Alors que les salariés sont peu à peu en mesure de reprendre le chemin du bureau de nombreuses questions se posent à la fois sur leur état d’esprit, leurs attentes, et les plans des entreprises. Si tout le monde comprend qu’on s’achemine sinon vers un retour à la normale, en tout cas vers une situation moins anormale, personne n’a trop l’air de savoir où on va, et pire, pourquoi on y va.
J’en veux pour preuve une étude PWC réalisée en début d’année, le PwC’s US Remote Work Survey, intitulée « It’s time to reimagine where and how work will get done« .
Effectivement c’est une étude de début 2021 donc à la vitesse à laquelle vont les choses on aurait pu croire qu’elle n’est déjà plus pertinente mais en fait elle ne dit pas d’autres choses que ce que je peux constater par moi-même, à la différence près que contrairement à mes observations elle repose sur des chiffres.
Par contre je mettrai quand même un bémol préalable : cette étude porte sur le monde du travail américain dont on sait qu’il a quelques spécificités par rapport à ce que nous connaissons ici.
Le télétravail s’est bien passé
Quoi qu’on en dise le télétravail s’est bien passé même si je pense qu’entreprises et salariés étaient mieux préparés de l’autre côté de l’Atlantique.
De manière générale les gens se sont trouvés plus productifs. De manière assez intéressante d’ailleurs il faut noter que les choses se sont améliorées au fil du temps. Si après la « première phase » de télétravail au début de la pandémie ce sentiment était déjà présent, avec le temps et la pratique il s’est renforcé, preuve que les salariés ont fini également par s’adapter et faire évoluer leurs méthodes de travail.
Par contre même pour un partisan du télétravail comme moi les chiffres sont quand même surprenants. Je veux bien que le bureau soit dysfonctionnel et que le télétravail ait obligé à revoir certains modes opératoires mais quand même. Penser qu’il n’y a pas un seul type d’activité qui ne se soit plus mal passé en télétravail me laisse pour le moins pensif.
Donc tout s’est très bien passé, en tout cas pour les salariés américains. C’est une bonne nouvelle car c’est la seule chose sur laquelle il y a des certitudes et que salariés et employeurs s’entendent.
Les salariés US favorables au télétravail à temps plein
Quand on demande aux salariés leurs souhaits pour le futur on constate deux choses. La première est qu’aucun consensus ne se dégage quant au nombre de jours où ils devraient pouvoir télétravailler. La seconde est qu’ils sont beaucoup plus ouverts, me semble-t-il que les salariés français avec une grande majorité favorables à 3 jours ou plus et plus qu’un quart favorables au télétravail à temps plein.
Retour au bureau pour préserver la culture d’entreprise
Son de cloche différent du côté des employeurs dont une des plus grandes inquiétudes face au télétravail est la préservation de la culture d’entreprise. Ici on a une vision totalement inverse de celle des salariés : là où les uns disent 3 jours de télétravail minimum, les autres disent trois jours au bureau minimum.
J’aimerais quand même m’attarder un peu sur cette volonté de maintenir une culture d’entreprise forte et le fait que cela semble passer par une présence au bureau. C’est une volonté compréhensible et louable mais je ne peux m’empêcher de me demander si cela ne cache pas quelque chose, même inconsciemment.
Je reviendrai sur la question en détail dans un futur article mais je me demande si à un certain moment on ne confond pas maintenir la culture d’entreprise et maintenir le salarié immergé dans un environnement d’entreprise afin qu’il ne pense pas à autre chose que son travail ce que je résume souvent en parlant de la différence entre le besoin d’appartenance des uns et l’envie de posséder des autres.
En fait cette idée m’est venue naturellement quand on regarde ce à quoi les uns et les autres pensent que le bureau est utile.
Oui au bureau mais pas pour les mêmes raisons
A la question « quelle est la vocation du bureau » si tout le monde s’entend sur le fait que c’est un endroit de rencontre avec les clients et les salariés et de collaboration, le consensus s’arrête là.
Les employeurs y voient tout d’abord un moyen d’augmenter la productivité, ce qui est paradoxal alors qu’ils nous disent quelques lignes plus haut qu’en télétravail tout a été plus efficace qu’au bureau. Il y voient aussi comme on vient de le dire un moyen de faire vivre la culture d’entreprise.
Pour les salariés la dimension culture d’entreprise n’est même pas évoquée. Ont ils la sensation qu’elle vit très bien à distance, ne lui accordent ils aucune importance ou font ils, justement, la différence entre une culture d’entreprise qui vit et une entreprise qui les étouffe…on ne le saura jamais.
Je suis également agréablement surpris que le sujet de la sécurité d’accès aux données soit présente dans la tête des salariés.
Dernier point négligé par les employeurs mais valorisés par les salariés : l’utilité du bureau pour tout ce qui touche à la formation, preuve qu‘en matière de formation il y des choses qui ne passent pas aussi bien qu’on veut bien le dire à distance.
La grande confusion du retour au bureau
Que retenir de tout cela ? Que les salariés et employeurs US sont beaucoup plus positifs que les homologues français mais ça on le savait depuis longtemps. Je pense aussi qu’en termes de culture et de pratiques déjà installées, la marche était moins haute pour eux.
Pour autant si tout le monde à compris que le retour à 100% au bureau ne sera pas possible, personne n’est d’accord ni sur la formule et adopter ni, surtout, les raisons pour lesquelles l’adopter.
Mais, encore une fois, les critère qu’un salarié peut avoir besoin ou envie d’être à distance et à quelle fréquence sont tellement nombreux et personnels qu’il me semble compliqué d’envisager un modèle qui s’appliquerait uniformément à tous et tout le temps. C’est pourtant ce que beaucoup essaient de faire.
Image : travail à distance de via Shutterstock