Linkedin et ses utilisateurs c’est un peu comme le syndrome de Stockholm : on est pris en otage par une plateforme dont on voit tous les limites mais faute d’alternative crédible on se force à se convaincre qu’on y est bien voire à l’apprécier.
Et puis cela servirait à quoi de perdre son temps à se plaindre puisque nous sommes condamnés à faire avec ?
Mais il y aurait une autre possibilité : améliorer Linkedin pour gommer ses défauts. Vu que Microsoft a décidé de laisser dépérir l’outil depuis des lustres vous me direz qu’il n’y a pas grand chose à attendre de ce côté d’autant plus que comme on le verra un jour prochain ils n’ont absolument aucun intérêt à améliorer les choses mais comme j’aime les causes perdues je me suis laissé aller à quelques réflexions sur le sujet qui pourraient d’ailleurs être des pistes pour un concurrent qui ne voudrait pas répéter ses erreurs.
Revoir l’expérience utilisateur de fond en comble
Commençons par ce qui est le plus visible : l’interface et l’expérience utilisateur. Si mes souvenirs sont bons aucune évolution majeure n’a eu lieu de ce coté depuis 2017 à part un petit coup de pinceau en 2020. A l’échelle du web c’est donc il y a une éternité.
L’interface regorge de menus et de sous menus et certaines fonctionnalités sont difficiles à trouver. Pourquoi faut il revenir en haut du feed pour avoir accès aux outils de publication ou aux éléments sauvegardés. Combien de clics pour accéder aux statistiques ?
Quand je suis dans les éléments sauvegardés, que je veux en lire un et ensuite revenir à liste il me faut soir faire des retours en arrière soit me lancer dans une navigation fastidieuse et chronophage.
Globalement le parcours utilisateur est confusant et peu agréable.
Passons ensuite aux notifications. Trop de choses de type différent, souvent sans pertinence et sans possibilité de paramétrer. Et pourquoi, lorsque je reçois un message cela affiche une pastille dans les notifications alors que j’en ai déjà une dans la messagerie ! Bref un rapport signal bruit qui est tout sauf bon.
Mais le flux d’actualité n’est pas mieux. Trop chargé, envahi de publicités ( quasiment un post sur 3) au format envahissant et là aussi d’une pertinence toute relative. Il n’est pas normal que je ne vois pas les posts de personnes qui écrivent sur mes sujets de prédilection alors que je suis envahi par des choses qui ne m’intéressent pas du tout. Et bien sûr Linkedin privilégie les contenus natifs et les mets plus en en valeur que ce qui pointe sur une source extérieure (et cela se voit à la taille de la vignette).
J’aimerais comme sur BlueSky pouvoir ne voir que les posts des gens que je suis uniquement eux !
Les offres d’emplois qui soit disant me conviendraient ? Une blague.
Le back office des outils pour recruteurs ou marketeurs ? J’espère que ses concepteurs moisissent en prison.
Le réquisitoire est long et je suis sur d’en oublier mais la bonne nouvelle c’est qu’il n’y a rien de rédhibitoire : un coup de peinture bien pensé, des parcours mieux réfléchis et des algorithmes plus pertinents, en 2025 ça ne relève pas de l’impossible.
Préserver l’essence du réseau
Je vais aller plus rapidement sur ce point que j’ai déjà abordé il y a peu (Ma nouvelle hygiène sur Linkedin).
En plus et parfois même avant même l’expérience utilisateur les reproches que j’entends le plus à propos de Linkedin, et qui sont d’ailleurs mon principal sujet d’énervement, c’est la baisse de qualité du réseau.
Baisse de qualité des contenus mais aussi des interactions. Cela va de la forme (la manière dont on fait et dit les choses) au fond avec des sujets qui a mon avis n’ont rien à faire sur une plateforme professionnelle.
Certains vous diront que Linkedin se Facebookise, d’autre que la plateforme est en voie de merdification comme X/Twitter avant elle (La merdification de Twitter et des plateformes en général) et je pense que cela tient des deux.
Ici on est dans ce que j’appelle le comportemental mais ça se règle également. Comme Facebook a ses « standards de communauté » (je vous laisse juges de savoir si Facebook est une communauté ou non) Linkedin devrait définir ce qu’est un contenu de nature professionnelle, ce qui ne ne devrait pas être trop compliqué et s’ils veulent je peux même les aider.
Aujourd’hui il n’y a aucune possibilité de signaler, masquer, bloquer ce type de contenu autrement que pour des motifs détournés.
On devrait pouvoir signaler en un clic qu’un contenu n’est pas de nature professionnelle, ce qui pourrait entrainer un bannissement temporaire de l’utilisateur. Cela amènerait beaucoup de monde à revenir dans les clous et referait de Linkedin ce que c’était avant, un espace professionnel de qualité.
Allez, je propose plusieurs boutons :
- Sujet non professionnel
- Attitude non professionnelle
- Autopromotion lourde et autres type de bullshit
En fonction du nombre de signalements l’auteur perd du reach, quand il n’a plus de signalements il en regagne. Un peu comme un score de crédit professionnel.
Autrement plus pertinent que d’y ajouter des jeux non ? Oui, parce que si cela vous a échappé il y a désormais des jeux sur Linkedin…
Je vois déjà les objections arriver mais en fait nous n’avons qu’une question à nous poser. Linkedin est il et doit il être un réseau social professionnel avec les codes qui en découlent ou un réseau généraliste ? Si on adhère à la première option nous avons la réponse, si on pense que le changement de nature de Linkedin est une bonne chose il est alors temps d’espérer qu’un concurrent crédible voit le jour.
Il y a peu j’ai eu une prise de bec avec un ami qui désormais passe son temps à déverser son fiel sur des sujets politiques et sur un ton péremptoire sur Linkedin. Ce à quoi il m’a répond « Linkedin n’est plus un réseau professionnel mais un média d’opinion« . Et bien je ne suis pas d’accord à moins qu’il s’agisse d’opinions professionnelles et je ne résous pas à voir mon feed ressembler à une poubelle où des gens comme lui déversent leurs détritus. Tant pis : « unfollow » en attendant des solutions plus radicales.
Conclusion
Linkedin est aujourd’hui indispensable à nombre de professionnels que ça soit dans le cadre de leur fonction ou à titre individuel. Mais dire qu’un outil est indispensable ne veut pas dire que l’outil est bon.
J’utilise Linkedin depuis plus de 20 ans mais aujourd’hui j’ajoute que je le fais faute de mieux.
C’est comme si je devais pour mon travail devoir faire 100km en voiture tous les jours mais avec une voiture dont le moteur est bruyant et mal réglé, le tableau de bord incompréhensible et qu’il règne dans l’habitacle une odeur d’excréments. Mais c’est la seule voiture à ma disposition…
Pourtant améliorer les choses n’est pas si compliqué : un peu de travail sur l’interface et l’expérience et une gouvernance des contenus plus appropriée à l’essence de la plateforme seraient un grand pas en avant.
On peut toujours rêver…
Image : Linkedin de Natee Meepian via Shutterstock