Les 21 et 22 mars prochains je serai à Londres pour assister à HR Tech World (et je vous invite à faire de même tant qu’il reste des places). Le thème de cette année : le futur du travail.
Un sujet sans surprise : avec l’arrivée des robots et autres intelligences artificielles, des collaborateurs qui voient le monde autour d’eux changer et demandent à ce que l’entreprise change pour leur donner les moyens d’y réussir, avec le besoin de nouvelles formes de talents et d’intelligences, la réinvention du travail est un enjeu clé pour les RH pour les prochaines années. Le tout dans un environnement social, économique, politique et technologique hautement imprévisible.
La seule certitude qu’on ait dans ce monde imprévisible est que la technologie, en ouvrant chaque jour un champ des possibles nouveaux, va tirer cette reinvention du travail. Sans qu’on sache dans quelle direction, ni à quel point, ni où sont les mines et les pièges sur le chemin. La chose qui soit certaine est que ça va arriver et qu’il faudra s’adapter faute de pouvoir anticiper à long terme.
Le futur du travail, c’est justement une des tendances clé identifiées par Josh Bersin dans son rapport annuel sur les grandes tendances dans le capital humain dont l’édition 2017 vient de sortir.
Je vous passerai le détail de chaque point pour m’en tenir à un regard plus macro. Si d’un point de vue technologique le « salarié augmenté » est un sujet, je pense le sujet plus global. J’y inclurais à minima le contenu du travail et digital HR (trend 7), l’expérience employé (trend 4), l’organisation du futur (trend 1) et le management de la performance (trend 5).
Reinventer les RH pour réinventer le travail
Du point de vue du collaborateur le travail est appréhendé dans sa globalité, incluant tout ce qu’il vit, fait, subit tout au long de son parcours donc le futur du travail est, de mon point de vue, partout et surtout pas dans un silo. Et puis le futur du travail c’est aussi le futur des HR. On ne réinventera pas le travail sans réinventer la fonction RH avant et là, le chantier est relativement peu avancé.
A propos du futur des RH et, justement, de l’immense appel d’air créé par la technologie, Bersin nous confirme que le vraie opportunité pour les RH est de combler le fossé existant entre l’évolution de la technologie, des gens, des entreprises et des pouvoirs publics.
Fort juste mais à condition de ne pas se méprendre : se contenter de tout aligner sur la technologie est une grave erreur et risque fort de se finir en stratégie du n’importe quoi. Par contre comprendre la technologie, ses usages, ce qui sous-tend son existence et reformater le tout pour satisfaire un besoin réel est vital. Mais la technologie ne doit rester qu’un « enabler », parfois une inspiration mais pas un benchmark absolu des pratiques. Je reviens à ce que ce même Bersin disait l’an dernier : le futur du SIRH c’est des apps qui améliorent la vie au travail (« Apps that make Worklife better »). Ce qui nous rappelle bien le besoin de recontextualiser la technologie dans le contexte du travail et du collaborateur et ne pas partir dans toutes les directions au seul prétexte que c’est possible.
L’expérience employé est principalement une expérience métier
Cette globalité du travail et ce besoin de contextualisation de la technologie me ramènent donc à ma conviction du moment : le principe directeur d’une stratégie RH dans un monde digital (plutôt que stratégie Digital RH…sachant que le digital est partout on doit donc considérer qu’il n’est plus nulle part et penser omnicanal par défaut) est la notion d’expérience employé qui, de mon point de vue, se confond largement avec celle du futur du travail. En effet c’est justement ce que le collaborateur vit tout au long de son parcours, à chaque point de contact avec l’entreprise et pas uniquement avec les RH d’ailleurs. Une grande partie de l’expérience employé relève de l’expérience métier et faire de l’expérience employé axe de travail parmi d’autres plutôt qu’un principe directeur global revient, comme je le dis souvent, à mettre un baby foot à coté d’une salle de torture. Réinventer le travail, c’est réinventer le travail et pas seulement les pratiques RH. Dit autrement lorsque le métier met des boulets aux pieds des collaborateurs, que les performances s’en ressentent, que l’engagement baisse, on a besoin d’un principe directeur qui permette de réconcilier les deux pour avancer dans une logique de simplification et d’engagement commune. C’était d’ailleurs un de mes enseignements du dernier HR Tech World de Londres même si on est encore loin du compte.
Le sujets de l’expérience employé au sens large et du dépassement de fonction des RH pour embrasser tous les leviers de cette expérience seront bien sur au cœur de mes investigations lors d’HR Tech World.
Mais qui parle de réinventer, d’expériences, parle de créativité. La créativité, le design, sont partout aujourd’hui et pas uniquement dans les fonctions dites créatives. C’est un besoin universel à tous les étages de l’entreprise. Un des sujets que j’aborde souvent d’ailleurs – et qui fait mouche – en conférence c’est le paradoxe de l’entreprise qui veut changer ses collaborateurs mais continue à recruter leurs clones au lieu de recruter des profils qui ressemblent à la « situation cible » et pourront servir de modèles, influencer le changement des comportements internes. Les entreprises raffolent de méthodes créatives nouvelles mais le plus souvent portées par des experts externes, comme si on avait peur qu’elles soit trop incarnées en interne.
La créativité au cœur du futur du travail
J’espère et je m’attend à ce que qu’on parle de créativité et de design lors de cet HR Tech World. Et il y a bon espoir puisqu’un des keynote speakers n’est autre que Ken Robinson, un spécialiste de l’éducation qui a donné le TED Talk le plus visionné de l’histoire des conférences TED. Justement sur la manière dont l’école tue la créativité (même si on pourrait en dire tout autant de l’entreprise).
Robinson pointe un certain nombre de choses dont le fait que le système éducatif est conçu pour se reproduire (l’éducation publique est conçue pour former des professeurs) et la difficulté qu’on peut avoir à identifier ses propres talents lorsqu’ils sont différents. Exactement les difficultés auxquelles font face les entreprises face à l’enjeu de la réinvention du travail voire de leur propre réinvention dans un monde digital : faire preuve de créativité, identifier, accepter, reconnaitre et développer des formes de talent nouvelles qu’elles se sont ingéniées à recaler, recadrer ou se débarrasser depuis des années. Et au delà, la capacité à désapprendre et réapprendre en permanence.
Expérience, créativité, nouveaux talents…autant de sujets que je suivrai donc de près les 21 et 22 mars prochains. Au plaisir de vous croiser à HR Tech World si vous y allez (ce que je vous conseille vivement).
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