La notification : une solution devenue un problème
L’addiction aux notifications entre sentiment d’exister et Fear of Missing Out
Mais vous me direz que les notifications ça se paramètre. Effectivement. Pourtant (presque) personne le ne fait. Trois raisons me semblent expliquer cela.
La première est que cela reste à tort ou à raison une pratique de « power user ». L’utilisateur moyen installe des tonnes d’applications et subit les notifications. Seuls les plus avancés prennent la peine a priori ou a posteriori de spécifier ce qu’ils veulent recevoir, de quoi (application), voire de qui (personnes).
La seconde est connue sous le nom de FOFM ou « Fear Of Missing Out » : la peur de rater quelque chose. Elle est la cause principale de surcharge informationnelle et de difficulté à gérer les flux d’information. Alors que la plupart des outils personnels et professionnels que nous utilisons nous permettent de sélectionner ce qu’on veut recevoir vs. ce qu’on ira consulter si besoin, la peur de rater quelque chose fait qu’on essaie de tout suivre. Et comme la quantité d’outils, médias, canaux et le volume d’information produit croissent de manière exponentielle l’humain ne peut pas suivre mais peu importe. C’est encore plus flagrant dans les outils professionnels où au lieu d’optimiser les flux entrants les collaborateurs ont tellement peur de rater quelque chose et se le voir reprocher qu’ils suivent tout et n’importe quoi, notamment sur les réseaux sociaux d’entreprise.
La notification : agression ou source de reconnaissance ?
La troisième est que la notification donne le sentiment d’exister. Aussi surprenant que cela puisse sembler une personne qui reçoit une notification – peu en importe l’objet – a l’impression d’exister. J’ai lu/entendu que recevoir des notifications nous faisait générer de la dopamine, un neurotransmetteur associé à la motivation et à la reconnaissance. A titre personnel je pense qu’un certain volume de notifications est ressenti comme une agression et donne des envies de meurtre mais la science semble nous dire le contraire.
Et puis ne comptons pas non plus sur les éditeur pour rendre le management des notifications facile, voire nous sensibiliser à leur impact. Une application dont on supprime les notifications n’est plus « top of mind », on l’oublie, on finit par le plus l’utiliser tellement les autres monopolisent notre attention. Par contre si à titre personnel cela relève de la responsabilité individuelle, c’est un sujet sur lequel les entreprises devraient impérativement sensibiliser leurs collaborateurs (comme on le fait pour l’email) et un sujet d’ailleurs à prendre en compte dans la conception/implémentation des outils de travail, a fortiori dans une digital workplace ou environnement de travail digital intégré. Un beau sujet d’expérience employé d’ailleurs.
Bref, s’il est possible « techniquement » de lutter contre le trop-plein de notifications la plupart d’entre nous n’en font rien et s’infligent un supplice de manière consentante. Un supplice qui a nécessairement un prix en termes de stress, d’attention et donc de productivité.
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