Génération Y et digital natives sont des X décomplexés

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Génération Y, digital natives etc. Que n’a-t-on pas entendu sur la révolution qu’ils incarnaient et l’impérieux besoin de s’y adapter si on ne voulait pas soit les perdre soit se faire emporter par la vague. Si j’ai toujours reconnu que ces générations avaient leurs spécificités il me semble bien qu’on en a trop fait et qu’on en fait toujours trop sur ce sujet. Les générations se suivent et ne se ressemblent pas. Chacune apporte une disruption et l’histoire se répète indéfiniment. Si on manque de recul on voit un ouragan, si on en prend on voit une besoin de mise à  jour des structures de nos entreprises et de la société quasiment cyclique et prévisible.

La génération Y n’existe pas

Yann Gourvennec est  également revenu sur la question des générations dans deux billets publiés l’an dernier. Dans le premier il nous explique – de manière argumentée – que  :

– la génération Y n’est démontrée que par des anecdotes qui n’ont pas valeur de preuve. Quant aux statistiques qui, elles, prouvent quelque chose, elles ne montrent rien sur ce sujet.

– la question des générations est récurrente et que modèle « génération Y » a déjà  été appliqué à  d’autres générations depuis le depuis les années 90. « Si les digital natives existent il existent depuis 20 ou 30 ans » et on ne peut donc se limiter à  la génération actuelle.

Son second billet montre que les caractéristiques des nouvelles générations sont moins caricaturales qu’on ne le dit que conclut que finalement « nous sommes tous des générations Y ».

Une conclusion qui rejoint largement ce que je peux observer.

Quelles sont aujourd’hui les personnes qui ont le comportement « génération Y » ou « digital natives » le plus prononcé, convaincu, maitrisé ? Qui sont ceux qui font le meilleur usage productif, maitrisé et responsable des technologies sociales ? Pour ce que j’en vois c’est davantage des 35/50 ans que des 20/35. Quels sont ceux qui ont les réflexions les plus abouties sur les structures sociales en entreprise et en dehors ? Qui ont le plus tenté et parfois réussi à  changer le système ? Les mêmes. Qui sont les plus critiques et revendicatifs ? Toujours les mêmes.

Qu’est ce que cela signifie ?

Le constat d’inadéquation des structures à  la réalité n’est pas nouveau, il est même permanent. Les Baby-boomers et la génération X d’aujourd’hui n’étaient pas moins critiques que leurs successeurs sur le sujet et ont contribuer à  changer l’ordre établi. Toujours moins que ce qu’ils auraient voulu mais systématiquement. Un schéma qui se reproduit avec la génération Y, les digital natives et ceux qui suivent. Par contre c’est beaucoup plus visible.

Generation X et Baby-Boomers ont échangé des convictions contre une sécurité professionnelle

Une visibilité due, justement, à  la société de l’information et aux médias dont nous disposons aujourd’hui ? Non. Pour ntervenir dans quelques écoles et avoir un certain nombre de ces « specimens » autour de moi au quotidien dans mon travail j’ai bien l’impression que non seulement ils sont bien moins revendicatifs que ceux qui les ont précédés mais, en plus, ne se reconnaissent en rien dans la manière dont on les décrit. Par contre ils assument beaucoup plus leur constat et sont prêts à  sortir des sentiers battus, des voies toutes tracées pour être cohérents.

La première explication est qu’un Y, un native, sont des X ou des baby-boomers décomplexés. Tous ont fait le même constat mais certains sont rentrés dans le moule qui leur garantissait une progression de carrière linéaire, un emploi et une forme de sécurité financière. Les boomers ont pu aller au bout de la logique, pour les X le pont s’est effondré au milieu du gué. Dès lors, ceux qui ont suivi ont bien compris qu’ils avaient finalement peu à  gagner à  s’asseoir sur leur convictions et leurs idées. Si leur carrière sera surement plus compliquée que celles de leurs prédécesseurs il leur est également plus simple de dire que le système déraille et d’en tirer les conséquences sans en souffrir puisque ce constat est aujourd’hui transgénérationnel.

Les Y : on parle d’eux plus qu’ils ne parlent eux-mêmes

La seconde explication est justement à  trouver chez les X et les boomers qui se sont assis sur idées et convictions, échangés contre contre la sécurité (parfois apparente) qu’offrait le respect du système. Si certains se sont peu à  peu acculturés d’autres n’hésitent pas à  ressortir leurs drapeaux maintenant que l’époque y est plus propice. Et beaucoup ont trouvé le bon compromis pour faire avancer les choses sans se mettre en danger : ériger la génération Y et les digital natives en épouvantails et s’en servir comme paravent à  leurs propres convictions. Car, comme on l’a dit plus haut, les nouvelles générations parlent et revendiquent peu. Par contre beaucoup le font pour eux et en leur nom.

Alors, génération Y et digital natives sont ils un mythe ou une réalité ? Ce qu’on peut dire est que leur message n’est pas nouveau et qu’ils sont davantage une bannière de raliement qu’autre chose. Mais cela a-t-il la moindre importance ? Ce qui compte est cette urgence partagée à  travers les générations qu’il faut changer nos structures et pratiques. Et s’ils ne sont qu’un prétexte au changement finalement peu importe tant que le changement est nécessaire.

 

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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