Bonne nouvelle : 11% des employés français utilisent la collaboration sociale

Une étude réalisée par Deloitte et commanditée par Google a beaucoup fait parler d’elle en fin d’année dernière. Elle montrait entre autres que seulement 11% des employés français étaient utilisateurs d’outils de collaboration sociale alors que l’édition de documents dans le cloud trouvait, elle, grâce auprès de 53% d’entre eux.

Des chiffres qui n’ont pas manqué de faire réagir et d’amener aux habituelles discussions sur l’inutilité du concept, sur l’inadaptation du modèle managérial français, sur l’absence de culture du partage etc. A contre-courant de ces réactions je serais plutôt tenté de dire : « 11%…mais c’est pas mal du tout ».

Jetons d’abord un œil aux chiffres de l’étude et aux taux d’adoption par pays.1899894-etude-deloitte-les-employes-francais-boudent-la-collaboration-socialeLe taux d’adoption du « social » en France serait donc de 11%. A comparer avec les champions européens que sont les nééerlandais (25%), aux 16% des anglais et 19% des allemands. Alors, bien sur, la France est en queue de peloton, mais de quoi parle-ton ? De quelques pour-cent par rapport à  une technologie supposée révolutionner le travail ? A ce niveau les 25% anglais sont à  peine acceptables, et si on peut passer du temps à  disserter sur les écarts entre les différents pays il faut se rendre à  l’évidence : on parle de vagues détails par rapport à  des chiffres d’une alarmante faiblesse.

Ceci dit – et sans avoir conduit une étude aussi poussée – je cite souvent le chiffre de 10% comme un chiffre moyen malheureusement logique. Ce qui me fait dire que ces 11% sont plutôt une agréable surprise. Pourquoi ?

1°) Si un grand nombre d’entreprises s’essaie à  ces technologies on voit encore peu de déploiements globaux. 11% si la cible est de 33% c’est tout autre chose que si la technologie est accessible à  tous.

 

2°) Mettons nous à  l’instant à  la place de l’utilisateur lambda. Email ? Je vois ce que c’est. « File sharing tools » ? Egalement. « Instant messaging ». Bien sur. « Social » ? Heu…vous pouvez répéter ? So-quoi ? Je vous parie que même utilisateurs d’une telle technologie, les 3/4 des employés ne voient pas de quoi on parle alors qu’ils utilisent de telles technologies.  D’autant plus que parfois le « social » est tellement intégré à  l’intranet qu’on ne voit pas la différence (ce qui est le propre des entreprises les plus avancées), qu’il peut être également intégré dans des outils métier.

 

3°) Que sans vouloir répéter indéfiniment la même histoire on est au maximum de ce qu’il est pensable de faire dans l’approche actuelle de la collaboration sociale. Eloignée des activités métier et des processus, surcouche apposée sur l’existant en plus du travail « réel », essentiellement communautaire et peu orientée « exécution/production », elle n’attire que ceux qui sont convaincus par une démarche de partage, veulent montrer l’exemple et sont parfois prêts à  le faire envers et surtout contre tout. Face aux réticences et au jugement de leurs pairs et de leurs managers, sur leur temps personnel, dans un contexte peu approprié, indépendamment du sens donné à  démarche. Si on reste dans dans proportions similaires à  ce qu’on rencontre sur le web grand public un chiffre de 10% de vrais utilisateurs/contributeurs semble le maximum qu’on puisse rêver atteindre tant qu’on reste dans ce type d’approche. Un complément de question qu’il faudrait se poser est quelle est la différence d’approche dans les cas d’utilisation entre les différents pays, ceux qui ont des approches davantage basées sur les communautés et le volontariat et ceux qui avancent davantage sur des logiques métier, projet avec peut être plus de verticalité. L’étude Pierre Audoin Consultants était plus qu’intéressante sur le sujet.

Alors il y a peut être une spécificité française. Peut être que nos RH sont un peu plus frileuses que la moyenne. Peut être qu’on manque d’une culture du partage. Mais ça n’est surement pas tout.

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
1,743FansJ'aime
11,559SuiveursSuivre
28AbonnésS'abonner

Découvrez le livre que nous avons co-écrit avec 7 autres experts avec pleins de retours d'expérience pour aider managers et dirigeants

En version papier
En version numérique

Articles récents