Le Cloud qui a tant aidé à la prolifération des initiatives social business en est il aujourd’hui la limite principale. On peut légitimement se poser la question, voire le craindre.
On en a déjà parlé, le marché de l' »enterprise social software » ou du « social business » connait une évolution radicale. On passe d’une approche outil (le réseau social) à une approche plateforme avec des logiques d’intégration, d’interconnexion et d’intéropérabilité fortes. Et c’est là que le Saas devient victime de ce qui a fait son succès.
Standardisation vs plateforme sociale
Même si connecteurs et AppStores en tout genre se développent à vitesse grand « V » pour que le réseau social ne soit plus un outil isolé et se fonde dans un tout cohérent dont il n’est plus que la partie visible, un problème se pose dès qu’il faut s’intégrer de manière poussée avec l’existant. En effet le Saas nécessite la standardisation à l’extrême, c’est d’ailleurs ce qui fait le bonheur de ses utilisateurs avec des connecteurs et des « apps » plug&play à la facilité de mise en œuvre déconcertante. Mais ce qui fonctionne entre services grand public montre vite ses limites en entreprise.
En effet le système d’information des entreprises est :
hétérogène : personne n’est ou ne sera plus jamais 100% IBM, Microsoft, SAP, Oracle, Salesforce ou autre
spécifique : beaucoup d’applications sont soit « maison » soit des applications éditeurs tellement customisées qu’elles ne ressemblent plus au produit d’origine. En tout cas plus pour, justement, ce qui fait leur valeur. Ce qui explique également le peu d’empressement qu’on a à les faire évoluer.
Bref, ni uniforme ni standard. Tout l’opposé du modèle Saas. Et ce qui devait arriver arriva.
Selon une étude réalisée par Oracle, 50% des entreprises ont abandonné un projet cloud pour des raisons d’intégration ces dernières années. Si la simplicité du cloud a facilité le démarrage des projets, ce sont des problèmes d’intégration qui ont entrainé des retards conséquents voire causé leur arrêt.
Il ne faut pas jeter le Cloud avec l’eau du Saas
Des chiffres que je relativiserai. Le « Cloud » recouvre un nombre considérable d’offres très différentes aujourd’hui qui ne partagent qu’un point commun : l’infrastructure n’appartient pas à l’entreprise cliente. Et encore… Il ne faut pas mettre tous les clouds dans le même panier et, pour ce que peux en voir, si les modes IaaS et surtout PaaS conviennent tout à fait pour des projets ambitieux c’est le Saas qui, lui, pose plus souvent ce type de problème. Ne crions donc pas haro sur le cloud mais adoptons une attitude différenciée. Au début de ce billet j’ai facilement glissé du Cloud au Saas, procédant à une assimilation volontairement simpliste mais qui est un réflexe – trop – facile si l’on n’y prend garde.
On peut également se poser des questions quant à l’origine de l’étude. Oracle (et malgré des annonces récentes) n’est pas aujourd’hui un acteur majeur du domaine et il lui est donc bénéfique de crier au loup. Mais le sujet est là et on ne peut l’éviter et les retours d’expérience montrant les limites du modèle Saas sont là .
Alors bien sur il reste l’exception qui confirme la règle avec le modèle Force.com de Salesforce. Pas nécessairement : on reste dans le besoin de standardisation élevé et cet écosystème qui est un modèle d’ouverture est surtout ouvert…en son sein. Une approche séduisante et réussie mais qui finit toujours par se heurter à l’hétérogéinéité du SI sauf à vouloir abandonner tout son existant et ses partenariats avec les éditeurs traditionnels . Ce qui est surement l’objectif recherché d’ailleurs.
Conséquence pour les entreprises ? Surtout ne pas abandonner le cloud qui est à coup sur un modèle d’avenir. Mais avoir une vision précise de l’ampleur, de l’ambition et du futur du projet pour adopter la forme d’hébergement la plus appropriée. Et là les modèles private cloud / PaaS feront la différence. Car il importe de bien garder une chose en tête : il est souvent impossible de faire marche arrière sauf à accepter de perdre toutes ses données.