COVID et Télétravail : ne défendons plus l’indéfendable

Jusqu’à présent je gardais mes coups de sang pour moi, préférant pour mon blog les choses plus construites et argumentées, même si elles peuvent déranger. J’ai toujours préféré blâmer le système plutôt que les individus car comme l’illustre très bien le fameux « dis moi comment tu me mesures je te dirai comment je vais me comporter » les actions des individus, aussi stupides ont-elles l’air, sont la plupart du temps conditionnées par des facteurs qui leurs sont externes.

On ne peut pas toujours se cacher derrière le système

Quand vous mettez une personne dans un système qui à force de contrôle et de fixation d’objectifs mesurés poussent des gens à avoir certains comportements de manière totalement rationnelle il ne faut pas s’étonner qu’ils aient ces comportements. Et la plupart du temps ils en ont conscience mais ils obéissent au système et à l’autorité. De tout temps on a sanctionné celui qui avait mal fait, sur la base d’un constat a posteriori, alors que jusqu’à ce qu’on constate les conséquences on trouvait sa démarche normale. Mais jamais on a sanctionné celui ou ceux qui ont créé le contexte, les règles, qui ont amené là.

Mais parfois les individus sont seuls à devoir être blâmés. C’est le cas lorsqu’ils sont seuls responsables de leurs décisions, et les prennent en leur âme et conscience sur la base de valeurs, dogmes ou appréciations qui sont les leurs. Ou simplement par manque de courage.

Refaire toujours la même chose en attendant des résultats différents

Donc la France reconfine. Soit. En toute connaissance de cause des effets économiques et psychologiques de la chose qui passent au second plan au regard de l’urgence sanitaire. Indiscutable. Je ne commenterai pas cette décision qui finalement relève d’une certaine logique même si on peut se demander si « à force de faire de plus en plus de quelque chose qui ne fonctionne pas il ne faut pas s’attendre à ce que ça se mette à fonctionner ». Il est vrai que tout le monde aime se référer à cette citation attribuée à Einstein pour stigmatiser le fait que quand on persévère dans une voie sans résultat, il faut peut être un jour se dire que la voie choisie n’est pas la bonne :

« La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent « 

Mais en attendant il y a dans ce qui nous a mené ici des choses que j’ai du mal à comprendre.

J’ai vu il y a quelques semaines une classification des principaux clusters selon les chiffres de Santé Publique France qui m’a interpelé.

On y apprenait sans grande surprise que les principaux foyers de transmission étaient les entreprises. C’est là où on passe l’essentiel de sa journée.

Alors bien sûr il y a un protocole sanitaire strict mais on ne m’enlèvera pas de l’idée qu’il est très difficile à faire respecter. 8 à 10h avec un masque dans un bureau c’est théoriquement possible, humainement insupportable à long terme. Et quand dans une journée on passe 8h avec ses collègues et 3 avec sa famille, masque ou pas, on peut penser qu’à un moment l’un n’est pas plus protecteur que l’autre. D’autant plus que lorsque la contamination arrive ça n’est pas 3 ou 4 mais 10 voire 50 personnes qui sont exposées et qui ensuite… bref vous avez compris.

Où sont les bars et les restaurants ? On les cherche. Pour certains ils seraient à classer dans « Evénement public ou privé », pour d’autres ils ne sont pas significatifs donc n’apparaissent pas. Il ne m’a pas été possible d’en savoir plus donc je vais prendre le parti pris de les mettre dans « Evénements » pour ne pas avoir l’air de minimiser leur rôle quitte à totalement le surévaluer. D’un autre côté quand on sait qu’il n’a a pas eu besoin d’utiliser une seule fois un cahier de rappel dans un restaurant Parisien on peut se poser des questions.

Quand on privilégie la facilité à l’efficacité….

Donc on a fermé les bars et limité les restaurants. Pourquoi pas après tout. Mais quand on s’occupe en priorité de ce qui est au mieux le 4e problème (et peut être le 10e) par ordre d’importance on peut se demander pourquoi on ne traite pas ceux qui sont classés devant. Et là vous me voyez venir : pourquoi on n’a pas « fermé » les bureaux ? Je dis bien les bureaux, pas les entreprises . Ce qui en d’autres termes veut dire pourquoi on n’a pas imposé le télétravail aux métiers auxquels cela peut s’appliquer ? D’accord cela ne concerne pas tous les salariés mais cela en fait déjà beaucoup. C’est le cas typique d’une décision qui n’obéit à aucune règle sinon celle du libre arbitre de celui qui la prend.

Cela me rappelle l’histoire de l’ivrogne qui cherche ses clés au pied d’un lampadaire en pleine nuit. Une, puis deux, puis trois, puis 10 personnes viennent l’aider mais personne ne trouve rien. A un moment quelqu’un lui demande « mais êtes vous sûr de les avoir perdu ici ? ». Et il répond : « pas du tout, je les ai perdu ailleurs mais ici c’est le seul endroit où il y a de la lumière pour les chercher ».

Bars et restaurants devaient être les seuls endroits où il y avait de la lumière, comprenez les plus simples à fermer. On n’ennuie que des consommateurs et des petits chefs d’entreprise. Pour les bureaux, vous comprenez il y a les syndicats qui ne sont pas toujours pour le télétravail, il faudrait en amont une discussions entre les partenaires sociaux sur les risques psychosociaux liés au télétravail….et puis c‘est le boulot des DRH qui ont les cartes en main.

Plus facile de confiner 70M de personnes que d’imposer le télétravail

On est donc capables de confiner près de 70 millions de personnes en un claquement de doigts (et donc de mettre de facto tous ceux qui le peuvent en télétravail), mais imposer le télétravail depuis le début de la 2e vague, voire en prévention depuis le début de l’été, voire ne pas avoir laissé les salariés capables de télétravailler revenir au bureau, ça c’était trop compliqué ! Oui pour certains salariés cela était difficile voire douloureux, mais à choisir le moindre mal cela vaut mieux que de saturer les lits de réanimation.

Donc, à la veille de l’annonce d’un confinement inéluctable nous avons une ministre du travail qui annonce qu' »il faut aller au maximum sur le télétravail pour les postes qui le permettent« . Aller au maximum : cela manque soit d’ambition soit de courage soit les deux. On prend moins de gants avec des secteurs qui posent moins de problèmes que les entreprises. On parle de confiner 70 millions de personnes, de remettre une chape de plomb sur une grande partie de l’économie pour freiner la propagation du virus mais le télétravail restera fortement souhaité mais non imposé. On annonce également que, justement, une négociation avec les partenaires sociaux commencera le mardi suivant c’est à dire 5 jours après le début du confinement. J’hésite entre dire que je n’aimerai pas danser avec madame la ministre tant elle manque de sens du rythme ou qu’elle a le même sens de l’urgence et des priorités que l’orchestre du Titanic qui continuait à jouer pendant que le bateau coulait.

Inaction coupable pour protéger les salariés : on dépasse les Borne

Puis le confinement a été annoncé. «Le télétravail sera généralisé partout où cela est possible». Il était temps mais la phrase manque de conviction. Le propos est beaucoup plus directif voire impératif sur d’autres sujets, comme si on avait peur d’aborder un sujet qui fâche. Au fait on n’attend plus la négociation avec les partenaires sociaux ?

Là encore les paroles sont belles. On parle même de sanctions et d’amendes pour les entreprises qui ne mettraient pas en place le télétravail alors qu’il est possible. Mais on s’arrêtera aux paroles. Comme le signale cet article ces déclarations n’ont aucune valeur légale et ne font peser sur les entreprises aucune contrainte nouvelle. Croyez le ou non, il est légalement impossible au gouvernement d’imposer le télétravail. Il peut presque tout tout faire, l’état d’urgence lui permet de suspendre quasiment toutes les libertés, mais imposer le télétravail est impossible. C’est la réalité. Mais qu’on ne me dise pas qu’en presque 6 mois il n’aurait pas été possible de changer la loi pour rendre une telle décision possible ou alors nous vivons dans un pays où le pouvoir du législateur s’applique à tout sauf au télétravail qui serait un sujet au dessus des lois voire au dessus de la constitution !

On doit toujours se contenter des « anciens » textes disant que l’employeur doit tout mettre en œuvre pour préserver la santé de ses salariés. Vu ce à quoi ça a servi au printemps il y a peu de chances que ça change en automne. Beaucoup de bruit pour rien puisque si le gouvernement est devenu une machine à produire des protocoles ceux-ci ne peuvent servir de base à une action en justice. Si aérer les locaux aide à lutter contre le COVID, à défaut de règles opposables aux entreprises au moins on sait produire du vent. Donc mettez vous bien dans la tête si vous aviez cru comprendre autre chose : non il n’y a pas de sanction spécifique prévue pour les entreprises qui ne mettraient pas en place le télétravail pendant ce second confinement. Et la ministre peut raconter ce qu’elle veut à sur les plateaux de télévision, cela n’y changera rien : le gouvernement n’a pris aucune décision à valeur légale sur le sujet et essaie de raccrocher à de vieux textes qu’il n’a pas fait l’effort d’appliquer depuis le début de la crise pour donner le change.

S’agissant de la santé des salariés et du risque d’importer chez eux, dans un contexte familial où on est moins vigilant, un virus qu’on aurait attrapé au bureau, je ne sais si on a affaire à un manque de compréhension du sujet, une communication pas assez claire ou un manque de courage mais on n’est pas loin de la mise en danger inutile de la vie d’autrui par inaction. Qu’on ait été pris de cours en mars soit, mais là on dépasse les Borne.

Le pouvoir refile la patate chaude aux DRH

Donc on a préféré repasser la patate chaude aux entreprises et donc aux DRH pour qu’ils fassent le ménage chez eux. A eux de se débrouiller avec les syndicats et les pleurnicheries de certains managers qui ont bien du mal de jouer aux petits chefs avec des équipes qu’ils ne contrôlent plus visuellement. A eux d’assumer de se retrouver dans un « no man’s land » légal faute d’un cadre d’urgence sanitaire d’urgence qui leur aurait permis de prendre des mesures drastiques. Mais comme on l’a dit, fermer bars et restaurants et reconfiner 70 millions de personnes c’est plus simple que d’avoir imposé le télétravail en vertu d’un principe de précaution qu’on a eu de cesse d’agiter pour tout et n’importe quoi depuis le début de la pandémie mais qui n’a pas eu le droit de cité en matière de télétravail.

Donc les DRH ont pris leurs responsabilités, en tout cas celles que d’autres n’ont pas eu le courage de prendre. Protocole stricte, préparation minutieuse, vigilance de tous les instants. Mais une fois encore, une journée complète avec un masque, pendant plusieurs mois…le relâchements ou les « fautes d’inattentions » étaient inévitables. Avec les résultats que l’on sait.

Alors oui ça n’est pas facile pour tout le monde de télétravailler. Autant certains n’ont plus envie de retourner au bureau, autant d’autres n’ont aucune envie de travailler chez eux. Ma pratique du sujet m’a amené à une conclusion simple : il n’y a pas de règle qui fonctionne pour tout le monde en la matière. Imposer ou interdire de manière uniforme, imposer le même modèle à tous ne fonctionne pas. Il faut laisser à chacun le choix de revenir ou pas, tout le temps, de temps en temps, jamais. Mais ça c’est en temps normal. Or le télétravail en temps de crise sanitaire ça n’est pas « en temps normal ». Il y a un enjeu de santé publique.

Dans cette interview une salariée dit  » Ca me manque énormément de ne pas voir mes collègues, de ne pas avoir d’interactions sociales avec eux« . C’est totalement humain, compréhensible et audible en temps normaux. En temps de crise sanitaire c’est justement pour éviter ce que recherche cette dame au bureau qu’on a fermé les bars puis instauré un couvre feu. Mais pas imposé le télétravail.

Mais si le gouvernement n’a pas voulu l’imposer, chaque entreprise était dès lors libre de sa politique non ? Et ce que j’ai entendu m’a rassuré. Sécurité maximale, aucun risque, libre choix du collaborateur. Ne rien forcer puisqu’on sait que par définition revenir au bureau comporte un risque même si les RH ont tout fait pour ce dernier tende vers zéro, mais faire en sorte que ceux qui pour quelque raison que ce soit veulent s’extirper de leur domicile trouve, dans l’entreprise, un espace de travail sain. C’était la promesse et elle était belle. Merci aux responsables RH qui ont prouvé qu’ils étaient des RH responsables.

70% des salariés de retour au bureau. De leur plein gré ?

Résultat ? Seulement 12% des salariés sont encore en télétravail à temps complet (j’imagine que cela inclut ceux qui ont le choix de pratiquer à leur guise et ceux qui n’ont pas le choix). 70% sont de retour au bureau. En passant 12+70 cela fait 82…cela veut il dire que 18% sont portés disparus après s’être égarés entre leur domicile et un bureau dont ils ont oublié le chemin ?

Trève de plaisanterie : qu’on ne me dise pas que si on a vraiment laissé leur libre arbitre au salariés 70% sont revenus de leur plein gré et seulement 12% ont voulu poursuivre l’expérience. Cela ne correspond à rien, même pas aux chiffres des études les plus négatives et à charge par rapport au télétravail.

Arnaud Rayrole, du cabinet Lecko connu pour être à la pointe sur les modes de travail « digitaux », faisait remarquer il y a quelques jours sur Linkedin que :

« Fin mars, le temps passé par les français au bureau avait diminué jusqu’à -69%. Les mesures de ce nouveau confinement entraineront-elles les mêmes conséquences ?

La baisse de fréquentation des lieux de travail s’explique par le télétravail et la baisse d’activité. En juin et septembre, la fréquentation était remontée à -15% de ce qu’elle était en janvier. Quelque soit la part du télétravail, il reste faible.« 

Données sources : rapport sur la mobilité sur la région France produit par Google. Ces données agrégées et anonymisées proviennent d’utilisateurs Google Maps qui ont activé le paramètre Historique des positions. Ces données agrégées et anonymisées proviennent d’utilisateurs Google Maps qui ont activé le paramètre Historique des positions. La valeur de référence est la valeur médiane sur la période du 6 janvier au 3 février.

Que s’est il donc passé entre le discours des RH et cette réalité ?

Un double jeu ? Un message pour l’opinion public et un autre distillé aux salariés ?

La peur de péréniser un système avec lequel elles ne sont pas confortables, qui crée trop d’incertitudes légales ?

Le refus de s’opposer à certains managers qui, eux, voulaient que leurs équipes reviennent car pour eux hors du présentéisme point de salut ?

Le refus d’un bras de fer avec les syndicats qui voient dans le sujet un motif d’exister et qui ne sont pas encore pas prêts pour un monde de militantisme à distance ?

En tout cas au delà des belles intentions et des paroles qui vont avec il n’y a pas eu la volonté ou les moyens de se battre pour passer de l’intention à l’action et de défendre un principe de précaution sanitaire voulant qu’un salarié qui ne voulait pas revenir, ou pas tous les jours, ne pouvait y être contraint.

Qu’on ne se méprenne pas. Il ne s’agit pas d’un plaidoyer pour le télétravail dont je suis le premier à savoir qu’il n’est pas simple à mettre en place à grande échelle car c’est à chaque salarié d’inventer, pour lui-même, la vie qui va avec, pourvu que l’entreprise ait la maturité suffisante pour éviter le « one size fits all ». Il s’agit de faire face à une réalité sanitaire. On ne parle pas de convenance ou de confort mais de santé publique. On parle de la santé des salariés. De celle de leurs familles.

La seule bonne nouvelle est qu’en faisant semblant d’imposer le télétravail le gouvernement a juste reconnu implicitement qu’il aurait dû le faire avant. Ca on le savait tous mais visiblement cette donnée a du échapper à notre Monsieur Déconfinement qui au passage y a gagné ses galons de premier ministre. Comme quoi il n’y a pas qu’en entreprise qu’on promeut des gens après un échec.

Ceux qui ne veulent pas revenir seront les premiers virés

Un représentant de l’Association Nationale des DRH dit dans cet article : « “Il vaut mieux laisser sur le terrain les dirigeants d’entreprise et les partenaires sociaux choisir le meilleur mode au regard la réalité de leur entreprise, de son implantation et de son activité”. Preuve que la profession s’est totalement trompée de combat. Cette ligne de conduite vaut pour le télétravail en temps normal et correspond totalement aux enjeux des nouvelles formes de travail qu’il faut appréhender au plus proche de la réalité du terrain. Mais là on ne parle de télétravail « en temps normal », on parle du télétravail en temps de crise sanitaire où la convenance doit passer après la recherche du risque zéro.

Qu’une personne attrape le COVID de son propre fait, en adoptant un comportement à risque est regrettable mais relève de sa responsabilité. Qu’elle l’attrape parce qu’on l’a forcé à adopter un comportement n’est pas acceptable. C’est même criminel.

« Ceux qui ne veulent pas revenir seront les premiers virés« . Inutile de jouer les vierges effarouchées : cela a été dit de manière implicite ou explicite dans beaucoup plus d’entreprises qu’on ne le pense. Parfois par des managers auxquels les RH ne se sont pas opposés. Parfois par des RH pressés de revenir au monde d’avant même si le propos de façade devait être plus politiquement correct. Parfois par les deux faisant cause commune.

Aujourd’hui on sait ce qu’il en est advenu et les entreprises ont réussi à faire pire que les lieux de convivialité en ce qui concerne la propagation du virus. Chapeau bas.

Faut il s’attendre à autre chose avec ce second confinement ? On a vu que les annonces gouvernementales n’étaient qu’un écran de fumée mais qu’en est-il au niveau des entreprises ? Je m’attends au pire. A titre d’exemple :

  • J’écoutais à la radio ce matin le témoignage d’un salarié d’une grande entreprise. Sa direction ne fait confiance aux salariés pour être productifs à distance donc pendant le confinement ce sera deux jours de présence obligatoires au bureau par semaine.
  • Une amie travaillant pour une grande entreprise m’informe que pour eux ce sera un jour de présence obligatoire
  • J’ai vu circuler une note interne d’un autre grand groupe qui disait peu ou prou : « la crise sanitaire est un vrai enjeu mais il ne doit pas nous faire oublier l’impératif économique. Soyez tous prêts à venir au bureau dès qu’on le vous le demande…d’ailleurs ce serait bien de ne pas le quitter ».
  • Un candidat à qui je faisais passer un entretien me disait il y a quelques jours : « je suis en mission chez un client, les internes ont droit au full télétravail mais les prestataires doivent venir au bureau« .

Oui on se trompe de combat. Quand les choses seront revenues à la normale il sera temps de discuter du télétravail, de ses modalités, de son encadrement mais là on ne parle pas de télétravail. Il ne faut pas confondre le télétravail « normal » et le télétravail sous contrainte sanitaire. L’un se discute, se négocie, l’autre non. Ca ne sont pas les mêmes enjeux.

Quand tout le monde est coupable personne ne veut désigner l’autre

Alors oui, certains RH ont été et sont de quasi-criminels par inaction. Mais qui se retournera contre eux ? Un salarié malade ? Seul il ne pèsera rien. Un syndicat ? Ils sont complices car ils ne voulaient pas du télétravail. Le gouvernement ? C’est lui qui par inaction leur a refilé la patate chaude.

Entre le manque de courage des uns et l’hypocrisie quasi criminelle de certains autres on ne peut pas défendre l’indéfendable : dans beaucoup trop de cas la santé des salariés a été la cinquième roue du carrosse. A tel point qu’on en oubliera ceux qui ont vraiment fait le job et tout fait pour éviter d’exposer leurs salariés d’être exposés à un risque qu’on pouvait éviter.

Le pire c’est qu’on ne les a même pas sacrifiés sur l’autel de l’économie mais simplement au nom d’une conception aujourd’hui obsolète de l’entreprise, du travail et des rapports managériaux. Rien de systémique là dedans, juste le fruit de décisions ou de non décisions individuelles de la part de personnes qui avaient le pouvoir d’emmener leurs collaborateurs dans une direction ou une autre.

Alors je ne sais pas pour vous mais moi ça me laisse vraiment un goût amer. Alors forçons nous à voir le bon côté des choses : certains ont gagné de manière méritée leur titre de « soignants de l’entreprise ». Quant aux autres….

Photo : mensonges de Anton Watman via Shutterstock

Bertrand DUPERRIN
Bertrand DUPERRINhttps://www.duperrin.com
Head of People and Operations @Emakina / Ex Directeur Consulting / Au croisement de l'humain, de la technologie et du business / Conférencier / Voyageur compulsif.
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