L’autre jour je parlais avec quelqu’un de management et de leadership et nous en sommes venus à parler d’autorité. Alors que nous étions d’accord sur la nocivité des petits chefs mon interlocuteur m’a alors dit quelque chose comme :
« de toute manière les gens ne supportent plus l’autorité, c’est toxique, nuisible, ça ne colle d’ailleurs plus avec les valeurs d’une entreprise responsable et les gens autoritaires n’y ont pas leur place, c’est un style de management qui n’a plus sa place en 2024« .
Je comprends parfaitement ce qu’il voulait dire mais je ne suis pas du tout d’accord avec la manière dont cela a été dit.
En effet il a mélangé dans la même phrase deux notions qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre : autorité et autoritarisme.
L’autoritarisme, marque du mauvais manager
L’autoritarisme est le fait pour une personne ou un groupe de personnes d‘exercer un pouvoir de manière exclusive, brutale et d’imposer des points de vue et des décisions sans discussion et sans accepter la moindre remise en cause. C’est également une des composantes d’une forme de management par la peur.
« Je me moque de ce que vous pensez, j’ai décidé que c’était ainsi et vous allez obéir et exécuter« .
On confié des pouvoirs à une personne et, sans toujours en abuser, elle les exerce avec une sorte d’absolutisme.
Effectivement on y retrouve une des caractéristiques du petit chefaillon et des tyrans de l »open space et, oui, effectivement, cela fait des ravages en entreprise.
Déjà parce que les décisions prises de manière unilatérale sans discussion ni collaboration sont rarement les meilleurs.
Ensuite en raison de l’impact de ce type de comportement sur les gens : peur, désengagement, défiance avec au stade ultime des démissions quand ça n’est pas une dépression.
On a en effet vu mieux pour maintenir un climat serein en entreprise.
L’autorité ou l’expression du leadership
Pour moi faire preuve d’autorité ou avoir de l’autorité c’est tout l’inverse.
En effet l’autorité ne se voit pas dans la manière dont une personne agit mais dans la manière dont son action est perçue par les autres.
Quand une personne qui a de l’autorité parle ou décide on l’écoute, on la suit non pas parce qu’on ne peut pas discuter mais parce qu’on fait confiance, qu’on adhère. Elle s’impose d’elle même sans avoir à hausser le ton, à menacer, à inspirer la crainte.
D’ailleurs elle est souvent dans l’écoute au préalable, mais quand elle a décidé personne ne discute. Parce qu’elle a écouté avant, mais pas seulement.
D’ailleurs on dit d’une personne qu’elle a de l’autorité, qu’elle fait autorité. Contrairement à l’autoritarisme où regarde comment la personne agit, l’autorité se voit dans le regard des autres plutôt que dans le comportement de la personne.
Parfois même elle n’a pas besoin d’un titre ou de se voir confier des pouvoirs : c’est naturel car l’autorité n’est pas quelque chose qu’on a ni quelque chose qu’on fait ni quelque chose qui nous est donné par l’entreprise mais quelque chose que ceux sur qui l’autorité s’applique autres nous donnent. On a de l’autorité parce que les autres vous la reconnaissent.
Quelles sont ses sources ? Selon les cas et les personnes ça peut être du charisme, un savoir ou une expertise incontestable, une manière de manager…
C’est une manière dont s’exprime le leadership : on suit la personne comme une évidence, de nous même.
D’ailleurs j’ai pu constater souvent que plus une personne avait d’autorité plus elle avait un management apaisé et participatif car elle n’a pas peur de la discussion et c’est peut être justement ce qui fait qu’on la suit volontiers car son processus de décision est ouvert et clair.
On est autoritaire quand on a pas d’autorité
Mais, à l’inverse, quelles sont les sources de l’autoritarisme ? Certains vous diront que c’est un trait de caractère mais je pense que c’est plus profond que cela. Il y a une ou des raisons à ce trait de caractère.
La manière la plus simple de l’expliquer est d’invoquer le manque d’autorité. Pas de charisme, pas ou peu de légitimité, de savoir, d’expertise, que ça soit vrai ou non.
Vrai ou non car souvent une personne est autoritaire car elle se fait à elle même un procès en illégitimité. Elle pense qu’elle n’est pas à la hauteur, que le costume est trop grand pour elle, qu’elle n’a pas assez de compétences et de fait a peur de la discussion et pense qu’elle ne peut s’imposer que par la force.
Le procès qu’elle se fait peut être totalement infondé, peu importe, c’est l’idée qu’elle a d’elle même qui compte. C’est souvent le résultat d’un manque de confiance en soi et c’est justement la confiance qui est l’axe de travail a privilégier pour qu’une personne autoritaire repasse du bon côté le la force.
J’entends parfois dire d’une personne qu’avec le temps elle a adouci son management, est plus ouverte, plus à l’écoute. Ca n’est le plus souvent pas tant qu’elle a changé mais qu‘elle a pris confiance en elle au fil du temps et a désormais conscience de ses qualités.
Alors non l’autorité n’est pas quelque chose de dépassé, pas en phase avec les valeurs d’une entreprise moderne. Au contraire on a besoin de gens qui ont de l’autorité. Quant aux gens autoritaires il faut les aider à travailler leur confiance ou se demander si, effectivement, elles n’ont pas tord et ne sont pas à leur place à ce poste.
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