Avant de rentrer dans le vif du sujet de ma série « le futur du travail en 2022 et un peu après » et après avoir rappelé le sens des mots futur et travail, je voudrais apporter une dernière précision afin de cadrer le sujet.
Lorsqu’on se lance dans une réflexion sur le futur du travail elle peut adopter deux angles contreproductifs.
Le premier, on l’a vu dans mon billet précédent est de trop vouloir protéger le passer et être trop restrictif dans son approche. La seconde est au contraire de perdre tout sens des réalités.
Il ne faut pas perdre de vue ce qui doit être a priori l’objectif d’une telle démarche : déboucher sur un plan d’action concret et faire passer un message aux salariés.
Le futur du travail n’est pas une promesse
C’est peut être la dimension la plus difficile à gérer car elle oblige à prendre en compte deux injonctions qui peuvent sembler contradictoire.
Le futur du travail n’est pas une promesse dans la mesure où il ne faut pas se dire que les salariés vont se contenter d’un beau discours, de belles paroles et que cel comblera leurs attentes. Dire qu’on a compris la situation, qu’on a compris leurs besoins futurs, éventuellement les faire rêver n’a aucun sens ni rien ne se passe ensuite.
Mais le futur du travail n’est pas une promesse dans le sens ou, même avec la meilleure volonté du monde, vous n’arriverez peut être pas à accomplir tout ce que que vous auriez envie de mettre en place.
J’ai l’habitude de dire qu’une prédiction et un plan sont faux à partir du moment où on les a élaborés. Trop de choses peuvent changer dans l’environnement économique et sociétal de l’entreprise et ces dernières années ont été riches en événement nous le prouvant. Le plan peut être beau, on peut avoir vraiment envie de l’exécuter, ensuite se passe quelque chose qui s’appelle la réalité, le futur, par définition imprévisible, et à la fin ce sont eux qui ont le plus souvent raison.
Le futur du travail n’est pas un rêve
J’insistais sur la nécessité d’avoir une approche relativement rationnelle lorsqu’il s’agit d’élaborer des prédictions et en voici la raison principale : elles doivent déboucher sur quelque chose d’opérationnel, ça n’est pas juste un exercice qui vise à se faire plaisir.
J’ai déjà participé à certains nombres d’ateliers de réflexions sur le « futur de quelque chose », avec des dirigeants, des salariés, des experts externes…
J’ai entendu beaucoup de choses très intéressantes.
Mais j’ai également entendu beaucoup de choses qui m’en disaient plus sur la personne que sur le futur en question. En les écoutant je comprenais leurs envies, leurs peurs, leurs idées politiques, ce à quoi ils tenaient, leurs convictions, ce contre quoi ils voulaient se battre…mais rien sur le futur.
Le résultat de tout cela était à la fin un mélange d’idéologie, de rêve, de frustrations, mais au travers de ce travail c’est eux qu’ils projetaient dans un futur qu’ils espèrent, pas leur entreprise qu’ils projettent dans un futur réaliste.
Bien sur ces biais existeront toujours, mais on peut les minimiser, justement en rationalisant les choses autant que faire se peut. Ne vous inquiétez pas, l’imagination et les rêves de chacun trouveront toujours le moyen de s’exprimer, il faut juste éviter qu’ils nous emmènent trop loin de ce qui est réaliste.
Conclusion
Il ne faut pas oublier qu’une réflexion sur le futur du travail doit déboucher sur un plan d’action réaliste qui trouvera sa place dans un futur qu’on espère avoir bien cerné.
En faire le terrain d’expression des rêves et des combats de chacun amène à un résultat diamétralement opposé.
Image : futur du travail de via Shutterstock