Il y a des phrases, des citations, dont on perçoit tout de suite le sens et résonnent comme des évidences. D’autres chatouillent votre intellect sans que de prime abord elles ne signifient quelque chose de spécialement intéressant ou brillant et on a envie de leur trouver un sens, idéalement brillant, alors même que leur auteur n’avait certainement aucune ambition à ce sujet.
C’est ce qui m’est arrivé lorsque j’ai entendu « Quand on ne peut résoudre un problème il faut changer de problème« . Je peux vous garantir que l’auteur n’avait aucune ambition vraiment intellectuelle mais c’est un peu comme si je m’étais trouvé devant un concept marketing qui faisait « tilt » et m’étais dit « il faut que je trouve le produit qui va avec« . (Je vous dirai où je l’ai entendu plus tard et alors vous comprendrez pourquoi je n’ai guère de doute sur l’ambition de cette phrase).
Qu’est ce que cela peut donc signifier ?
Il faut reformuler le problème
Le problème peut être tout simplement mal défini et dans ce cas il faut essayer de le reformuler.
Un peu comme lorsque vous avez une équation développée devant vous, la factoriser permet souvent de comprendre des choses et mieux la traiter.
Cela correspond aussi à la recherche des causes premières. Souvent on s’époumone à régler les conséquences du problème et pas ses causes premières donc soit on ne résout rien soit le problème réapparait indéfiniment à intervalle régulier.
Par exemple, au lieu de dire « nos ventes baissent », poser la question : « comment pouvons-nous mieux répondre aux besoins de nos clients ? »
Il faut changer de perspective
Un problème semble parfois insoluble parce qu’on l’aborde toujours sous le même angle ou avec les mêmes outils.
« Quand on a qu’un marteau on veut que tous les problèmes ressemblent à un clou ».
On peut déjà demander des regards extérieurs, parfois un oeil candide voit des choses qu’on ne voit plus à force de les avoir sous les yeux.
On peut également utiliser le design thinking ou la méthode des 5 pourquoi pour creuser différemment.
ll faut déléguer ou externaliser
Si un problème semble insoluble pour une équipe ou un individu, « changer de problème » peut aussi signifier déléguer ou externaliser sa résolution. Si l’oeil extérieur n’aide pas à mieux le comprendre, des mains extérieurs peuvent peut être le résoudre.
Il s’agit ici d’identifier des experts ou des partenaires externes capables d’apporter un regard neuf et des compétences spécifiques.
Il faut changer d’objectif
Peut-être que les objectifs ne sont plus adaptés à l’environnement ou à la réalité. Une caractéristiques d’un « bon » objectif est d’être atteignable il arrive qu’ils soit mal fixé ou qu’un changement radical de contexte l’ait rendu inatteignable. Le pire dans cet hypothèse c’est qu’en baissant les bras devant un objectif difficile à atteindre les gens n’essaient pas même pas de faire au mieux.
Une analyse approfondie du contexte voire une analyse stratégique (SWOT, PESTEL) peuvent aider à ajuster les objectifs organisationnels.
Il faut réévaluer les priorités
Insister sur un problème insoluble peut être contre-productif et consommer inutilement du temps au détriment d’autres sujets. Changer de problème et passer à autre chose revient à accepter l’échec pour se repositionner sur des choses sur lesquelles on peut avoir un impact.
Combien de fois entend-t-on dire « ne jamais mener de bataille qu’on ne peut pas gager » ?
Dans un contexte entrepreneurial, cela pourrait signifier pivoter, c’est-à-dire changer d’offre, de cible, ou de modèle économique.
Conclusion
Très souvent lorsqu’on bloque devant un problème soit on se trompe de problème soit on le prend de la mauvaise manière.
Changer de problème ne veut pas (toujours) dire renoncer et passer à autre chose mais simplement changer d’approche ou de perspective.
PS : la citation vient des Guignols et est mise dans la bouche de Jacques Chirac à l’époque de la dissolution ratée de l’assemblée nationale ratée en 1997 et pourrait s’interpréter comme « à défaut de maîtriser les choses faisons semblant de les avoir organisées« . Je vous laisse en déduire la portée managériale que ses auteurs devaient avoir en tête.
Sans grand intérêt sauf celui de m’avoir obligé à phosphorer un peu devant une page blanche.
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