Attention à la reformation des silos en télétravail

Les silos en entreprise sont les ennemis de la collaboration, de la transmission des savoirs, de la résolution de problème et de l’innovation, contribuent à sa complication et nuisent à l’engagement et au sentiment d’appartenance. En bref si ça n’est pas la seule c’est une des maladies majeures des entreprises.

Avec tous les débats actuels sur le télétravail dont entreprises et collaborateurs ont découvert bon gré mal gré les bienfaits et les limites la question des silos revient sur le devant de la scène et ce même dans les organisations qui ont réussi à plus ou moins éradiquer le problème.

En télétravail la transversalité est moins naturelle lorsqu’elle n’est pas organisée

On l’a bien vu pendant le confinement, le télétravail entraine une polarisation des échanges et de l’attention autour des missions et des projets, conséquence logique de la culture du résultat qu’il engendre et du fait que les occasion de rencontres et discussions informelles se réduisent.

Logiquement comme en matière de transmission des connaissances d’ailleurs (et les deux sujets sont d’ailleurs proches), ce qui n’est pas organisé se passe de moins en moins à distance et la vie du collaborateur se passe de plus en plus au niveau de l’équipe et du projet qui, si on n’y prend garde, vont devenir l’horizon quotidien unique du collaborateur et l’enfermer dans des périmètres de plus en plus réduits et recréer des silos entre les équipes.

Les risques : perte du sentiment d’appartenance globale à l’entreprise au profit de l’appartenance à l’équipe uniquement, moins d’innovation par manque de « cross-pollination », moins de connaissance des autres métiers qui a la fin déteint sur la collaboration, transmission des savoirs et des informations moins efficace…

Comment y remédier ? L’expérience montre que les entreprises ont essayé de multiplier les moments de rencontres transverses de manière fort logique. Mais l’approche a des limites : 20 personnes en visio c’est compliqué, 100 c’est techniquement possible mais illusoire si l’objectif est de créer des échanges.

Il faut donc recréer de la « transversalité organisée » et si possible productive pour réengager les collaborateurs au travers des silos, partant du principe qu’en télétravail on a tendance à ne se concentrer que sur les tâches productives et s’éloigner de ce qui relève de l’échange informel.

Economiser dans l’immobilier mais investir dans le « vivre ensemble »

On peut faire rentrer dans cette catégorie des dispositifs d’innovation ou, comme nous le disait Olivier Delestre dans cette vidéo, en faisant collaborer des équipes de différents métiers et spécialités sur des offres transverses. Il y a une foule de dispositifs à inventer en fonction de vos besoins mais une chose est certaine : à distance lorsqu’elle n’est pas un peu forcée et organisée la transversalité se perd au détriment d’une vie en silos.

Des solutions qui valent lorsque le télétravail est contraint et permanent. Lorsque les rencontres en présentiel sont possibles quand bien même le télétravail serait la norme ou presque, il est bien sur possible de repenser les raisons pour lesquelles on se voit au bureau, penser le bureau comme un lieu de socialisation…et organiser plus de moments de rencontres à l’échelle de l’entreprise ou sur des périmètres plus restreints. Pour ceux qui pensent que gain financier sur l’immobilier de bureau est la seule et unique raison de favoriser le télétravail, il faut bien avoir en tête qu’une partie de de gain sera absorbée par le besoin de davantage d’événementiel d’entreprise (mais la balance restera largement positive quand même, qu’ils se rassurent).

Photo : silos en télétravail de fizkes via Shutterstock