combien ont été retenues et dans quelles proportions ont- elles permis de faire émerger des sujets / actions qu’une approche traditionnelle aurait négligés ?
D’abord, il s’agit d’un exercice collectif qui va bien plus loin, en termes de mobilisation et d’expression libre, qu’un sondage aupré€s d’un échantillon d’individus. Comme il s’agissait aussi de partager un diagnostic sur le Groupe, le chemin parcouru depuis 10 ans, sa situation présente, nous avons maintenant la certitude, mesurée, que chaque participant a appris quelque chose, indépendamment de sa place dans un métier ou dans la ligne hiérarchique.
Sur les contributions recueillies, tré€s majoritairement en atelier de 5-6 personnes, elles s’avé€rent de natures diverses : réflexions générales, grands principes ou idées d’actions plus précises. L’intégralité de ce matériau tré€s riche a été utilisée : d’abord classées à l’aide d’un outil sémantique, les contributions ont fait aussi l’objet de relectures et de vérifications humaines tré€s vigilantes.
Ce qui en ressort à ce stade, ce sont d’abord, sur le plan général, et avec une force qui est incontestable du fait du nombre :
- des sujets qui font consensus parmi les postiers : par ex. sur l’analyse du Groupe selon une grille forces-faiblesse et opportunités et menaces ou sur les indicateurs de la réussite en 2018,
- une hiérarchie des attentes quant aux leviers d’action prioritaires,
- mais aussi les questions ou le sens n’est pas bien identifié ou mérite encore des actions ou explications.
Quant aux idées plus précises (15 à 20 % du total), elles seront confrontées, dans la durée, avec des projets passés, en cours ou encore à lancer, en accord avec chaque Métier du Groupe et, souvent, en association entre eux.
Apré€s ce dispositif, comment gérer les attentes générées, expliquer ce qui a été retenu ou non et pourquoi ?
C’est tout l’enjeu d’une démarche participative, et nous n’avons pas de réponse toute faite ! Il est bien normal d’apporter tout d’abord un retour à l’ensemble des postiers sur les contributions produites. C’est d’ailleurs une attente formulée tré€s forte : savoir ce que leurs collé€gues ont dit. Un « cahier de contributions », tiré à 250 000 exemplaires, vient déjà, 3 semaines apré€s la cloÌ‚ture de la consultation, d’é‚tre adressé à tous les postiers dans ce but (accessible aussi en intranet !). Ensuite, dans le plan stratégique lui-mé‚me, nous nous attacherons à mettre en évidence ce qui vient de cette grande consultation. Enfin, bien suÌ‚r, il y aura un travail managérial, dans chaque métier et à différents échelons territoriaux, pour prendre en compte et creuser les idées précises proposées.
De manié€re plus générale quel dispositif de suivi sera mis en place ? Est-ce un « one-shot » ou La Poste entend-elle rentrer dans une logique d’écoute/conversation permanente avec les postiers ?
L’exigence de participation est une attente durable qui concerne le Groupe La Poste, comme d’autres grands employeurs. Une démarche participative « one-shot » n’a donc pas de sens quand nous plaçons la qualité de vie au travail aux tous premiers rangs de nos priorités et la considérons comme un levier majeur de la performance. Etre à l’écoute de toutes les parties prenantes est plus que jamais dans notre vocation et bien plus qu’une posture conjoncturelle. Il est vrai qu’il reste beaucoup à inventer, soyons lucides, sur les modalités de cette conversation durable.
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J’en profite pour remercier Olivier Dressayre pour sa disponibilité et les équipes digitales du Groupe La Poste pour leur célérité dans la mise en relation.
Je reviendrai bien sur prochainement sur cette initiative et cette interview avec un regard plus analytique mais auparavant nous parlerons d’une initiative similaire à la Société Générale. On aura ensuite la matière pour avoir un regard croisé et un peu de recul sur une pratique qui séduit de plus en plus d’entreprises.