La visite de la zone « startups » à UNLEASH Conference & Expo est toujours un excellent baromètre de l’innovation RH et des sujets qui préoccupent les DRH. En effet ces jeunes pousses adressent souvent des sujets réels, en avance de phase des grands éditeurs du marché et le fait qu’elles soient spécialisée sur un et un seul sujet leur permet d’ailleurs d’espérer l’adresser mieux qu’un généraliste et ainsi conserver leurs client lorsque ces derniers auront intégré ce qu’elles proposent à leur propre produit.
La Startup zone d’UNLEASH : un baromètre de l’innovation RH
Lors de la dernière édition d’UNLEASH à Londres j’ai constaté la confirmation d’une tendance déjà identifiée lors des dernières éditions : les apps destinées à diffuser/renforcer la culture d’entreprise et l’engagement et développer le leadership ont le vent en poupe. Cela séduit et, je le rappelle, correspond à une vraie préoccupation des entreprises.
La promesse, souvent tenue, de ces applications est claire. Un moyen simple, agréable, efficace et « expérientiel » d’adresser des problématiques humaines, avec vitesse et à grande échelle. Séduisant.
Oui mais…
Comme le disait Jason Averbook lors de sa keynote de clôture, on jette trop souvent l’opprobre sur les éditeurs lorsque le bénéfice attendu n’est pas au rendez vous. Oracle, SAP et d’autres font du logiciel mais si vous utilisez de vieux process implémentés dans des solutions nouvelles vous n’obtiendrez rien de bon. Voire une catastophe.
Aucun outil n’est propriétaire de votre culture. Vous si.
Si le digital apporte vitesse et échelle, digitaliser un vieux process qui n’est plus pertinent ne permet que de faire n’importe quoi plus vite et à plus grande échelle qu’avant. Aucun outil n’est propriétaire de process, vous si.
Ici on ne parle pas de process mais le sujet est le même. On ne résout pas par la technologie des problèmes essentiellement humains et le grand mal de beaucoup d’organisations est de sans cesse repousser le jour où elles vont vraiment s’attaquer aux sujets sensibles, voire qui fâchent, en espérant qu’un jour la technologie réglera le problème toute seule. Ce qui n’arrive jamais. On a beau le critiquer, le solutionnisme technologique et le mythe du « cliquez ici pour tout résoudre » a la vie dure. On sait sa promesse fausse mais l’illusion de facilité rassure et séduit.
Qu’on soit clairs : aucune app ne diffusera ni ne renforcera votre culture ni ne stimulera l’engagement des collaborateurs pas plus qu’elle développera le leadership des uns et des autres. Et d’ailleurs aucun éditeur ne vous fera cette promesse même si cela vous ferait plaisir de croire l’avoir entendu. Une app facilite, supporte, ajoute de la vitesse et de l’échelle, crée un contexte expérientiel positif. Soit. Mais encore faut il avoir quelque chose à faciliter et supporter.
Une app supporte un programme et ne résout rien par ell-même
Une app se sert à rien si elle ne vient en appui d’un programme, de quelque chose qui a une existence concrète en dehors de l’app, d’un dispositif qui a une composante online et une composante offline.
J’irai même plus loin. Lancer un tel programme et mettre l’app dans les mains des collaborateurs peut et doit être l’occasion de s’interroger sur les valeurs, la culture et le style de leadership dans l’entreprise. En ces heures où on se rend bien compte qu’il faut « rebooter » pas mal de chose dans l’entreprise il serait bon de se demander s’il est pertinent de mettre de vieilles valeurs dans un dispositif nouveau où s’il est temps de tout mettre à jour. Ajoutons l’image de modernité véhiculée par l’app qui enverrait un message dissonnant si elle était utilisée pour véhiculer quelque chose qui n’est plus dans l’ère du temps.
Aujourd’hui nous avons des outils simples, efficaces, engageants pour conduire le changement et engager les collaborateurs. A condition qu’on se souvienne que ce ne sont que des outils et ne dispensent pas les Hommes de faire leur part du travail et si nécessaire se remettre en cause.